Le CA laisse son public sur sa faim. Il apprivoise insuffisamment ses adversaires et ne rend pas toujours gai Encore une fois, le CA se trouve dans l'incapacité de gagner le match qu'il faut et de s'imposer face à l'adversaire qu'il faut repousser. Au lendemain de la 20e journée, il n'est pas encore parvenu à remporter un match choc, c'est-à-dire celui qui lui permet d'atteindre deux objectifs d'un seul coup: gagner, tout en écartant de sa route un adversaire impliqué lui aussi dans la course au titre. Plus encore: lors des deux derniers matches au sommet, l'équipe a dû batailler fort pour revenir au score et éviter la défaite. Le constat n'est plus difficile à deviner: le leader ne galope pas, comme son statut l'exige, à pas de géant et l'on peut dès lors imaginer le gâchis causé par un tel manquement. L'on sait que, depuis quelque temps, le CA a entrepris sa reconstruction par l'intermédiaire de recrutements qui n'étaient pas tous ciblés. La plupart des joueurs engagés à un prix fort ne répondaient pas, en effet, aux besoins de l'équipe, et encore moins aux exigences de l'étape. Le changement commençait à prendre forme, mais les plaies du passé restent toujours ouvertes. A l'origine, une politique, un modèle, une stratégie peu innovants et largement en déphasage avec l'évolution du football. A la tête du classement, il se trouve dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet de jeu valable. Pour ses supporters, l'équipe est à la fois leur bonheur intense et leur crainte avérée, selon l'angle de vue à géométrie variable. Mais elle est loin d'inviter à rêver. Elle n'est pas non plus un modèle, ou même une référence. Regrets éternels La qualité du travail accompli, la valeur du spectacle exprimé ne font pas l'unanimité. On s'indigne d'un jeu en manque d'inspiration. Les spécialistes et les observateurs avertis parlent aussi de l'absence d'une ligne de conduite et d'une compétence certaine. On peut toujours dire, et on le dit donc, que l'équipe laisse son public sur sa faim, qu'elle apprivoise insuffisamment ses adversaires et qu'elle ne rend pas toujours gai. Jusqu'à présent, elle n'a pas acquis une vraie philosophie de jeu et une structure stable, avec un système clairement défini et un style qui lui soit propre et assumé par tous. Sanchez, le premier responsable technique, ne fait pas tourner le groupe avec la gestion particulière que cela impose. On se rend de plus en plus compte qu'il n'est pas un bon utilisateur de joueurs confirmés, sans que cela soit d'ailleurs péjoratif. A aucun moment, en tout cas, l'équipe ne donne l'impression de pouvoir progresser, même si elle continue d'occuper la tête du classement. A chaque fois où le décollage était annoncé, elle subit un coup d'arrêt inattendu. On réalise ainsi qu'il lui manque du fond, du style et une capacité générale à gérer une série de matches avec aisance et supériorité. C'est beaucoup? C'est énorme effectivement. D'autant que nous n'évoquons pas l'inaptitude de certains joueurs à se fondre dans le cadre défini et à en accepter les règles. On ne peut être bon et performant que dans ce qu'on sait faire. Autrement dit, l'équipe dirigeante et le staff technique doivent savoir que les joueurs choisis et retenus ne sont pas là pour remplacer ou effacer. Ils sont censés faire ce qu'ils savent faire et apporter leur pierre à l'édifice. La patience devient insoutenable. Mais une chose est sûre: l'équipe ne va certainement pas grandir dans la facilité et la félicité. Dans un club qui est plus qu'un club, il faut être plus qu'un président, plus qu'un entraîneur, plus qu'un joueur pour pouvoir s'y imposer. Et ne pas se croire plus fort que les autres pour durer...