Son nom est inscrit à jamais au panthéon des pères fondateurs du Stade Tunisien Feu Slaheddine Damergi était plus qu'un responsable sportif. Proche du «peuple» bardolais, il se démarquait par sa proximité, sa chaleur et ses qualités de communicateur hors pair. Cet humaniste, qui nous a quittés il y a exactement 20 ans, disposait d'une aura et d'un respect tel qu'il lui suffisait de s'exprimer pour rassembler et unir toutes les composantes, forces vives du ST et bien au-delà. L'histoire retiendra qu'en 1948, il fut l'un des précurseurs stadistes aux côtés du Dr Mohamed Ben Salem, futur président du Stade Tunisien. En avance sur son temps, nationaliste à souhait et inconditionnel épris de liberté et de souveraineté, il s'attelle à fonder le Stade, alors qu'il était encore joueur au Bardo Sport, club dirigé par le colonisateur français en ces temps-là. Avec le Dr Ben Salem et Habib Ben Mokhtar, sa volonté est inébranlable et son action est payante pour créer à terme le Stade Tunisien. Le trident précité fait d'ailleurs preuve de méthodologie pour rédiger les statuts et d'insistance auprès des autorités pour décrocher l'agrément, mais sous l'appellation Stade Tunisois. Sur fond de divergences de point de vue, volet connotation de ce club embryonnaire, il persévère dans la voie qu'il s'est tracé, revient à la charge, et, après moult démarches, finit par imposer l'appellation «Stade Tunisien». La couleur de l'espoir Le Stade est né, cette «appellation d'origine contrôlée» qui brasse large et qui renvoie à la nationalité tunisienne. Dans la foulée, il tombe d'accord avec ses deux compères sur le maillot et les couleurs qu'arboreront les sportifs stadistes. Ils enfileront des tuniques flanquées du rouge et du vert. Le rouge, couleur du sang, du feu et symbole de l'énergie. Et le vert, couleur de l'espoir. Personnage hyperactif et atypique, dirigeant consciencieux, loyal et méticuleux, Slahedinne Damergi était le prototype du brillant responsable. Trente ans durant, il excelle dans la parfaite connaissance et maîtrise des règlements sportifs. Insatiable, il cumule et enchaîne les postes de responsabilité. Au passage, l'homme des situations difficiles n'a pas manqué de se tailler une réputation de conciliateur et de rassembleur. Haranguer une assistance, s'exprimer via un discours solennel, il disposait de cette formidable capacité et aptitude à envoûter ses vis-à-vis par une communication franche et limpide. Le témoignage du Dr Ben Salem est sans équivoque, clair et sans ambiguïté : «Slaheddinne Damergi était l'homme des situations et missions difficiles. Quand le Stade était voué à une certaine prise d'otage», il prenait le contre-pied des détracteurs du club bardolais en leur coupant l'herbe sous les pieds. Durant plus de trente ans, il s'est totalement dévoué à son club de cœur. Ceux qui l'ont côtoyé parlent d'un homme affable, aimable, courtois, doté d'une vive intelligence et pétri de valeurs morales. Une vive pensée pour sa femme, Fatma, et pour ses enfants Mohamed et Lassaâd...