Le nombre de professionnels dans le secteur du cuir et la chaussure est passé de 6.000 en 2010 à 2.500 en 2018. Quant aux employés, leur nombre a chuté durant cette même période de 17.000 à 5000. La Fédération nationale du cuir et de la chaussure (Fncc) a tiré la sonnette d'alarme en raison des multiples menaces qui planent sur ce secteur. Lors d'une conférence de presse organisée mercredi 15 août au siège de l'Utica, son président, Wajdi Dhouib, n'est pas allé par quatre chemins pour mettre toute la lumière sur les tenants et les aboutissants d'une crise qui ne fait que durer et dénoncer la grave situation d'un secteur frappé par le marché parallèle et la contrebande, et affaibli par la non-application de la loi. Un secteur gangréné par le marché parallèle Lors d'un CMR tenu l'année dernière, 23 mesures ont été prises en faveur des deux secteurs qui souffrent le plus, à savoir le textile et l'habillement, ainsi que le cuir et la chaussure, mais rien n'a été entrepris à ce jour, confirme le président de Fncc. Le nombre des professionnels dans le secteur du cuir et de la chaussure est passé de 6.000 en 2010 à 2.500 en 2018. Quant aux employés, leur nombre a chuté durant cette même période de 17.000 à 5.000. Une descente aux enfers qui met en exergue les grandes difficultés de ce secteur. Le président de la Fncc a pointé du doigt une concurrence déloyale, une surcharge fiscale, la corruption, la contrebande, un important trafic au niveau de l'importation et l'exportation commandité par des réseaux de contrebande et de blanchiment d'argent. L'impact fut fatal sur certains commerçants qui ont fait faillite. Les plus chanceux n'ont pu échapper à la prison en raison des difficultés financières. « Les banques ne voulaient plus nous prêter de l'argent, on parle de plus en plus d'un secteur sinistré ! ». Des produits contrefaits passent par nos frontières et proviennent de pays voisins et se vendent sur les trottoirs. Les services de contrôle observent le silence et refusent, dans certaines municipalités, de mener des campagnes contre le commerce parallèle. Mais c'est là que le bât blesse, tous leurs efforts sont plutôt concentrés sur les commerçants qui travaillent dans le respect total de la loi. Favoriser le made in Tunisia La contrebande, le marché parallèle et la concurrence déloyale ont beaucoup nui au produit tunisien qui est un produit de grande qualité. La chaussure tunisienne s'exporte bien mais il faut faire attention aux produits contrefaits à ce niveau, a souligné de son côté Khemaïs Mitatou, président de la Chambre nationale des fabricants des chaussures. Il a, dans ce contexte, appelé le gouvernement à appliquer la loi qui interdit l'importation de chaussures en cuir artificiel (skaï). Il a aussi soulevé le problème des contrôles techniques qui font défaut au niveau de l'importation, et a appelé le gouvernent à encourager et favoriser le made in Tunisia, et assainir le marché local des produits contrefaits qui peuvent impacter la santé du citoyen et gangrener l'économie du pays. Friperie, c'est l'anarchie qui règne Mettant en cause l'expansion du marché parallèle de la friperie, le président de la Fncc a fait savoir que ce secteur n'est pas régi aujourd'hui par la loi. C'est l'anarchie totale sur tous les plans. La loi n'autorise que l'importation de dix mille cinq cents tonnes par an et les agréments pour exercer cette activité sont accordés normalement à certains cas sociaux. Toutefois, et en raison de la non-application de la loi, le nombre des commerçants de la friperie a considérablement augmenté et on dépasse de loin le quota autorisé à ce niveau (ce chiffre est estimé entre 300 et 400 mille en 2018). De ce fait, des boutiques dans des quartiers huppés exposent, en toute impunité, des habits usagés importés. On n'est pas contre la friperie, mais contre l'anarchie qui règne dans ce secteur, a commenté Mustapha Abdelhadi, président de la Chambre de la maroquinerie, qui a évoqué,à son tour, les difficultés qui menacent ce secteur mal en point, comme en témoigne le nombre de tanneries qui a lourdement chuté. Il est passé de 20 à 5, selon ses dires. Le président de la Fncc a conclu que le gouvernement ne veut pas protéger le secteur du cuir et de la chaussure et ne fait rien pour appliquer la loi et arrêter les barons de la contrebande dans le pays.