Il y a deux vérités que se partagent l'EST et l'ESS : l'une issue des exigences du terrain, l'autre de cette incapacité à concilier l'essentiel et l'accessoire... L'Espérance comme l'Etoile éprouvent aujourd'hui bien des difficultés à disposer de la capacité nécessaire à gérer une série de matches avec aisance et supériorité. Par où commencer pour évoquer le malaise et les tourments des équipes qui ne galopent plus comme l'exige leur statut? Peut-on dire que tout ce qu'elles ne cessent de laisser entrevoir ne répond point aux besoins et aux exigences de l'étape? On a beaucoup parlé des renforts et des changements opérés par l'EST et l'ESS, mais quelque part on a oublié de remarquer que les plaies du passé restent toujours ouvertes. L'on n'hésite pas aussi à penser que l'urgence pour ces deux équipes réside dans la nécessité de miser sur les joueurs capables de trouver la bonne alchimie face aux exigences du moment. L'on peut dès lors imaginer le gâchis causé par un tel manquement. La maîtrise collective, la solidité, la cohérence, l'efficacité dans les surfaces, l'engagement physique et le mental ne s'affichent pas en tant que tels. Ou encore, ils n'ont plus de logique. Ce qui impose d'un côté comme de l'autre, c'est un jeu en manque d'inspiration. La maîtrise et la possession de la balle ne semblent plus être la priorité des deux équipes, pourtant habituées, pour ne pas dire condamnées, à faire et à imposer leur jeu. Aujourd'hui, nous avons l'impression que certains joueurs ne se sentent pas à l'aise avec le ballon et en position offensive. Ou encore pour bien faire repartir le jeu de derrière, là où tout commence. Cela est devenu énorme pour deux équipes visiblement incapables à se fondre dans le cadre défini et exigé par l'impératif de vaincre et de convaincre. Indiscutablement en voie de mutation, elles ont encore davantage de chemin à accomplir et donnent ainsi l'impression de ne pas avoir acquis la fermeté du système, les articulations et la science du rythme. Aujourd'hui, plus les matches passent plus on devient convaincu que les joueurs espérantistes et étoilés tardent à parler le langage du football qu'il faut sur le terrain. Il y a au fait deux vérités que se partagent ces deux équipes: l'une issue des exigences du terrain, l'autre de cette incapacité à concilier l'essentiel et l'accessoire. Le sens et l'esprit d'un match ne dépendent pas visiblement de la méthode de lecture qui lui est appliquée. Elles se contentent de jouer sur leurs moyens sans prendre en considération la nécessité de s'adopter aux exigences y récurrentes, et encore moins les dispositions adverses. Les difficultés qu'éprouvent les joueurs pour accéder à un palier supérieur prouvent que la qualité du travail accompli, la valeur du spectacle exprimé ne font pas l'unanimité. Loin du compte Il arrive des fois à l'EST et à l'ESS de ressembler aux équipes souhaitées. Mais il leur arrive aussi d'être loin du compte. Evoquer les problèmes des prétendants aux titres, c'est provoquer les fantômes des équipes ignorant les exigences et le chemin qui mènent aux consécrations. C'est aussi le devoir de pointer ce que nous considérons comme des manquements ou des dérives. Les travers en sont nombreux et de plus en plus diversifiés. L'Etoile souffre de la lourde suspension de Faouzi Benzarti, alors que du côté de l'Espérance, Ammar Souayah est confronté au problème de l'embarras du choix. Jusqu'à présent, ce dernier hésite à prendre les décisions qui s'imposent d'un match à l'autre. Certains joueurs ont justement besoin d'être remplacés, ou plutôt recadrés à la place qui leur convient. Plus qu'une histoire de résultat, l'EST se heurte aujourd'hui à un problème de gestion d'effectif. L'absence d'inspiration dans le jeu fait-elle écho à une crise de gouvernance? Instruits d'une fonction privilégiant l'immédiat au long terme, les entraîneurs qui se succèdent à la tête de l'Espérance et de l'Etoile n'ont pas généralement une marge de liberté suffisante pour se projeter dans l'avenir. L'impératif de la construction est souvent relégué au second plan. Ils sont souvent dans l'obligation de miser sur une conjonction immédiate de facteurs peu favorables pour obtenir des résultats et espérer durer un peu. Loin d'eux l'idée de repartir sur un nouveau cycle, on n'a pas encore vu un entraîneur présenter un projet et une stratégie de travail à long terme. On a rarement vu aussi un technicien faire tourner l'effectif avec la gestion particulière que cela impose. Et pourtant, l'on n'hésite pas à prétendre qu'ils ne sont pas de bons utilisateurs de joueurs confirmés, sans que cela soit d'ailleurs péjoratif. C'est ce qu'on reproche actuellement, à tort ou à raison, à Souayah. On ne peut être bon et performant que dans ce qu'on sait faire. Autrement dit, les entraîneurs qui nourrissent l'ambition de diriger des équipes de la trempe de l'ESS et de l'EST doivent savoir que les joueurs choisis et retenus ne sont pas là pour remplacer ou effacer. Ils sont censés faire ce qu'ils savent faire et apporter leur pierre à l'édifice. La patience peut devenir insoutenable aussi bien à l'Espérance qu'à l'Etoile. Mais une chose est sûre : les deux équipes ne vont certainement pas évoluer dans la facilité et la félicité. Dans des clubs qui sont plus que des clubs, il faut être plus qu'un entraîneur, plus qu'un joueur pour pouvoir s'y imposer.