Femme et sport font un si bon ménage, qu'il mérite un meilleur rayonnement La femme tunisienne a occupé de tout temps une place de choix dans les orientations politiques de la Tunisie indépendante. La donne n'a pas changé sous l'ère nouvelle et les acquis féministes se sont même vus renforcés. Et si la Tunisienne s'est forcée de briller partant du fait qu'elle est une partenaire stratégique de l'homme, elle s'est également frayé son bout de chemin dans le domaine sportif. Un secteur qui a bénéficié de la sollicitude du Président de la République qui a fait de l'éducation physique et de l'activité sportive l'un des fondamentaux de la politique du Changement. Naturellement, le sport féminin a hérité de toute la bienveillance qu'on accorde à la condition féminine en Tunisie. Le sport féminin a rendu l'ascenseur en ramenant au pays 45% des médailles. Et pour cause, des associations sportives féminines qui ont fleuri dans les quatre coins du pays, toutes disciplines confondues. Nos jeunes filles ont désormais leurs idoles en qui elles peuvent s'identifier. Faten Ghattas, l'ex-gloire de la natation tunisienne, la prodige actuelle du tennis tunisien, Ons Jabeur ou encore la judoka Houda Miled, pour ne citer qu'elles... Si la liste de nos championnes est longue, c'est que le sport féminin a su se frayer une petite place au soleil, malgré des conditions assez difficiles dont il souffre encore. En quête de séduction Si, habituellement, la femme est convoitée, paradoxalement, le sport féminin a du mal à séduire. "Femme et sport" a été le thème d'un colloque international organisé dernièrement par le Comité national olympique tunisien. Un colloque qui a été révélateur d'une situation, jugée alarmante, au point que les participants ont conclu de la nécessité de repenser le sport féminin. Un secteur en mal de séduction ! En effet, on constate de nos jours que la femme tunisienne s'adonne de moins en moins à la pratique sportive. Pis, elle est moins présente en matière d'encadrement de cette activité. Or, quand l'encadreur est une femme, ça donne un gage de confiance supplémentaire aux parents et ramène forcément la jeune fille, car la présence féminine dans l'encadrement, notamment dans les déplacements sportifs, remplace quelque part la présence maternelle, ce qui rassure et la jeune fille et les parents. Former des cadres femmes contribuera sans doute à faire progresser le sport féminin. Faut-il aussi aménager et sécuriser les chemins des stades et des lieux d'entraînement, en leur dotant d'éclairage public. C'est donc en formant des cadres femmes et en se dotant d'une infrastructure appropriée et sécurisée que le sport féminin parviendra à séduire les femmes elles-mêmes. Médias : un rôle capital Aucun sport ne peut se développer sans l'apport des médias. En ce sens, nos organes de presse ont un rôle crucial dans la promotion du sport féminin. Au-delà de la couverture des compétitions sportives féminines, jeter la lumière sur des sportives tunisiennes, anciennes ou actuelles, qui ont percé, est la meilleure des promotions. Aussi, faut-il également s'attarder sur les difficultés rencontrées par les associations sportives féminines afin d'y remédier. Bref, médiatiser le sport féminin dans sa réalité brute ne peut que l'aider à faire son saut de qualité. Quand on sait qu'avec des moyens modestes, la femme tunisienne est parvenue à remporter 45% de médailles, doter le sport féminin de l'encadrement, l'infrastructure et la médiatisation adéquates, le propulserait sans doute sur la voie de l'excellence. Une femme sportive, c'est également une mère sportive. Et quand on sait que la mère est le véritable moteur de la famille, c'est en éduquant des jeunes filles sportives qu'on résoudra dans l'avenir l'équation : sport pour tous. L'éducation physique ne devra pas se limiter aux deux heures hebdomadaires scolaires. La famille est censée prendre le relais. Et qui dit famille, dit maman. La boucle n'est-elle pas bouclée? Si on se donne le temps de réfléchir, on arrivera tous à la conclusion suivante : on a tout à gagner en promouvant le sport féminin.