Il y a eu certes des engagements pour construire, réparer et entretenir, mais le fait de tenir des promesses sans concevoir les solutions annexes équivaut à une perte de temps et d'argent Pour mieux introduire ce dossier et être juste envers ceux qui ont la responsabilité de concevoir et de mettre à la disposition des différentes disciplines sportives des aires de jeu appropriées, il nous semble qu'il faudrait se poser une première question : pourquoi veut-on croire que seules les autorités responsables des installations sportives sont tenues de préserver ces salles, piscines et terrains. Les utilisateurs ont aussi leur part de responsabilités et non des moindres. Nous avons vu des jeunes tordre un robinet ou une pomme de douche, défoncer du poing ou du pied une porte de vestiaire ou en casser par dépit les carreaux, sortir et laisser l'eau couler à flot, briser une vasque de lavabo, etc. Qui est responsable de ces agissements ? Il est, en effet, curieux de constater que lorsque certaines parties dirigeantes présentent un dossier pour le défendre, il y a toujours un aspect qu'ils escamotent ou qu'ils «oublient» de traiter pour que la décision à prendre soit à même de répondre aux aspirations de toutes les parties concernées. Dans celui des installations sportives et leur manque d'entretien, il a été question de l'état lamentable dans lequel elles se trouvent et les clubs, aussi bien les nantis que ceux qui ont des difficultés pour s'en tirer et garder un rythme normal de préparation, en sont responsables. Du moins en grande partie. Des arguments peu convaincants Le manque de moyens est l'argument le plus avancé et cela est vrai. Mais il n'y a pas que cela, parce que les moyens peuvent exister et ce qui manquera le plus est bien la volonté de préserver ces installations sportives. Cela commence par l'aspect pédagogique, en expliquant qu'une installation sportive est un bien commun. On passera ensuite à l'aspect pratique en mettant en place un calendrier d'utilisation adéquat. Et on finira par la rigueur qui s'impose, en veillant à ne jamais laisser les utilisateurs seuls et livrés à eux-mêmes. Expliquons-nous. Un terrain gazonné est une installation «vivante». Elle est faite d'une surface plantée de gazon et ce gazon est une plante qui vit et qui ne doit en aucun cas être agressée. Ceux qui ont connu des entraîneurs comme Kristic, Nagy, ou Exbrayat par exemple, les ont certainement vus appeler la personne qui s'occupe du terrain pour réparer immédiatement après la fin de l'entraînement le gazon. Ils accompagnent l'ouvrier qui remet les touffes en place, les ajuste et colmate les trous avec quelques poignées de sable mélangées d'engrais approprié. Combien d'entraîneurs sont-ils sensibilisés et adoptent-ils ce genre de comportement ? Ce cérémonial a lieu à la fin de chaque entraînement ou match et ces techniciens étaient à cheval sur un principe immuable : le terrain est sacré et il fallait le comprendre car la majorité des accidents musculaires et les lésions venaient du laisser-aller qui régnait ici ou là. Un calendrier d'utilisation Indépendamment de cet aspect, tout terrain gazonné doit disposer d'un calendrier d'utilisation stricte et incontournable. Il ne peut pas supporter des entraînements quotidiens et on doit absolument le reposer pour le «soigner», l'arroser et l'entretenir à des dates très précises, étant donné que les semis de regarnissage du gazon ont des saisons bien définies et des époques de l'année et où on ne peut les utiliser qu'à la condition que les variétés de gazon rendent possible cette utilisation, sous peine de perdre le terrain purement et simplement. Déroger à cette loi «naturelle» conduit irrémédiablement à la perte du terrain. Combien de personnes sont-elles convaincues de cette loi... naturelle ? Disposer d'un terrain annexe Pour éviter de détériorer et perdre un terrain, il faudrait que l'équipe dispose d'une aire de jeu annexe et d'une «gazonnière» pour laisser reposer le terrain principal et le garder en bon état. Que se passe-t-il actuellement ? On s'entraîne pratiquement tous les jours sur le même terrain et même par temps de pluie. Ces agissements font subir à la majorité des aires de jeu ne disposant pas de terrains annexes des dommages qui nous donnent en fin de compte des installations qui finissent par devenir impraticables sinon dangereuses. Si les installations du Stade olympique d'El Menzah, de Monastir, de Gabès sont en bon état, c'est que l'on prend la précaution de les entretenir et de leur donner le temps de «récupérer», car les entraînements tout aussi bien que les compétitions agressent le gazon alors il faudrait tout simplement lui permettre de récupérer pour le garder en bon état. S'adapter et prévoir Autre problème important et auquel on accorde peu d'intérêt : celui de l'implantation de terrains gazonnés (et de jardins publics), et de piscines à eau douce dans un pays où l'eau manque de plus en plus. Ces terrains et ces piscines coûtent horriblement cher étant donné que l'eau et les prix des produits d'entretien, dont on ne pourra jamais se passer, augmentent sans cesse. Considérant que ces deux éléments importants, l'eau et le climat, sont incontournables, des questions se posent : - Pourquoi ne pas adopter le gazon artificiel (reconnu par la Fifa) qui, une fois installé, supporte les rigueurs du climat et une fréquence d'utilisation plus importante et revient beaucoup moins cher ? - A-t-on procédé à une étude pour avoir une meilleure idée de ce qui pourrait mieux nous convenir ? - Pourquoi ne pas construire nos piscines à proximité de nos 1.300 km de cotes et à l'instar des Australiens ou Néo-Zélandais utiliser de l'eau de mer qui est gratuite et exige bien moins de produits pour l'entretien ? -Pourquoi ne pas prévoir dans chaque future installation de cette envergure, des plateaux pour les scolaires, afin de faire profiter cette catégorie d'utilisateurs des avantages qu'elle offre et d'en accroître le taux de fréquentation ? Cela revient à dire qu'il faudrait, au niveau de la politique sportive et des installations destinées au sport et à la jeunesse, s'évertuer à revoir la stratégie en vigueur et opter pour une infrastructure plus légère, plus économique et plus rapide à la mise en place. C'est ainsi que l'on délaisse de par le monde (surtout dans les pays secs) le gazon naturel pour ses coûts et conçu du gazon artificiel (homologué par les instances internationales) très praticable, et dont la durée de vie est plus longue. On délaisse de plus en plus le béton pour opter pour le préfabriqué au niveau des salles de sport et des piscines (amovibles et en inox). Cela coûte moins cher et avec la même enveloppe, on peut se permettre de satisfaire deux fois plus de pratiquants. Tout mettre sur le dos des autorités en place (mises sérieusement à mal ces cinq dernières années et qui ont visiblement d'autres priorités) est injuste, car les équipes sont le plus souvent dépassées par les exigences de leurs techniciens qui n'acceptent d'aucune manière de concevoir des séances ailleurs que sur le terrain principal ou sur un terrain de location. Pour conclure, il y a eu certes des engagements pour construire, réparer et entretenir, mais le fait de tenir ces promesses sans concevoir les solutions annexes équivaut à une perte de temps et d'argent. Dans toute cette «affaire», il y a certes une question de moyens à régler, mais il ne faudrait en aucun cas négliger l'aspect stratégie qui semble complètement oublié ou escamoté...