Difficile de savoir si les défaillances de l'équipe de Tunisie expriment de la peine ou du dépit. Mais elle devrait se rendre à l'évidence de pouvoir survivre à son destin, celui de parvenir à poser ses joueurs sur un socle de gloire, comme on accroche un drapeau au sommet d'une montagne enfin vaincue. On a toujours pensé que l'équipe de Tunisie dans sa version actuelle incite fortement à la réflexion. Mais ce que l'on souhaite le plus est qu'elle puisse accéder à un palier, autre que celui auquel elle nous habitués ces derniers temps. C'est pourquoi, l'on serait tenu à attendre dans chaque match qui reste des éliminatoires de la CAN 2012 de nouvelles conceptions, des prérogatives d'un autre genre, d'une autre dimension. Pour favoriser la notion de l'ouverture et de la créativité dont elle aurait tout particulièrement besoin de nos jours. Tout cela ne dépend pas seulement des résultats et des victoires, mais de la vocation de toute une équipe. Un impératif, une exigence à travers lesquels elle est tenue d'évoluer, ou encore de se remettre constamment en question. Il faut dire que dans l'état actuel des choses, rien n'est si simple pour l'équipe actuelle. Le jeu, la rigueur et l'application, quel intérêt ? Que peut-elle en faire et comment les penser ? Si la question paraît contraignante, la réponse ne demande pas du temps. Elle impose justement d'examiner les repères qu'elles remplissent dans l'urgence des faits. Il lui faudra jouer. Et tenter de bien jouer, en affichant la bonne formule d'équilibre, en s'approchant le plus près possible de l'expression collective majeure. Un sacré challenge pour une équipe qui a le devoir de se racheter et de se réconcilier avec son public. C'est au fait dans un climat de sérénité qu'elle peut vraiment retrouver les certitudes qu'elle avait perdues, pour une raison ou pour une autre, lors des derniers matchs, mais aussi à travers un attachement fort à tous les principes de jeu dans leurs différentes palettes, qui ont peu d'égal et qui font le confort des opinions publiques du foot. D'une certaine manière, la réhabilitation de la sélection dépend de la façon avec laquelle ses joueurs sauront réagir au Togo. Entre le discours et la méthode, le sens de la responsabilisation devrait refléter une plus grande signification. La nouvelle dimension qu'ils sont appelés à se donner est celle qui devrait comporter des exigences de jeu et de terrain. Ils devraient forcément être bien différents de ce qu'on a pu penser d'eux ces derniers temps, de ce qu'ils donnaient l'impression de subir. Alors, plus impliqués, beaucoup moins passifs et surtout fortement inspirés. Quelque part, cela devrait traduire une rupture dans la conception et la manière de voir les choses… L'affectif et la rigueur... Tout cela nous amène à dire que ça ne devrait plus durer pour un ensemble qui sait pertinemment qu'il avait perdu beaucoup de temps à se chercher et qu'il avait trop souffert des défaillances. Il y a forcément aujourd'hui des repères à prendre en considération, à valoriser davantage. Des considérations pas seulement de jeu, mais également de comportement et d'attitude. Redistribuer les cartes ne veut pas dire pour autant tout jeter. Mais les règles du jeu à ce stade des éliminatoires, et après tant de gâchis, restent complexes. L'on sait que la force d'une équipe de football, quelles que soient ses exigences, réside dans la sagesse et l'équilibre. Elle fonctionne effectivement à l'affectif, mais avec la rigueur du résultat. Pour bien réagir, la sélection et ses hommes devront tirer les enseignements d'un dérapage sportif souligné par des résultats modestes, obtenus, de surcroît, face à des adversaires encore plus modestes !... Qu'on le veuille ou non, on doit admettre que l'avenir de cette équipe à enjeux grandissimes ne peut plus être laissé au pouvoir de quelques-uns. Il faut trouver les solutions bien adaptées pour renforcer la crédibilité et l'honneur du football tunisien. Ces gens-là, joueurs, entraîneurs, responsables, avaient naturellement le droit de commettre des erreurs, mais ils devraient aussi avoir le devoir de se comporter dignement après avoir fauté. A peu près mot par mot, nous avons entendu le même discours, la même démagogie. Les irresponsables dans tout cela y sont certes minoritaires, mais les courageux aussi. Que cesse l'inertie d'un appareil fédéral absent, dépassé par les événements et qui, pour avoir fermé les yeux sur tant de dépassements, les a tacitement autorisés…Evacuons les problèmes de forme qui polluent comme d'habitude la communication extravagante au sein de la sélection. Difficile de savoir si ces défaillances expriment de la peine ou du dépit. L'équipe de Tunisie devrait se rendre à l'évidence de pouvoir survivre à son destin, celui de parvenir à poser ses joueurs sur un socle de gloire, comme on accroche un drapeau au sommet d'une montagne enfin vaincue.