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Ameur Hizem (ex-entraîneur national des années 70) : «Un phénomène qui entrave toute progression...» Dossier : Valse des entraineurs, est- ce toujours la bonne solution ?
Le doyen des entraîneurs tunisiens estime que le changement d'entraîneur au cours de la saison, devenu très fréquent ces dernières années, ne rend aucun service au football tunisien qui ne se porte pas bien actuellement «A quoi bon engager un entraîneur et puis au bout de deux ou trois mauvais résultats le remercier ? Avec quelle logique les dirigeants des clubs conçoivent-ils les choses pour prendre des décisions de limogeage parfois sans fondements ? Savent-ils que la réussite d'un entraîneur et son staff dépend, dans une large mesure, des conditions de travail dont ils disposent et surtout de l'ambiance qui règne au sein du club ? Un tas d'interrogations restées désormais sans solutions adéquates susceptibles d'arrêter ce phénomène devenu monnaie courante ces dernières années dans notre championnat, puisque tous nos clubs, grands ou petits, ont déjà changé leur entraîneur au moins une fois si ce n'est deux ou trois. Vraiment c'est inconcevable, voire aberrant que le technicien tunisien ou étranger soit souvent le bouc émissaire que les dirigeants de nos clubs prennent en premier lieu comme victime expiatoire en cas de mauvais résultats, histoire de calmer les esprits des supporters devenus très exigeants, mais surtout d'espérer créer le déclic psychologique avec l'arrivée d'un nouvel entraîneur. Toutefois, limogé ou démissionnaire, l'entraîneur, notamment tunisien, à mon avis très qualifié, est victime aujourd'hui d'un paysage footballistique devenu agaçant et morose et où les résultats priment sur toute autre chose... Car les dirigeants de nos clubs n'ont jamais pensé à la continuité d'un staff technique qui pourrait, s'il bénéficie de très bonnes conditions de travail, apporter tôt ou tard les résultats escomptés. Regardez en Europe par exemple, un entraîneur est engagé souvent par un long bail, une durée lui permettant de travailler dans la quiétude et la sérénité bien que parfois et notamment au début, les résultats ne suivent pas. Au contraire, il ne sera pas limogé puisqu'il aura tout le soutien du comité, des joueurs et même des spectateurs du club et l'exemple le plus frappant c'est l'entraîneur d'Arsenal, le Français A. Wenger, toujours à son poste depuis des années malgré ses résultats en dents de scie. Donc, à mon avis, c'est une question de mentalité car chez eux on respecte l'entraîneur qui bénéficie, il faut l'avouer, de toutes les conditions favorables pour réussir dans sa mission. De même, la culture de la gagne et de la défaite joue un rôle prépondérant dans le maintien d'un entraîneur dans les pays de l'Hexagone. Ce qui n'est pas le cas en Tunisie où le technicien est souvent à la merci d'une balle sur la transversale ou un penalty raté pour se faire virer. En un mot, si je suis complètement contre le changement d'un entraîneur, je déplore l'attitude de certains jeunes entraîneurs qui partent de leur propre gré, pourtant tout marche très bien dans leur équipe pour la simple et unique raison : aller entraîner un autre club plus huppé, ce qui constitue pour moi une très mauvaise mentalité, dans la mesure où un jeune entraîneur devrait gérer sa carrière pas à pas, pour franchir un palier supérieur. Il ne faut surtout pas brûler les étapes».