Une rentrée parlementaire pas comme les autres : les désaccords ne sont plus politiques ou idéologiques. Maintenant, on exige que «les incompétents et les malpropres» dégagent le palais du Bardo Les députés ne finiront jamais de nous surprendre et ce qui se passe au sein du Palais du Bardo est à inscrire dans les documents-références de base dans lesquels devraient puiser, à l'avenir, les étudiants de la section sciences en Tunisie et à l'étranger et aussi les doctorants en la matière. Il y existe une mine d'informations et de données exclusives et les locataires du Bardo se chargent de renouveler le patrimoine quotidiennement et de le renforcer aux plans quantitatif et qualitatif. Les déclarations «pertinentes», les petites phrases assassines et les accusation de corruption toujours sans preuve auxquelles les députés nous ont habitués font désormais partie du passé. Maintenant, c'est l'écrit qui domine et c'est à Abdelaziz Kotti, député et porte-parole du parti «la Tunisie d'abord», que revient le mérite d'ouvrir le bal en attendant que les autres le suivent et rédigent aussi leurs rapports à l'encontre de leurs collègues et les portent à la connaissance de l'opinion publique pour qu'elle «sache ce qui se passe réellement au sein de leur Parlement et soit édifiée sur la valeur des députés qui légifèrent pour la deuxième République». Dans une correspondance envoyée au président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, Abdelaziz Kotti s'indigne, noir sur blanc», «de l'élection de Hassen Laâmari à la présidence de la commission de la réforme administrative et de la bonne gouvernance et de Taïeb Madani à la tête de la commission de la législation générale pour incompétence qualifiée et accointances avec un baron de la contrebande actuellement en résidence surveillée dans le cadre de la guerre menée par Youssef Chahed contre la corruption». Et le député du parti «La Tunisie d'abord» d'ajouter : «Il est scandaleux qu'un député qui n'est même pas détenteur du baccalauréat (il est titulaire d'un diplôme en informatique) dirige une commission qui aura la responsabilité de mettre en œuvre les lois qui vont instaurer les principes de la bonne gouvernance, ce qui veut dire l'éradication de la corruption, et qu'un député ami d'un grand mafioso ait la haute main sur l'une des plus importantes commissions parlementaires, à savoir la commission de la législation générale. Il est aussi inadmissible que Nida Tounès, auquel appartiennent Laâmari et Madani, n'ait pas réussi à dénicher d'autres députés compétents et propres. Nous avons déjà dénoncé ces pratiques et conseillé à nos amis nidaistes de réparer leurs erreurs. Maintenant, nous considérons qu'il est de notre devoir d'alerter l'opinion publique et de redorer l'image dégradée du Parlement auprès des Tunisiens qui ont le droit de savoir qui bafoue l'institution parlementaire et fait tout pour pérenniser la rupture entre le peuple et son élite post-révolution». Des rapports nouveaux en attendant la suite Les révélations de Abdelaziz Kotti sur l'incompétence ou les relations douteuses de certains députés avec le monde de la corruption et de la contrebande ne sont pas les premières à être dévoilées au public. Déjà, Khaled Chaouket, ancien ministre chargé des Relations avec l'ARP et porte-parole du gouvernement Habib Essid, nous a gratifiés d'une déclaration qui fait froid dans le dos : «90% des députés élus le 26 octobre 2014 ne sont pas détenteurs du baccalauréat». Malheureusement, la petite phrase du Docteur est passée inaperçue, comme s'il s'agissait d'une plaisanterie de salon. Idem pour la révélation faite par l'ex-ministre des Affaires religieuses, Abdelmajid Ben Salem, indiquant que «93% des imams chargés du prêche du vendredi ne sont pas bacheliers». Et nos mosquées continuent à fonctionner avec des imams prêchant le vendredi sans avoir jamais lu Ibn Taimia, Al Mawdoudi, Tabari ou Al Messaoudi, se contentant de les connaître par ouï-dire. Que doit-on attendre de la nouvelle affaire provoquée par Abdelaziz Kotti, comment Mohamed Ennaceur va-t-il répondre à la missive du député jaloux de l'image de marque souillée que le président de l'ARP considère comme «le centre du pouvoir» (voir le discours prononcé par le président de l'ARP à l'ouverture de la 4e session parlementaire) et quels rapports «de voisinage» auront les députés «incompétents et malpropres» avec Al Kotti autoproclamé «Monsieur mains propres et compétence exigée» ? Les observateurs approchés par La Presse répondent : «On aura tout vu à l'ARP : un assesseur de Mohamed Ennaceur, Ghazi Chaouachi, juriste, qui exhorte les membres de l'Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois à démissionner parce qu'ils n'ont pas donné raison au recours de l'opposition contre la loi sur la réconciliation administrative, une députée nidaiste qui menace le ministre de l'Enseignement supérieur qu'elle accuse d'avoir insulté les doctorants pour la simple raison, qu'il a déclaré que le ministère n'a pas les moyens de les recruter, un député qui veut que les harragas soient déclarés martyrs et on attend ce que Samia Abbou va nous produire».