Après le «Challat de Tunis», la réalisatrice tunisienne revient avec un film, touchant, sur la réalité des familles recomposées. En lice dans la compétition officielle des longs métrages de la 27e édition des Journées cinématographiques de Carthage, le film vient d'obtenir le 29 octobre le prix du meilleur film documentaire à la 38e édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier (Cinemed), organisé du 21 au 29 octobre. En voici le synopsis. «2009. Zeïneb a neuf ans et vit avec sa mère et son petit frère à Tunis. Son père est décédé dans un accident de voiture. Sa mère s'apprête à refaire sa vie avec un homme qui vit au Canada. On a dit à Zeïneb que là-bas elle pourra enfin voir la neige ! Mais elle ne veut rien savoir, le Canada ne lui inspire pas confiance et puis Zeïneb n'aime pas la neige». Après son premier long métrage documentaire le «Challat de Tunis», distribué dans plus de 15 pays, et qui a fait connaître la réalisatrice Kaouther Ben Hania auprès du public tunisien, voici «Zeïneb n'aime pas la neige», produit par Habib Attia. Ce nouveau long métrage documentaire nous touche par sa manière de raconter l'histoire de cette petite tunisienne qui part vivre au Canada avec sa mère et se retrouve avec une demi-sœur qui n'est pas toujours tendre à son égard. Une narration bien rythmée et bien maîtrisée parce que à aucun moment le film ne tombe dans la répétition ou la monotonie. Il est important de le noter car dans ce genre de film consacré aux familles, les réalisateurs ont tendance à tomber dans la facilité. Mais les 94 minutes du film sont également riches de cette métamorphose que le temps opère sur les gens. La réalisatrice a filmé cette histoire de famille pendant six années ce qui a donné au spectateur le loisir d'assister à cette métamorphose de Zeïneb, de la petite fille spontanée à l'adolescente qui semble avoir fait ses choix et qui sait choisir ses mots. Ce qui nous frappe également dans ce documentaire c'est également la capacité de la réalisatrice à capter la fiction dans le réel. Certains passages ressemblent à une fiction mais cela semble un choix de mise en scène qui a permis à la réalisatrice de sortir de la monotonie qu'un tel film aurait pu provoquer surtout lorsqu'on met des enfants devant une caméra. C'est aussi une manière pour les Tunisiens qui l'ignorent encore de découvrir ce qu'on appelle un documentaire de création, un documentaire qui ne copie pas forcément la réalité mais qui la reflète en lui donnant des touches personnalisées. Le fait que la famille filmée soit celle de la réalisatrice a donné au film une proximité originale au film et nous a permis de découvrir le personnage de la maman. Un personnage qui raconte sans bavardages la réalité souvent très dure des femmes tunisiennes lorsque leur vie se trouve brisée brusquement. Mais la petite Zeïneb qui grandit et mûrit dans le film semble annoncer une nouvelle génération de femmes. Un documentaire qui dit beaucoup de choses sur nous les Tunisiens.