Par Jalel Mestiri Les grandes douleurs amènent les grands changements et si on n'est pas aujourd'hui prêt à changer, c'est qu'on n'a rien appris, et encore moins retenu les leçons du passé A quoi servent des élections au moment où les valeurs sportives se perdent et quand les dérives ne semblent pas finir en prenant le dessus sur tout, ou presque, qui a rapport avec le sport? Les élections, le suffrage et le scrutin aboutissent-ils aujourd'hui sur le responsable qu'il faut à la place qu'il faut? Scrutin de liste, ou scrutin individuel, nos fédérations vivent aujourd'hui à l'heure des arrangements et des conflits de tout genre. Il y en a de toutes les couleurs. Mais ici et là, on a rarement vu un bureau fédéral uni, homogène et partageant les mêmes idéaux et les mêmes convictions. L'expérience a montré qu'à quelques exceptions près, l'on s'unit pour mieux se diviser! Les désaccords, les démissions, le gel des activités et des responsabilités conditionnent aujourd'hui le quotidien de nos fédérations. Pourtant, le sport est l'une des rares activités qui a le plus de chances et d'opportunité pour consacrer les valeurs de la démocratie et de la citoyenneté. Que ce soit sur les terrains ou ailleurs. Les attitudes et le comportement de la plupart des responsables font état d'un mode complétement différent de ce qui est souhaité, voire sacré. Les valeurs sportives ont plus que jamais perdu de leur sens et de leur vocation. Elles font appel aujourd'hui à des considérations qui n'avaient nullement leur place dans un temps plus que jamais révolu. A la place des programmes et des projets, l'on a désormais droit à des coalitions qui divisent plus qu'elles ne rassemblent. Après avoir succédé aux nominations et aux élections partielles, la nouvelle expérience de scrutin direct a besoin d'être révisée pour mieux répondre aux aspirations. Les objectifs tracés depuis quelques années n'ont pas été atteints et l'on assiste avec beaucoup de déception et de frustration à un dérapage incontrôlé, notamment dans la manière avec laquelle le sport est actuellement géré. Les grandes douleurs amènent les grands changements et si on n'est pas aujourd'hui prêt à changer, c'est qu'on n'a rien appris, et encore moins retenu les leçons du passé. Toute porte de sortie est en effet une porte d'entrée sur autre chose. Ne dit-on pas justement que la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier. Notre sport a besoin de changer de trajectoire, de trouver sa voie. Ceux qui défendent une approche centrée sur l'intérêt commun plutôt que l'intérêt individuel savent parfaitement qu'il est temps de saisir le sens de la rupture comme un processus inévitable dont il est urgent d'en retracer les différentes étapes et d'en favoriser les conditions émergentes. Cette approche suppose aussi de ne pas en rester à la seule sphère des propositions, mais de comprendre le sens du changement au regard des nouvelles contraintes et obligations sportives. Notre époque baigne, transpire, dégage et produit la médiocrité. Elle inspire les responsables les plus invertébrés, sans idées ni valeurs, et dont la seule ligne de conduite est le populisme. Ces gens-là, on ne les voit pas seulement comme défaillants, mais surtout comme une déviance constituée et entretenue. Faire régner l'ordre ne suffit pas à construire un climat positif au sein des fédérations et des instances fédérales. La confiance et le sentiment d'appartenance nécessitent un travail qui cultive le respect des valeurs et les obligations mutuelles. Un autre monde devrait naître.