Soirée d'ouverture de la 11e édition du Festival Mûsîqât avec le spectacle «Mosaïque arabo-andalouse» qui a regroupé des musiciens et des chanteurs de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et de France et qui a eu lieu vendredi dernier au Palais d'Ennejma Ezzahra : les styles et les parfums enchanteurs et exaltants de Méditerranée se sont mélangés dans une parfaite et somptueuse harmonie faisant prévaloir une atmosphère apaisante et souveraine. Le rendez-vous annuel avec les musiques traditionnelles et néo- traditionnelles «Mûsîqât» se renouvelle pour la onzième année et propose une programmation toujours aussi riche et diversifiée prenant en considération les goûts les plus aiguisés des connaisseurs et des passionnés des musiques traditionnelles du monde, les langages et les diverses cultures musicales. Vendredi dernier, le spectacle « Mosaïque arabo-andalouse » a ouvert le bal mettant en œuvre un programme fort alléchant de musique et de chansons. Au début du concert, Seif Ben Abderrazzek, le directeur artistique a présenté le projet qui a réuni des artistes confirmés de tous horizons. Intitulé «Mosaïque arabo-andalouse», ce projet est une coproduction du Centre des musiques arabes et méditerranéennes (Tunisie), Festival Villes des Musiques du Monde (Paris), Festival Arabesque (Montpellier), Casa Arabe (Madrid) et de l'Institut Français de Tunisie. Ce concert d'ouverture est une restitution de la résidence artistique au Palais du Baron d'Erlanger et qui a duré quatre jours. C'est le fruit d'un travail intensif qui a réuni des musiciens de France, d'Espagne, du Maroc, d'Algérie et de Tunisie, pour la plupart de jeunes artistes, d'excellents musiciens qui ont travaillé sur des suites instrumentales et vocales du répertoire de musique arabo-andalouse, du flamenco, du malouf du Maroc, du maouel constantinois et de la nouba du répertoire tunisien. Devant une salle archicomble, la soirée débutait par une magnifique ballade musicale et un parfait échange instrumental entre la guitare du talentueux espagnol Alfonso De Linares, qui, après avoir donné une brillante interprétation en solo, insufflait la rythmique à l'ensemble d'une manière sensible et délicate, donnant le ton au chant, laissant surgir ainsi les forces vives de chaque membre du groupe. Les sons de sa guitare se succédaient, parfois languissants et sensuels, parfois enflammés et forts, mais toujours séduisants et réfléchis. La troupe composée de musiciens, de chanteurs et de chanteuses a mis sa passion, son savoir-faire et son énergie vibrante au service d'une création riche et lumineuse. On a pu admirer le son des instruments arabes le oud, le nay, et les autres instruments à cordes tout à fait étonnants par l'exubérance des sons. Les voix fortes et chaudes se marient aux envolées vertigineuses d'une musique fougueuse, communicative qui dévoile l'expressionnisme musical de la mosaïque arabe, maghrébine et andalouse. Puis, par le biais de voix belles et passionnées, tantôt gaies tantôt mélancoliques, on a pu plonger dans divers univers sonores et culturels impressionnants. Les voix de Abir El Abed du Maroc, une voix forte et saisissante, qui nous a interprété des chansons du Maroc-andalou, suivie de Lamia Ayet Amara d'Algérie, une voix sensuelle et douce, qui nous a offert des suites du répertoire maouel de Canstantine, ensuite, Amine Khattat de France qui nous a fait apprécier des chansons du malouf constantinois et enfin le Tunisien Sofiène Zeidi qui nous a régalé avec des extraits de la nouba. Une abondance incroyable de morceaux musicaux et de chants qui puisent leur richesse dans de profondes racines et à travers lesquels on a pu plonger dans divers univers sonores et culturels impressionnants. Des ambiances musicales différentes parfois contrastées, des mélanges subtils et harmonieux de rythmes qui dialoguaient entre eux livrant une fresque impressionnante qui en dit long sur l'histoire, la culture et les civilisations de ces pays. C'est cette diversité-là, aux parfums et aux sons pluriels d'une culture plurielle savamment agencés, mitigés puis révélés, que nous avons pu apprécier lors du spectacle «Mosaïque arabo-andalouse» qui donne à voir, à entendre et à ressentir, au plus profond de soi, l'âme des musiques arabo-andalouses et la lueur qui irradie nos sentiments, nos douleurs, nos joies et nos rêves. Rappelons qu'une tournée sera programmée prochainement en Tunisie et en Europe afin d'inscrire le projet dans la durée.