DAMAS (Reuters) — Les Présidents syrien Bachar Al Assad et iranien Mahmoud Ahmadinejad se sont entretenus hier à Damas, deux jours après la visite de l'émissaire américain George Mitchell dans la capitale syrienne pour faire le point sur le processus de paix dans la région. Cette rencontre semble suggérer que l'Iran entend surveiller de près l'évolution des liens entre Damas et les Etats-Unis, qui ont entamé un rapprochement avec la Syrie peu après l'arrivée à la présidence de Barack Obama en janvier 2009. Lors de sa visite à Damas, George Mitchell a déclaré que les efforts de médiation américains dans le conflit palestino-israélien ne détourneraient pas les Etats-Unis de leur objectif d'une paix globale au Proche-Orient, notamment entre Israël et la Syrie. Un communiqué officiel syrien rapporte que la rencontre d'hier entre les deux chefs d'Etat a porté sur «un certain nombre de questions bilatérales et internationales» et sur le besoin de résoudre la crise politique qui prive toujours l'Irak d'un gouvernement six mois après les élections législatives. Al Assad a rencontré mercredi un émissaire du Premier ministre irakien par intérim, le chiite Nouri Al Maliki, ce qui pourrait signaler que le mécontentement affiché par les Syriens à l'encontre d'Al Maliki, qui a des liens avec l'Iran, s'est atténué. Le commentateur politique syrien Ayman Abdel Nour souligne pour sa part que Washington n'a pas réussi jusqu'à présent à enfoncer un coin dans les relations entre Damas et Téhéran. «Les Syriens ont assuré aux Iraniens que tout progrès dans les relations avec les Etats-Unis ou sur le dossier de la paix avec Israël ne se ferait pas au détriment de l'Iran», dit-il. L'alliance entre la Syrie et l'Iran s'est forgée peu après la Révolution iranienne de 1979, quand Damas a renforcé ses liens avec les religieux libanais soutenus par Téhéran, et pris le parti de l'Iran dans ses huit ans de guerre avec l'Irak à partir de 1980. Des pourparlers, parrainés par les Etats-Unis, entre Israël et la Syrie ont capoté en 2000. Quatre séances de discussions entre les deux pays, sous l'égide de la Turquie, n'ont donné aucun résultat. Abdel Nour note qu'Al Assad a publiquement déclaré, à plusieurs reprises, ne pas croire à la perspective d'un accord avec l'actuel gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu, mais il estime que le Président syrien souhaite «jouer le jeu des négociations». En dépit des efforts de rapprochement, les Etats-Unis maintiennent leurs sanctions imposées en 2004 à la Syrie pour son soutien présumé à des groupes armés et son approche «non constructive» envers l'Irak.