Par Abdelhamid Gmati La canicule a toujours été accompagnée d'incendies de forêt Cette «règle» s'applique non seulement en Tunisie mais un peu partout dans le monde ; ces derniers jours, les pompiers s'activent aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Espagne... Chez nous, les spécialistes de la Protection civile ont su y faire face et limiter les dégâts. Mais cette année ces feux de forêts prennent une ampleur inhabituelle, détruisant même des habitations (28 dont 15 totalement incendiées et 13 partiellement endommagées). Et comme l'a souligné le directeur régional de la Protection civile, Mounir Riabi, «15 à 16 départs de feu (dans le seul gouvernorat de Jendouba) se sont déclarés simultanément dans la région, ce qui permet d'émettre des doutes sur l'origine naturelle de ces incendies». Le gouverneur de Béja trouve, lui aussi, suspect «3 à 4 départs de feu au même endroit». A rappeler que plusieurs incendies (plus de 80) se sont récemment déclarés dans plusieurs régions de divers gouvernorats dont Bizerte, Béja, Jendouba, détruisant des centaines d'hectares. A chaque fois que les pompiers réussissent à maîtriser un incendie, de nouvelles flammes apparaissent ailleurs. Vendredi dernier, un incendie était signalé dans la montagne, entre Soliman et Grombalia, et les trois montagnes de Kasserine, à savoir Châambi, Semmama et Salloum, sont également en proie au feu. «La ville de Kasserine est encerclée par un triangle de feu. Des habitants de la région se trouvent piégés par les fumées et la chaleur suffocante dégagées par ces incendies». Les autorités ont procédé à l'arrestation de plusieurs individus suspectés d'avoir déclenché ces incendies (16 affaires judiciaires jusqu'ici). Ces personnes et d'autres, originaires de ces régions, auraient donc agi pour «quelques dinars de plus». Comme ceux arrêtés, ces derniers temps, près de Sidi Bouzid et Kasserine, pour avoir approvisionné les terroristes. Les commanditaires pratiquent là «la politique de la terre brûlée». Faut-il souligner que, selon les spécialistes, « la forêt tunisienne a toujours joué un rôle important, aussi bien socioéconomique et culturel qu'identitaire. D'elle dépendent plusieurs secteurs d'activité (agropastoralisme et industrie) dont vivent près d'un million d'habitants. L'impact des incendies des forêts en Tunisie est immense, à commencer par l'atteinte à la diversité biologique (arbres et arbustes, avec toute la faune et la flore qui leur sont associées). La forêt constitue par ailleurs une source de revenus pour la population rurale riveraine qui travaille sous l'égide des services forestiers au reboisement, à l'entretien et à l'exploitation des surfaces de chêne-liège, chêne vert, chêne kermès. Les formations herbacées pérennes et semi-pérennes des marges de l'espace forestier forment, qui plus est, pour les éleveurs, d'excellentes pâtures de proximité». Mais il y a d'autres méfaits, aussi, sinon plus graves, qui mettent en péril la santé des Tunisiens. Le directeur de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement au ministère de la Santé, Mohamed Rabhi, a déclaré, en marge d'une campagne de contrôle sanitaire des commerces de vente de produits alimentaires dans le Grand Tunis, que 500 cas d'intoxication alimentaire collective ont été enregistrés au cours des quatre premiers mois de 2017. Un infirmier, travaillant à l'hôpital de Menzel Bourguiba, est décédé dans l'après-midi du vendredi 28 juillet à l'hôpital régional de Bizerte après avoir consommé un sandwich au salami qu'il avait acheté dans un restaurant. A Médenine, on a signalé 96 personnes victimes d'intoxication alimentaire. A Monastir, ce sont 23 enfants victimes d'intoxication alimentaire après avoir mangé dans un fast-food dans la ville. Plusieurs infractions ont été relevées dans des établissements de restauration rapide et de stockage de produits alimentaires. Ces infractions consistent, notamment, en le non-respect des règles d'hygiène alimentaire. Et on apprend que le ministère de la Santé a effectué au cours de la période écoulée quelque 62.985 visites d'inspection à des commerces de détail de denrées alimentaires, rédigé 5.540 infractions et 433 procès-verbaux, proposé la fermeture de 254 établissements, saisi 52 tonnes de produits alimentaires et effectué 6.889 analyses d'aliments pour s'assurer de leur conformité aux normes en vigueur. A l'origine de tous ces drames, on retrouve l'appât du gain facile. Il y a des individus qui, pour quelques dinars de plus, mettent en danger la vie de leurs concitoyens. Cela ne mérite aucun commentaire, aucun qualificatif. Rien qu'un lourd jugement, le «mercenariat» ne pouvant pas être impuni.