Les prix MED 21 rayonnent aujourd'hui à travers dix villes de la Méditerranée, d'Istanbul à Tolède, de Casablanca à Palerme, en passant par Tunis, Marseille, Belgrade, Vérone, Gênes... Lancé à Rome en 2010, le programme MED 21 est un réseau regroupant à l'heure actuelle 12 prix consacrant l'excellence et la coopération en Méditerranée. Ces prix, on s'en souvient, permettent de distinguer des personnes physiques ou morales ayant contribué, de manière significative, au renforcement de la coopération méditerranéenne dans des domaines aussi divers que la philosophie, les sciences humaines, l'économie, l'architecture, la traduction, la musique, le journalisme ou la littérature. Tous ces prix portent le nom de personnalités ayant marqué l'Histoire de la Méditerranée, reliant ainsi les préoccupations du présent et les aspirations de l'avenir aux racines du passé, traçant de la sorte des voies pour de nouvelles navigations à la recherche de confluences nouvelles, essentielles en ces temps d'intolérances et d'inégalités. Les prix MED 21 rayonnent aujourd'hui à travers dix villes de la méditerranée, d'Istanbul à Tolède, de Casablanca à Palerme, en passant par Tunis, Marseille, Belgrade, Vérone, Gênes... Le programme MED 21, fondé et présidé par le Pr Mohamed Aziza faisait montre, ces temps-ci, d'une intense activité. On décernait, récemment, le prix Emir Abdelkader en Algérie, le prix Ziryab en Tunisie, le prix Gerardo di Cremona à Malte, le prix Gaïa en France, le prix Ibn-Chabbat à Tozeur... Rendre à César ce qui revient à César Aujourd'hui, un nouveau prix est en voie de création : le prix Fatima-Fehrya, prix consacré aux femmes pour «la formation et l'accès à l'égalité». Le Pr Mohamed Aziza nous présente ce nouveau prix dont la pertinence n'est pas à démontrer : «Fatima Fehrya est à la fois un trésor et un scandale en Tunisie. Un trésor parce que la Kairouanaise Fatima Fehrya est la seule femme dans le monde arabe et musulman à avoir fondé une université. Cette université, Al Karawine, se trouve à Fès où Fatima Fehrya accompagnait son père, riche marchand voyageur, université qu'elle avait d'ailleurs dotée d'un «habous» pour son entretien. Un scandale parce que cette femme qui est vénérée comme une sainte au Maroc, au point qu'on lui chante des cantiques, et qu'on sollicite sa clémence pour la guérison d'enfants malades, est totalement oubliée à Kairouan et en Tunisie». On entreprit donc de rendre à César ce qui revient à César, et de rendre Fatima Fehrya aux Kairouanais. Un comité fondateur fut élaboré autour de MED 21, réunissant les présidents des universités de Kairouan et de Karawine, le maire de Kairouan, une association féminine de la même ville, et, pour créer une collaboration tripartite, l'Institut des cultures de l'islam à Paris. «Nous allons organiser la réunion constitutive du comité le 10 décembre prochain à Kairouan, et la première cérémonie de remise du prix aura lieu le 8 mars prochain, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. L'année suivante, le prix sera remis à Fès, et celle d'après à Paris». Douze prix, dix villes «Nous avons décidé de limiter le nombre de prix à douze, ce qui est la limite humaine de la coordination. Ces douze prix sont implantés dans dix pays méditerranéens, la Tunisie se taillant la part du lion, puisqu'elle en compte sept. Ces prix ne sont pas des choses éparpillées, ils constituent un ensemble. Cet ensemble forme une des expériences des plus notables pour affermir la coopération entre les deux rives. Là est le but de ce réseau dont les unités sont indépendantes, mais interconnectées. Là doit être faite la perception de cette entreprise dans sa globalité : un ensemble de choses qui se complètent les unes les autres». En fait, il s'agit d'un ensemble de prix interdisciplinaires, politiques, sociaux et culturels, touchant tous les domaines de coopération en Méditerranée. Ces prix reposent sur une philosophie de liaison entre le passé et le futur. Tous ces prix portent des noms patrimoniaux à haute référence historique, mais s'attachent à la promotion de la discipline pour le présent et le futur. Car il s'agit de faire du patrimoine non pas un musée, mais un objet vivant. «Tous ces prix sont la production d'un groupe partenarial de pays de la rive nord et de la rive sud. Les membres fondateurs sont toujours mixtes. Le prix est donné en même temps à un lauréat du Nord et à un lauréat du sud. Je crois qu'en Tunisie, les gens n'ont pas la perception exacte de cette entreprise qui n'est pas un collier futile de prix, mais un atout indispensable de la coopération en Méditerranée, un instrument de rayonnement culturel incomparable».