La Fifa s'est inquiétée de cette question et tout en se montrant assez ferme, contre les interventions visant à politiser son sport, agit pour faire évoluer les règlements et surtout ceux qui « protègent » les arbitres. Christian Bromberger, ethnologue, s'est intéressé en sa qualité d'universitaire, au football, qu'il a nommé «la bagatelle la plus sérieuse du monde». Selon lui, si le football passionne et est devenu une sorte « d'opium des peuples », c'est parce qu'il offre «un monde discutable, et donc vivable». Il s'est élevé contre l'adoption de la vidéo pour aider les arbitres, constatant qu'en « conservant à l'arbitrage ses faiblesses, on préserve l'humanité du jeu ». Cette prise de position a été considérée comme particulièrement discutable, étant donné les spectacles affligeants qu'offrent les joueurs et leurs dirigeants, qui, à chaque coup de sifflet, se précipitent et s'agglutinent autour de l'arbitre. Les uns vocifèrent, les autres se laissent aller à des gesticulations « spectaculaires », toutes faites pour attiser les aspects partisans du public. Un public qui n'attend que ce signal pour se laisser aller, se lâcher et cela va des hurlements aux foyers allumés et aux agressions caractérisées, en passant par les bris de chaises ou le saccage des bus des clubs visiteurs. Il serait malvenu d'affirmer que les autorités compétentes ne prennent aucune décision pour ramener le calme et réinstaurer la discipline sur le terrain et surtout sur les gradins. Mais ces décisions ne vont jamais au bout des choses. Considérant un certain nombre d'intérêts, on escamote souvent le principal et les arbitres deviennent un « outil », un levier pour contrôler les uns et faire plier les autres. De graves accusations directes ont été le fait de personnes ayant de grandes responsabilités au sein des clubs comme dans le secteur de l'arbitrage. Bon nombre sont partis, dégoûtés, pressés vers la sortie par ceux qui n'attendaient que cette décision pour avoir les coudées franches. En pure perte. Les remous provoqués, une fois atténués par des décisions épidermiques, on s'attend à de nouvelles frasques. Les mêmes assauts contre les arbitres et les mêmes bêtises coupables sont au rendez vous, sans qu'il n'y ait de réactions véritablement salutaires de la part de ceux qui sont chargés d'instaurer un minimum d'éthique. Il est rare de voir ces arbitres « vivre » leur match. Les images de referees crispés, nerveux, maladroits, souvent hésitants, donnent l'impression qu'ils subissent un calvaire. Pourtant, les images d'arbitres décontractés, souriants, donnant l'impression d'être de véritables « copains »(ne pas confondre avec familiarité) pour les joueurs nous sont renvoyées par les stations étrangères. Les inquiétudes de la Fifa Un ancien arbitre nous a confié à ce propos : « Les arbitres doivent donner l'impression d'être sereins, plus « dans le jeu », avec une approche psychologique meilleure que chez nos arbitres. Regardez de plus près les matchs en Angleterre : les arbitres sourient, ils sont plus proches des joueurs, ils acceptent plus le dialogue (alors que l'engagement – parfois dangereux – est 100 fois plus fort qu'en Ligue 1 !) » Ces situations ne sont nullement une exclusivité tunisienne. Nous en voyons régulièrement sur les stades étrangers. Il y a même pire, et la seule différence c'est que les décisions qui sont prises sont beaucoup plus rigoureuses et l'application des règlements en vigueur plus incisives. La Fifa s'est inquiétée de cette question et tout en se montrant assez ferme, contre les interventions visant à politiser son sport, agit pour faire évoluer les règlements et surtout ceux qui « protègent » les arbitres. Des commissions ont travaillé pour étudier les bases du mal. Ce mal qui ronge le football et qui risque de saper ses formidables progrès techniques et collectifs. Ce sport a tellement évolué qu'il est devenu un spectacle pour lequel on se prépare et qui s'assimile à un véritable gala. Mais le football, c'est aussi un sport qui a été énormément politisé et qui mobilise d'énormes capitaux. Et qui dit politique et argent dit bombe à retardement qui risque d'exploser à la figure de tous les apprentis sorciers qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Subjugués par le pouvoir, ils perdent de vue les véritables objectifs d'un sport appelé à rassembler et non à attiser de bas instincts. Depuis un bon bout de temps, on entend malheureusement parler de « sudiste » et de « nordiste », et ces tendances sont attisées par ces hommes politiques souvent pressés, qui oublient que le régionalisme est une véritable boîte de pandore qu'il faut absolument éviter d'ouvrir. Nombre de suggestions et de propositions sont actuellement à l'étude. 1-La Fifa plancherait sur les solutions à envisager afin que l'arbitre ne soit plus la cible de toute une équipe en colère après une décision. La plus grande instance du football, qui a d'ores et déjà mis à l'essai l'arbitrage vidéo durant la dernière Coupe du monde des clubs, souhaiterait selon le média anglais que seuls les capitaines d'équipes aient l'autorisation de discuter avec l'arbitre. 2-Interrogé sur la similitude au rugby, qui n'autorise que les capitaines de chaque équipe à discuter avec l'arbitre et vice-versa, l'ancien international néerlandais van Basten s'en félicite. «Je pense que l'on peut apprendre de tous les sports, et que tous les sports peuvent apprendre du football», 3- Marco van Basten, le chef du développement technique de la Fifa a déclaré à propos de la manière dont le comportement des joueurs sur le terrain pouvait être amélioré. «Il y a beaucoup de joueurs qui se plaignent durant les matches», a-t-il déclaré. «Je suis sûr que le comportement des joueurs peut être meilleur», En début de saison, la Football Association (FA) avait introduit de nouvelles règles strictes afin d'améliorer l'image envoyée par les joueurs auprès du public. Il est désormais possible de faire l'objet d'un carton rouge direct en cas de protestation trop virulente d'une décision arbitrale, que ce soit verbale ou physique. Il est certes nécessaire d'imposer le respect incontournable de l'arbitre, et de sanctionner rigoureusement les fauteurs de troubles, en révisant la grille des sanctions (le grand Ronaldo, toute star mondiale qu'il est, a écopé de quatre matchs pour avoir approché de trop près un arbitre), mais les mesures d'accompagnement passent par la mise en place d'un arbitrage digne de ce nom. Nous n'en sommes pas là et c'est là un tout autre problème !