Les obstacles qui s'opposent à une participation massive des femmes dans la vie politique sont ceux à l'origine même de leur exclusion depuis toujours Dans une ambiance conviviale s'est tenu, hier après-midi au centre de Tunis, un séminaire organisé par La ligue des électrices tunisiennes, LET, sur les « Droits des femmes entre les lois et les pratiques sociopolitiques après l'adoption de la Constitution 2014 ». Inaugurée par la ministre de la Femme et de la Famille, Néziha Laâbidi, la rencontre est rehaussée par la présence de deux ambassadeurs, de Wallonie-Bruxelles et du Danemark, principal bailleur de fonds de l'association organisatrice. Quelques parlementaires étaient également de la partie, dont notamment Bochra Bel Haj Hmida. La société civile y était, elle, massivement représentée. Fidèle à notre démarche, fait valoir la présidente de la LET, Besma Soudani, tout comme nous avons suivi de près l'élaboration de la Constitution et émis des propositions défendant le principe de la parité dans la vie politique, à présent, alors que le rendez-vous des municipales approche, nous œuvrons à renforcer le rôle des femmes à tous les niveaux, qu'elles soient électrices ou candidates, a-t-elle fait valoir. La LET qui se veut une force de propositions, réalise, depuis sa création en 2011, un travail de fond qui ne se limite pas aux rendez-vous électoraux, mais cherche à évaluer la mise en œuvre de la parité dans tous les conseils élus, et par voie de fait, à étudier la portée et la mise en application des lois portant sur les droits des femmes, une fois promulguées. Les chiffres sont éloquents La ministre de la Femme a regretté que le concept genre demeure contesté, et prête à équivoque, suscitant des réactions qui vont de l'incompréhension au rejet. Or, l'approche genre permet d'élaborer un diagnostic, explique-t-elle, portant sur le fonctionnement des établissements, leurs orientations, globalement, sur les politiques entreprises pour le respect de la parité et l'égalité hommes-femmes. Précisant à cet effet que la femme reste toujours la plus mal lotie au niveau des échelons supérieurs de l'administration. En témoignent ces chiffes; sur les 1.200 PDG, il n'y a que 17 femmes, sur 68% de femmes qui poursuivent leurs études au niveau supérieur, 28 % seulement prennent part plus tard à la vie publique. Une note d'espoir Si l'article 46 de la Constitution dispose que « l'Etat s'engage à protéger les droits acquis de la femme et veille à les consolider et les promouvoir, que l'Etat garantit l'égalité des chances entre l'homme et la femme pour l'accès aux diverses responsabilités et dans tous les domaines», les mentalités continuent de résister, martèle Néziha Laâbidi « à chaque vacance de poste, on peut me présenter jusqu'à 4 candidats hommes qui postulent et jamais une seule femme». Au cours de la rencontre, deux rapports d'audit genre ont été présentés, s'articulant en deux parties : une approche juridique portant sur l'intégration de l'approche genre dans les lois tunisiennes, suite à l'adoption de la Constitution, présenté par Anwar Mnasri. Le deuxième volet porte sur une étude sociopolitique assurée par Soumaya Abdellatif. Deux expertes et membres fondatrices de la LET. Il en ressort du deuxième rapport que les obstacles qui s'opposent à une participation massive des femmes dans la vie politique sont ceux à l'origine même de leur exclusion depuis toujours. Autrement dit, les mentalités, les représentations sociales, la répartition sociale des rôles. Une note d'espoir tout de même, il serait en effet abusif de ne pas reconnaître que des brèches audacieuses ont été ouvertes, et que les Tunisiennes sont en train de creuser leurs sillons dans la sphère politique. Les municipales approchent, c'est une nouvelle échéance pour les femmes pour s'imposer.