Par M'hamed JAIBI Le conflit bloquant Nida Tounès pèse de plus en plus dans l'échiquier politique tunisien, privant le gouvernement d'union nationale de son soutien le plus naturel, non seulement à l'Assemblée mais également dans les régions et au sein de l'opinion publique. Mais la perspective des élections municipales, qui se précise malgré les multiples reports, commence à alimenter les ambitions et à susciter les initiatives. La désunion du comité issu de Sousse Officiellement, le parti présidentiel est toujours dirigé par le comité politique issu dudit Congrès de Sousse, chapeauté par Hafedh Caïd Essebsi en qualité de directeur exécutif, suite à la démission surprise de Ridha Belhaj de la présidence du comité. Mais ce dernier et sept autres membres de la direction issue de Sousse mènent depuis quelques semaines, avec d'autres figures nationales et régionales, une action de contestation mettant en cause le directeur exécutif, qui a pris la forme d'un «groupe de sauvetage» du parti d'une trentaine de personnes. Les huit membres du comité politique ont d'abord adressé, en guise de sommation, à HCE un procès-verbal exigeant la convocation d'une réunion du comité politique, dans un délai ne dépassant pas une semaine, réunion qui devra être présidée par «le secrétaire général le plus âgé». Vers un «congrès électif» Le délai s'étant écoulé, les huit signataires préparent désormais une «réunion des cadres», hors structures, convoquée par ledit «groupe de sauvetage», qui se tiendrait ainsi le 20 novembre dans un lieu public au Lac. Et cette réunion, pourtant informelle, pourrait décider de la date du «congrès électif» prévu à Sousse, et désigner le «comité indépendant» devant préparer et présider le congrès. En face, Hafedh Caïd Essebsi s'attache aux formes et clame sa légitimité en temps que directeur exécutif désigné par le comité politique. Même s'il n'a pas réuni officiellement ce dernier, il est le seul habilité par le règlement intérieur à le faire, ou alors les deux tiers des membres. Le «groupe des 57» se fissure Entre les deux, se tient le «groupe des 57» comprenant Saïd Aïdi, Mahmoud Ben Romdhane, Néji Jelloul, Faïza Kéfi, Afif Chelbi... qui appelle à une réconciliation de fond, «globale et réelle». Même s'il est vrai que ce groupe semble avoir perdu Moncef Sallemi et Mounir Ben Miled qui auraient rejoint le «groupe de sauvetage». Quant au groupe parlementaire, il est tiraillé entre ses «mentors» originels qui se trouvent ici et là, mais a su rester assez discipliné. Sauf lors du choix de son président actuel, qui a quitté le camp de HCE. La place de l'exécutif Enfin, la quatrième composante, celle de l'exécutif, comprend à la fois le président de la République et les nidaïstes du gouvernement, dont Youssef Chahed. Et l'on peut dire que si le conflit bloquant Nida Tounès concerne essentiellement les deux premières composantes et pollue le climat au sein du groupe parlementaire, les deux dernières composantes sont dans l'expectative, désireuses de sauver et la chèvre et le chou. Mais malgré son majestueux siège au Lac, sa direction officielle et ses structures régionales formelles, le parti qu'a fondé Béji Caïd Essebsi et qui a remporté les élections législatives puis présidentielle n'est plus. Ou, du moins, n'est plus que l'ombre de lui-même, attendant une authentique initiative unitaire. Là où l'exécutif a su donner l'exemple et élargir le consensus.