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Abderrahmen FENDRI (Initiateur et ancien président de SOCIOS-CSS) : «Moins d'arbitraire et moins d'émotion» Dossier : L'arbitrage vidéo (VAR) est-il adapté au football ?
«La question de l'arbitrage assisté par la vidéo étant une mesure initiée par les instances internationales en charge du football (l'International Football Association Board : Ifab), il serait prétentieux de notre part, dans l'absolu, de nous prononcer sur son caractère approprié ou pas. Il ne nous est pas, cependant, proscrit de porter un jugement, très personnel, sur l'idée. Alors que dans un monde parfait, les décisions de l'arbitre sur des faits, en relation avec le jeu, devraient être sans appel, et c'est ce qui fait le charme du football, il est tout à fait normal qu'à l'ère de la technologie, il serait absurde de ne pas mettre à profit les possibilités offertes par la vidéo pour se faire une opinion, sûre, sur une situation particulière. De manière très subjective, constatant les bévues de certains de nos arbitres, intentionnelles ou pas, mais souvent profitant aux mêmes, je ne peux qu'applaudir un tel projet, supposé permettre la réduction du nombre d'erreurs d'appréciation commises par les arbitres officiant dans notre championnat de football. Or, et fort heureusement, la médiocrité de l'arbitrage et l'attitude partisane de l'homme en noir ne sont pas aussi répandues dans le monde, elle le sont encore moins dans les championnats qui nous gratifient d'un beau jeu et d'un arbitrage humain, mais sans parti pris. Apports possibles de l'arbitrage assisté par la technologie L'objectif des initiateurs du projet est de faire qu'aucune décision, clairement incorrecte, ne soit prise dans la phase de jeu ; ce qui devra permettre plus d'équité entre les protagonistes dans un domaine relevant de la justice humaine, donc faillible. Le recours par le corps arbitral à la vidéo, avant la validation de sa décision, lui permettra d'élucider les situations discutables les plus courantes (vérifier si le ballon a franchi ou pas la ligne des buts, trancher entre un contact interdit, dans la surface des buts, et une simulation, confirmation des cas d'agression sanctionnés par l'expulsion, identification du joueur auteur d'un geste nécessitant une sanction administrative). Contraintes et limites de l'arbitrage assisté par la vidéo La principale contrainte est d'ordre financier. En effet, il serait trop coûteux, voire hors de portée, de doter toutes les rencontres de football dans le monde des équipements et moyens humains suffisants pour la mise en œuvre de cette «technique». Pour ce qui est des limites, il faudrait préciser que cette technique n'est pas de nature à éradiquer des stades de football les injustices et ce particulièrement lorsque l'arbitre est animé d'une volonté manifeste de favoriser une équipe par rapport à une autre. Les arbitres malintentionnés disposent d'un arsenal de procédés «intelligents» pour faire basculer l'avantage à l'une aux dépens de l'autre (arrêter une action prometteuse sans donner l'avantage, casser le rythme de jeu d'une équipe en sifflant systématiquement toutes les fautes, graves et moins graves, tolérer un jeu dur ou un acte antisportif, etc.). L'autre inconvénient de cette technique réside dans le fait que jusqu'ici le football est une expression humaine qui comporte dans ses caractéristiques l'erreur venant d'abord des joueurs, mais aussi de leurs entraîneurs et des arbitres ; c'est cela ce qui fait le charme du sport collectif en général et du football en particulier. En outre, le recours à la vidéo en cours de match altère la continuité du jeu et réduira considérablement le côté émotif du football. Enfin, l'expérience des moviolas dans le monde montre que certaines situations litigeuses sont difficiles à trancher même dans les cas où la séquence est vue et revue, à tête reposée et plusieurs fois ; les polémiques diminueront, donc, en nombre mais risquent de gagner en intensité. Pour conclure, la proposition «techniciste» et coûteuse pour les pays pauvres ne met pas fin, de manière radicale, aux erreurs d'arbitrage, intentionnelles ou non intentionnelles. Par contre, ne risque-t-elle pas d'altérer le charme du football, un jeu humain, chargé d'émotions, et donc sujet à des erreurs d'appréciation. Ne faudrait-il pas, alors, travailler davantage sur la formation des arbitres et instituer des sanctions dissuasives à l'encontre des fautifs sans chercher à prouver si la décision litigieuse est motivée, ou pas, par une volonté intérieure de favoriser une équipe ou de léser une autre. Ne dit-on pas : «tant pis pour l'incompétent, il est présumé coupable».