Prolongement discographique du projet "Rasinaz" menée par la chanteuse réunionnaise Christine Salem sur ses origines, Lanbousir projette la fondatrice de Salem Tradition dans un maloya teinté de couleurs malgaches et comoriennes. Christine Salem avait "besoin de comprendre". Pourquoi s'est-elle soudain mise à écrire en arabe sans l'avoir appris, il y a dix-huit ans ? Pourquoi, depuis ce jour de 1997 où elle est entrée en transe au festival de jazz de Château-Morange en entendant des musiciens venus d'Afrique, lui arrive-t-il de chanter des chansons qu'elle ne connaît pas lorsqu'elle se retrouve dans cet état ? Les réponses qu'elle a trouvées sur son chemin au cours des deux dernières années lui ont apporté une confiance dont elle dit avoir manqué et qui l'amènent à poursuivre l'aventure discographique de Salem Tradition désormais sous son propre nom avec Lanbousir. Elle, qui a grandi dans une famille très catholique, loin des cérémonies traditionnelles que sont les servis kabaré, a cédé à l'appel des ancêtres. Sa quête l'a conduite dans le sud de Madagascar et aux Comores – son patronyme permet de penser qu'elle y a sûrement quelques origines. Sur place, elle a noué des liens avec des musiciens locaux comme Soubira Attoumane et Mmadi Djiabata. Le courant est si bien passé qu'elle les a invités sur son nouvel album après quelques concerts ensemble. En studio, la chanteuse dionysienne s'est appliquée à structurer davantage les morceaux pour qu'ils répondent à la logique d'un CD, notamment sur le plan de la durée, mais cela ne l'empêche pas d'accéder à un état de transe dont elle sait revenir au bon moment. Les titres Djinn ou encore Alouwé en portent les traces. Si le maloya acoustique, à base de percussions, n'est pas un genre a priori facilement accessible, les mélodies simples et efficaces de Christine Salem font sauter les premiers obstacles dès Maloya Zordi. Ceux qui subsistent sont définitivement dynamités lorsque les musiciens, dans leur élan, se laissent aller à augmenter le tempo. Effet imparable.