Les propositions avancées, mercredi, par Youssef Chahed indiquent que le gouvernement d'union nationale entend faire des paris audacieux et qu'il cherche à impliquer concrètement et équitablement les partenaires sociaux dans la relance, en un pacte social de développement avant l'heure. Devant l'impasse financière et le cercle vicieux qui s'y rapporte, ce choix de l'innovation est effectivement de nature à débloquer provisoirement la situation, en accordant au gouvernement une enveloppe substantielle lui octroyant un fonds de roulement pouvant enclencher la dynamique économique et la reprise de l'investissement, tout en redonnant vie à l'intervention sociale de l'Etat, plus spécialement dans le logement, l'emploi et l'appui à l'initiative individuelle. La participation des chefs d'entreprise à hauteur de 7,5% en taxe exceptionnelle sur les bénéfices des sociétés bénéficiaires, et celle des salariés par le report des augmentations salariales à l'année 2019, que propose Youssef Chahed, représenteraient un crédit bien concret que les salariés, d'une part, et les patrons, de l'autre, accorderaient solidairement au budget de l'Etat, avec pour seule et simple garantie la promesse de crédibilité et de dynamisme volontaire que dégage l'équipe gouvernementale. De par le contenu de ses propositions et des quelques programmes annoncés, le chef du gouvernement vient d'imaginer et de dévoiler un scénario de déblocage possible de la crise qui frappe le pays. Il ne s'agit plus seulement de recourir à des crédits extérieurs mais surtout d'impliquer les forces productives nationales en un contrat social pour le développement qui servira d'assise au «modèle de développement» évolué que nombre de Tunisiens réclament.