S'adressant brièvement au public, le Suédois enchaîne les titres aux textes mélancoliques mis en valeur par une voix caressante mais pas très en forme... La 5e soirée de Jazz a Carthage a vu défiler des artistes à l'approche tres particulière du jazz. En première partie, Mario Rom's Interzone, un ensemble de trois musiciens autrichiens qui, avec une signature qui leur est propre et leur motto « tout est permis », se jouent avec humour et espièglerie des rythmes jazz. La suite était assurée par le Suédois Jay Jay Johanson, attendu par ses fans tunisiens. Lukas Kranzelbinder à la contrebasse, Herbert Pirker à la batterie et le trompettiste Mario Rom du «Mario Roms Interzone» nous ont présenté un programme bref mais plutôt copieux. Du jazz certes, du vrai mais avec une approche très contemporaine. Beaucoup d'humour même dans la manière de dompter l'instrument... L'on retient les excellentes performances du trompettiste et du contrebassiste qui nous ont régalés, surtout vers la fin, avec un mode de jeu narguant le système tonal. Les Mario Roms Interzone, c'est aussi de la tchatche et un bon sens de l'humour. «Continuez à aimer le jazz et à soutenir les événements qui lui sont dédiés», lance Lukas Kranzelbinder vers la fin. Jay Jay Johanson, de son vrai nom Jäje Johanson, est un auteur-compositeur-interprète suédois né en 1969 à Trollätten. Il s'est mis très tôt à la musique en écoutant du hard rock et en fondant, à 10 ans, le groupe de punk May Tuck. À 15 ans, il découvre le jazz, influencé par la passion de son père. Cette découverte inspirera beaucoup ses compositions futures. Hésitant, pensant faire de la musique un loisir, s'essayant aux études d'architecture, il étudie l'art moderne à Stockholm pendant 4 ans, et développe sa créativité musicale. Il finit par quitter le quartet de jazz dont il faisait partie, et se met à composer avec une boîte à rythmes et un synthétiseur. En 1994, il découvre l'album Dummy de Portishead, et s'intéresse à leur trip-hop mêlant les harmonies du jazz aux rythmiques du hip-hop. En 1996, il est contacté par BMG pour enregistrer son premier album. Il ne cessera d'écrire dans son intimité et de produire plusieurs albums, dans un style mêlant jazz et électronique. Ses textes sont en anglais, mais il fait parfois appel à la langue française, notamment dans le titre «Quel Dommage». Jay Jay Johanson était attendu par ses fans tunisiens qui ont constitué la majorité des présents (on était loin du guichet fermé auquel on s'attendait). Après une entrée très discrète, accompagné du piano et de la batterie (l'apport de l'image avec une projection d'un montage vidéo, de quoi créer une ambiance particulière), le chanteur, à la voix androgyne, entre directement en jeu nous offrant 4 morceaux où se mêlent agréablement jazz et trip-hop. S'adressant brièvement au public, il enchaîne les titres aux textes mélancoliques mis en valeur par une voix caressante mais pas très en forme... Une voix effacée presque tout au long de la prestation par le son des instruments et cela n'a pas manqué de décevoir ses fans qu'on a abordés à la fin du concert. «J'espère que j'aurai l'occasion de retourner en Tunisie pour un autre concert et que ma voix sera de meilleure qualité», lança-t-il avant de quitter la scène. Une grande partie du public en a fait de même, ceux qui sont restés le rappellent avec insistance. De retour, l'artiste nous offre deux morceaux aux tonalites électro plus prononcées, il finit même par rejoindre les présents et pose pour une séance de «Selfie» inattendue (une manière de se rattraper probablement...). Jazz à Carthage se poursuit jusqu'a aujourd'hui 9 avril.