On ne peut se retenir devant le gâchis dans lequel la sélection s'est précipitée. Mais en même temps, on ne peut s'interdire à entrevoir, encore et toujours, les signes d'une nouvelle renaissance et d'une véritable réconciliation. Les mauvais moments sont parfois des opportunités pour mieux rebondir ? Ne dit-on pas d'ailleurs que le talent, c'est aussi la faculté de rebond. En sélection, aujourd'hui plus qu'hier, l'on n'est plus censé ignorer qu'il manque chez l'équipe, et peut-être bien tout autour de son environnement, l'exigence que l'on devrait porter à juste titre pour compétition de haut niveau. Les joueurs donnent ainsi, comme le témoigne du reste leur position au classement dans le groupe K, l'impression d'avoir oublié qu'on n'y débarque pas pour le seul fait d'y marquer sa présence. Mais essentiellement à un certain niveau de surpassement dans l'effort. Vis-à-vis de ce qu'on entreprend, mais aussi et surtout de ce qu'on mérite. "Le pouvoir" de la compétition africaine a en définitive d'autres pouvoirs d'exigence, de séduction, aussi. Rarement dans les éliminatoires de la CAN 2012, les joueurs n'ont réussi à se doter des arguments susceptibles de leur procurer une plus grande dimension dans le jeu et dans le comportement. A chaque fois, ils avaient besoin de se renforcer, ou plutôt d'évoluer dans le bon sens comme si on n'était pas en droit de leur demander des choses dont ils étaient incapables. Individuellement, mais aussi collectivement, la réalité est que la sélection, dans ses différentes versions, se veut autre chose que ce qu'elle n'est vraiment. Plus que jamais, il lui manque une chose fondamentale, la base de tout comportement, de tout accomplissement: l'épanouissement dans le jeu. Il est vraiment regrettable que des joueurs, auxquels le talent ne semble jamais faire défaut, ne parviennent pas à se libérer sur le terrain. Au risque de nous répéter et au-delà de sa dimension sportive, le football est aussi une affaire de culture. Souvent, très souvent, il faut «savoir» jouer pour pouvoir gagner…Car il est des comportements et des réactions qui deviennent nécessaires, voire déterminants, notamment par rapport à ce qu'ils sont censés dévoiler, ou encore provoquer. Il est aussi des équipes qui, d'une façon ou d'une autre, ont besoin d'être secouées, de se remettre en cause. Elles se doivent d'évoluer, de s'ouvrir à des choses nouvelles. Sinon elles finissent par régresser, par sombrer… La confusion qui a régné ces derniers temps au sein de la sélection lors de ses sorties contre le Botswana et le Malawi est la conséquence d'un manque évident de stratégie, mais tout particulièrement d'application et de discipline dans le jeu. Le rendement de certains joueurs, leur comportement sur le terrain sont là pour le prouver. Plus qu'un constat, c'est une évidence qui ne trompe guère. Mais de manière encore plus précise, c'est à se demander si l'équipe ne savait plus vraiment gérer ses matches, ou encore se dépenser outre mesure sur le terrain ? Si ce n'était pas aussi et davantage une question de choix et d'appréciation qui arrivent à manquer à un ensemble perdant de plus en plus ses repères, là où il lui fallait pourtant avancer, confirmer une réelle marge de progression ? Si c'est finalement aussi une confusion dans la définition des priorités. La conclusion à laquelle nous sommes arrivés après ces deux matches est que l'équipe ne savait plus faire la différence entre ce qui lui était demandé et ce qu'elle était en mesure d'accomplir, là où elle était pourtant capable de faire la différence. Combattre le doute Chaque match aurait dû pourtant être le commencement d'une nouvelle étape, parfois même d'une nouvelle ère… Cependant, il n'est jamais trop tard, surtout quand il s'agit de bien faire. L'équipe de Tunisie se doit aujourd'hui de changer et pourquoi pas d'apprendre de nouveau. Tel est le destin des équipes et c'est ainsi qu'elles sont censées avancer non pas droit et sans perturbations, mais tel un arbre qui pousse par les effets contraires de la pluie et du vent, de la chaleur et du froid, de la lumière et des ténèbres. Le plus important est qu'elles restent bien debout pour guetter l'avenir qui pointe à l'horizon et le passé qui s'en va… On dit souvent que le match le plus douloureux, c'est toujours la dernière défaite. Les restrictions qu'on a pu constater, les nouvelles tendances inexplicables et sans raison ont d'une façon ou d'une autre bouleversé la manière d'évoluer de la sélection. On ne peut se retenir certes devant le gâchis dans lequel elle s'est précipitée. Mais en même temps, on ne peut s'interdire à entrevoir, encore et toujours, les signes d'une nouvelle renaissance et d'une véritable réconciliation. Les mauvais moments sont parfois des opportunités pour mieux rebondir ? Le talent, c'est aussi la faculté de rebond.