Le même intérêt pour les murs est présent chez la photographe et réalisatrice tunisienne Amel Guellaty qui nous présente ses trois déclinaisons de «dictature colorée», des fragments de murs capturés à Cuba. La galerie Ghaya a réuni 15 artistes autour de l'exposition «Détail». Il s'agit de sa première exposition collective de l'année, avec la participation de Zied Ben Romdhane, Hichem Driss, Amel Guellaty, Khalil Nemmaoui, Mohamed Ben Soltane, Aymen Berhouma, Nadia Jelassi, Imed Jemaiel, Mouna Jemal Siala, Feryel Lakhdar, Noutayel, Inkman, Fares Thabet, Ekram Tira et Hamza Bounoua, qui explorent et traduisent picturalement le «détail». «Une exposition sur le détail prend donc naturellement racine dans l'infiniment petit. Elle propose de survoler l'espace de création et de réception du détail, son traitement et son statut, aiguisant par la même occasion notre regard. Elle part d'un éclat pour tendre vers l'infiniment grand, révélant ainsi des singularités, des surprises, des clins d'œil, des désirs ou des problématiques enfouies. Le détail peut être la clef pour comprendre les étapes de réalisation de l'œuvre, et, de manière plus intime, pourrait permettre de créer une esthétique plus large dans une société faite de grossières évidences», écrit l'artiste algérien Hamza Bounoua en explicitant le thème, il ajoute : «L'exposition sur le détail pourrait être composée de morceaux disposés en vrac, de tableaux aux allures contrastées, pensés pour attirer le regard du spectateur. De loin pour juger, de près pour goûter. Quand l'inutile devient surprise, quand le zoom révèle la virtuosité de l'artiste et quand, finalement, le détail constitue le point d'appui d'une certaine émotion dans l'image». Chez le photographe Zied Ben Romdhane, le détail se fait visage doublement anonyme et éloigné par le filtre d'un grillage qui se confond avec les traits d'un travailleur dans les chemins de fer (Railway Worker). Il se fait fragment d'un mur avec ses textures, fissures et les traces engendrées par l'explosion des mines sur les maisons à Métlaoui. Le même intérêt pour les murs est présent chez la photographe et réalisatrice tunisienne Amel Guellaty qui nous présente ses trois déclinaisons de «dictature colorée», des fragments de murs capturés à Cuba. Lors d'un voyage à Cuba, l'artiste a été frappée par les couleurs des villes. Abordant les façades des maisons comme des tableaux, elle les photographie. «Je voyais, à travers ces murs, une main invisible qui crée d'une manière involontaire un certain art de rue, qui ressemble bien plus à des peintures d'art abstrait qu'à de l'art urbain... Je photographiais les détails, créant une photographie colorée sans que l'on sache réellement ce qu'elle représente», note-t-elle. Elle apprend que ces couleurs ne sont pas choisies par les habitants de ces villes mais par l'Etat cubain qui impose la palette. Ce qui était pour elle perçu comme l'expression d'un peuple libre devient le réceptacle d'un autoritarisme, une «dictature colorée», nous dit-elle. Mouna Jemal Siala nous présente ses extraits de la cité, des clichés de détails rencontrés dans son paysage quotidien. «Mes clichés sont tels des punctums, comme dirait Roland Barthes, extraits de la réalité qui me meurtrissent et me poignent. Ils me viennent à la figure comme des claques, ils me dérangent, je n'aime pas les voir...malheureusement, ils sont là. Je les capte et saisis par l'appareil photo du smartphone», explique-t-elle. Ces clichés en noir et blanc sont ponctués de ces détails qu'elle choisit de colorer pour les rehausser et les sortir du champ de son quotidien. D'autres mises en «détails» sont à découvrir jusqu'au 5 décembre.