Le gérant a appliqué les directives de la direction de l'hygiène, relevant de la commune Village atypique, jonché sur la colline de Sidi Dhrif, Sidi Bou Saïd surplombe la mer. Il réveille chez ses visiteurs une multitude d'émotions, de désirs et de rêves car il est impossible de ne pas céder à la magie de ce village qui nous plonge dans une atmosphère hors du temps. Il est agréable de flâner et de se perdre dans les dédales de ses ruelles étroites longées de part et d'autre par ses belles maisons aux volets bleus et à la blancheur éclatante. Une promenade pédestre permet aussi de découvrir ses monuments, son mausolée, ses lieux touristiques et surtout le fameux café Sidi Chabaâne qui porte le nom d'un musicien, poète et mystique qui a vécu dans le village non loin de l'endroit où a été édifié cet établissement. C'est en 1966, qu'il ouvre officiellement ses portes , servant son célèbre thé et café aux villageois et aux estivants qui l'affectionnent tout particulièrement pour sa large terrasse qui offre une splendide vue sur mer. Appartenant à la société El Béji qui relève des biens de la commune de Sidi Bou Saïd, le café a connu comme premier gérant le défunt Hamadi Ben Chabaâne puis son fils feu Ali ben Chabaâne qui avait continué sur la lancée de son père. Le café prospéra en introduisant notamment les soirées de malouf dont se souviennent si bien «les sexagénaires qui vivent dans le village». Il y a un mois, le café a fermé ses portes. Motif? Plusieurs dépassements relatifs à l'hygiène et aux prix... ont été relevés. En effet, les prix pas uniquement dans ce café mais également dans la plupart des cafés et salons de thé ont atteint une hausse alarmante. Les dépassements sont flagrants. Le gérant de l'un de ces espaces avait même rajouté à la carte de l'établissement des plats à l'instar du couscous ou des «briks» servis aux touristes et aux passagers à des prix exorbitants, selon les serveurs et les autochtones. «Alors que ces espaces n'ont pas le droit de commercialiser des plats , l'un d'eux vend aux touristes un plat de couscous à 40 dinars», raconte l'un des villageois outré par ce type de dépassement. Les plaintes des citoyens se sont multipliées ces derniers mois mais sans réponse. Sollicité par la commune, le service de l'hygiène qui relève de la direction régionale de Tunis,et dont la responsable est le Dr Nafissa Sghaïer, a relevé des aberrations importantes au café Sidi Chabaâne, ce qui a finalement conduit à sa fermeture. Appliquant à la lettre les directives de la direction de l'hygiène, l'établissement vient de rouvrir ses portes il y a quelques jours. Contactée à cet effet, le Dr Sghaïer a indiqué que l'équipe du service de l'hygiène inspecte périodiquement plusieurs cafés et restaurants de Sidi Bou Saïd. «Il s'agit d'un travail de routine. Nous effectuons une tournée dans le village une fois par semaine. Le café Sidi Chabaâne ne répondait pas au minimum requis en termes d'hygiène», a expliqué la responsable qui a préféré rester évasive, s'abstenant de nous donner plus d'informations. «Nous avons remarqué que les locaux du café sont insalubres et sales», abonde le maire sur un ton amer. «C'est pour cette raison que nous avons décidé, avec l'appui du gouvernorat et la direction régionale de Tunis, de fermer le café pendant un mois, et ce, jusqu'à ce que son gérant applique les normes d'hygiène». Appliquer la loi ! La phrase «appliquer la loi» revient comme un leitmotiv sur les lèvres du jeune maire . «Je suis apolitique, je n'appartiens à aucune tendance politique. Etant né à Sidi Bou Saïd, je voudrais que ce dernier retrouve son rayonnement d'antan». Un autre café de la place pratique des prix hors normes au vu et au su de tout le monde. «L'on se demande à juste titre où est passé le contrôle des prix», souligne Mohamed, quinquagénaire et habitué des lieux. Des efforts louables ! En faisant un tour pédestre au village, l'on s'aperçoit des entorses et des infractions à la loi. Ainsi, le fameux vendeur de bambalouni et qui a hérité le métier de père en fils se voit seconder par un autre «ftaïri» qui vend également des bambalouni, des fricassés et des sandwiches. Il les prépare en plein air, les exposant, ainsi, à la poussière. «Nous avons demandé au gérant d'entreprendre les travaux nécessaires afin qu'il prépare ses produits à l'intérieur et exposés à l'air ambiant», indique le maire. On ne peut pas évoquer Sidi Bou Saïd sans parler de l'encombrement des voitures et du nombre surélevé de visiteurs «la municipalité a toujours taxé l'entrée au parking situé au souk de l'artisanat. En outre, nous avons mis des barrières au niveau de la maison du baron d'Erlanger (palais El Nejma)», souligne M. Cherif sur un ton fier et de renchérir «par ailleurs nous avons interdit, avec l'appui de l'association des amis des oiseaux, l'utilisation du faucon, et ce, grâce à la vigilance de la police environnementale qui est sur le qui-vive». Après un mois, l'on apprend que le café Sidi Chabaâne a rouvert ses portes après une inspection du service de l'hygiène et de la commune du village.