De notre envoyé spécial à Toulouse, Kamel Ferchichi « Nous avons des sentiments particuliers envers la Tunisie et un regard exigeant sur sa jeune expérience démocratique... », souligne François Bayrou, maire de Pau Les neuf étudiants de l'Ipsi, (huit filles et un garçon), en formation depuis deux semaines à Tunis, puis à Pau, sur « Médias et démocratie », ont fini par rendre compte. Leur expérience d'immersion au sein de la rédaction de « La République des Pyrénées » et de « L'Eclair », deux journaux locaux, vaut bien la messe. Cette belle aventure professionnelle à laquelle ils se sont, pleinement, adonnés leur a fait beaucoup de bien. Aux yeux de nos stagiaires, l'initiative est richement significative, l'ambiance de travail étant aussi de bon abord. Et la manière avec laquelle ils ont été hébergés est exceptionnelle, d'autant plus que l'accueil chaleureux, dont ils ont fait l'objet de la part des familles paloises (de Pau), et lescariennes (Lescar), dans la préfecture Pyrénées-Atlantiques, au sud-ouest de la France, les a agréablement surpris. Pau, Lescar et leurs environs forment, dans un ensemble cohérent, une ceinture de communes dont chacune agit en totale autonomie. La démocratie locale semble s'y exercer dans ses meilleures illustrations. Cela explique, bien évidemment, la conjugaison des efforts déployés par les uns et les autres, afin de réussir, autant que possible, l'initiative de l'Association franco-tunisienne des Pyrénées-Atlantiques (Afraht 64), celle d'aider la Tunisie post-révolution à mener à bien sa transition démocratique. La formation dispensée aux étudiants, en fin de cursus, de l'Ipsi s'inscrit dans cet élan de partage et de coopération. Maître du projet de partenariat, Mohamed Ferchichi, originaire de Testour, dans le nord-ouest tunisien, actuellement résident au sud-est de la France, n'a pas lésiné sur les moyens pour faire de son mieux en faveur de son pays natal. En témoignage de reconnaissance, il vient de lancer l'Afraht 64, il y a maintenant six ans, en guise de tremplin associatif pour une nouvelle Tunisie en marche. D'où l'idée de cette première édition intitulée « Médias et démocratie » en tant que tandem de la révolution. Grande satisfaction Samedi dernier, la remise d'attestations de formation a créé l'événement. Et la cérémonie de clôture, organisée à Pau en l'honneur de nos stagiaires, n'a pas manqué de faire valser un public hétérogène issu de tous les coins de la région des Pyrénées. Fournie, en modes théorique et pratique, la formation semble porter ses fruits, en termes d'acquis et de grande satisfaction dont témoignent les bénéficiaires. De même, cet écho positif qui nous a été livré, à visage découvert, était communément partagé. Et la preuve en a été aussi donnée par M. Jean Marziou, rédacteur en chef du journal local « La République des Pyrénées » et M. Olivier Piot, ancien journaliste au quotidien « Le Monde ». Tous deux ont manifesté une volonté d'acier pour qu'une telle formation soit un fer de lance d'un partenariat bilatéral gagnant-gagnant susceptible de s'ouvrir à d'autres horizons. « Une fois ce projet de formation réalisé, il faudrait penser à d'autres actions similaires avec la Tunisie », avait, autrefois lancé, en substance, Mme Christiane Mariette, membre active de l'Afraht 64. La réponse à ses aspirations n'a pas aussi tardé à venir. L'investissement d'abord En couronnement de deux semaines de formation, un colloque sur les grandes questions d'actualité liées à la thématique centrale « Médias et démocratie » s'est tenu, samedi matin, à l'Université de Pau, avec le concours de celle des pays de l'Adour à l'UFR de droit. En plénière d'ouverture, François Bayrou, maire de Pau, et Hichem Elloumi, vice-président de l'Utica, le patronat tunisien, ont, défriché le terrain pour de nouveaux champs d'action. Certes, l'investissement en Tunisie demeure prioritaire. Car, la Tunisie, le seul pays à avoir, jusqu'ici, réussi sa transition, mérite, plus que jamais, d'être largement soutenue, ainsi plaide, légitimement, M. Elloumi. Et de poursuivre, « l'enjeu et le défi se résument, aujourd'hui, dans la façon de remettre le pays dans la course et comment lui redonner les atouts de croissance.. ». S'adressant aux médias tunisiens, le numéro deux de l'Utica les a exhortés à cesser de diaboliser les hommes d'affaires, soulignant que l'emploi n'est plus uniquement l'apanage du secteur public. Les privés ont aussi à faire l'équilibre inclusif, sur la base du financement des projets et de la création de richesses. De son côté, M. Bayrou s'est, trop, focalisé sur la dialectique « médias et démocratie, comme moteur de croissance et de développement communautaire». L'exemple des journaux locaux est édifiant. Ce qui a donné plus de légitimité d'appui à la Tunisie « pour qui nous avons des sentiments particuliers et un regard exigeant sur sa jeune expérience démocratique », souligne-t-il. D'après lui, somme toute, réussir un modèle démocratique commande, avant tout, de mettre ses médias à l'abri de tous les cercles d'influence. On y reviendra.