Par Abdelbasset Chebbi* Belle entame de parcours de l'équipe nationale tunisienne dans sa quête de qualification à la phase finale de la Coupe du monde de la Fifa, Russie 2018. En effet, la sélection nationale a livré un match de haute facture contre la Guinée au stade Mustapha-Ben Jannet à Monastir lors de cette première journée des éliminatoires du Groupe A, zone Afrique (Tunisie, Libye, RDCongo et Guinée), belle prestation récompensée par une victoire convaincante de deux buts à zéro. Après de brefs moments d'euphorie et de félicitations méritées, place, maintenant, au maximum de concentration et de préparation au deuxième match de notre sélection contre celle de la Libye, désigné finalement par la Fifa sur son site web pour le 11 novembre 2016 au stade Ahmed Zabana d'Oran en Algérie, et ce, après moult spéculations et rebondissements quant au choix du lieu et pays de cette rencontre internationale par la Fédération libyenne de football en tant que hôte de cet événement et vu la dérogation spéciale accordée par la Fifa à ce pays frère en raison de sa situation sécuritaire précaire. Le hic dans cette affaire, cependant, est l'état douteux d'impraticabilité de la pelouse de cette ancienne enceinte sportive de la ville d'Oran et son inaptitude presque certaine d'abriter un match international de cette envergure et de surcroît, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde de la Fifa. D'ailleurs, la Fédération tunisienne de football n'y est pas passée outre et, consciente de son rôle protecteur des intérêts de notre football national, a illico presto réagi en faisant parvenir au service compétent de la Fifa en la matière, à savoir la Commission d'organisation de la Fifa, Russie 2018, une missive dans laquelle elle demande à cette dernière de faire procéder à un contrôle et une inspection rigoureux du site suspect en question. Depuis, une délégation composée du staff technique de l'équipe nationale, du directeur administratif des sélections nationales, du nutritionniste, d'un spécialiste du gazonnement des stades de la cité sportive et du chef de service de la division de l'équipement et des infrastructures au sein du ministère des Sports, après s'être rendue sur place en mission d'inspection, a notamment valorisé les conditions satisfaisantes au niveau de la logistique et des conditions de séjour, hôtel, transport. Par contre, il y avait unanimité autour de l'état de dégradation avancé que présentait le gazon synthétique de première génération du stade, essentiellement au niveau de l'aspect général de la pelouse, tapis abîmé au niveau de certains points, mauvais collage des lés de gazon et des lignes de marquage, affaissement, granulat SBR amorti et très dur, présence de mauvaises herbes et, enfin, absence d'un système d'arrosage intégré. En d'autres termes, ce terrain, non certifié, par ailleurs, Fifa quality ni Fifa quality Pro a fortiori, exposerait, d'une manière certaine, les joueurs, qui risqueraient à s'y exhiber, à un réel danger pour leur intégrité physique. Ce fait, d'ailleurs, n'est pas passé sans vite être relevé par certains clubs européens dans lesquels évoluent certains de nos internationaux et les bruits de coulisses courent, depuis qu'ils ont déjà émis des réserves, du moins officieuses pour le moment, quant à la participation de ces joueurs à cette rencontre internationale dans telle enceinte de la ville d'Oran. Et c'est autour de la Fifa aussi de réagir vu la délicatesse de l'affaire et le besoin urgent de la résoudre dans les plus brefs délais avant la date butoir du match, en répondant, en date du vendredi 14 octobre 2016, positivement à la requête de la Fédération tunisienne de football, déjà évoquée dans cet article, et en affirmant qu'elle allait enquêter sur l'état de la pelouse du stade Zabina d'Oran, et que, par conséquent, elle allait prendre toutes les mesures et décisions nécessaires en coordination avec la Confédération africaine de football (CAF). La morale de l'histoire est qu'au-delà de l'omniprésente théorie de complot contre la sélection tunisienne, relatée basivement parfois pour ne pas dire tout le temps, par nos médias et certains de nos analystes plateaux, il n'y a que par la voie du Droit qu'on peut avoir ce qui nous revient de droit. Pour le large public sportif, non nécessairement initié au droit du sport, signalons que c'est l'article 22 du règlement de la Coupe du monde de la Fifa, Russie 2018, qui régit toutes les dispositions relatives aux infrastructures et équipements de stade durant la phase des éliminatoires qualificatives à l'événement final de la Coupe du monde. En effet, chaque association organisant des matches de la compétition préliminaire doit s'assurer que les stades et leurs infrastructures satisfont aux exigences figurant dans la publication «Stades de football - Recommandations et exigences techniques» et à tout autre règlement, directive et instruction de la Fifa pour les matches internationaux. Les terrains, l'équipement annexe et les installations devront être en excellent état et conformes aux lois du jeu et à tout autre règlement y afférent. De plus, seuls les stades inspectés et approuvés par la confédération concernée peuvent être retenus pour la compétition préliminaire de la Coupe du monde de la Fifa, Russie 2018. Si un stade venait à ne plus remplir les exigences de la Fifa, la commission d'organisation de la Fifa peut, en consultation avec la commission sécurité et intégrité de la Fifa et la confédération concernée, rejeter la sélection du stade concerné. Le même article 22 dispose également du fait que les matches pourront être disputés sur surface naturelle ou artificielle. En cas d'utilisation de surfaces artificielles (en l'occurrence le cas du Stade Zabina d'Oran), celles-ci devront correspondre aux exigences du Programme qualité de la Fifa pour le gazon artificiel où à l'International artificiel Turf standard sauf en cas de dérogation spéciale accordée par la Fifa. Donc seuls les terrains artificiels qui répondent aux exigences du programme qualité de la Fifa peuvent obtenir le label Fifa Quality ou Fifa Quality Pro. Le premier label est une certification pour les terrains artificiels adaptés à une utilisation récréative, communautaire et locale après combinaison des stricts critères de durabilité, résistance, sécurité et performance, tandis que la certification Fifa Quality Pro est spécifiquement accordée pour un niveau élevé de performance et de sécurité du football professionnel et pour les matches internationaux. En attendant un dénouement heureux à ce litige de terrains, faisons en sorte que nous puissions épargner à nos joueurs internationaux de penser à de telles tracasseries administratives et espérons que notre récente victoire contre la Guinée les boostera vers un nouvel exploit contre la Libye quel que soit le lieu de cette rencontre.