Derrière les revendications du payement des arriérés de salaire des 500 jeunes médecins volontaires recrutés par le ministère de la Santé pour combler les postes vacants dans les CHU, se cache une crise qui dure depuis des mois entre les jeunes praticiens et la tutelle. Même feuilleton, mêmes protagonistes, même dialogue de sourds… Pourtant, cette fois, c'est un nouvel épisode où la revendication principale est très précise : payer les arriérés de salaire des 500 jeunes médecins volontaires recrutés par le ministère de la Santé pour combler les vacations dans les CHU. Pour marquer le coup, ces jeunes praticiens dont les contrats expirent en décembre ont décidé de faire grève. Un face-à-face qui s'éternise C'est ainsi que la tension vient de monter d'un cran entre l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm) et le ministère de la Santé avec cette grève de trois jours dans les hôpitaux où tous les services sont concernés aussi bien pour les consultations de jour que pour les shifts de nuit. C'est l'occasion de réveiller les vieux démons qui se cachent derrière ce face-à-face qui dure depuis des mois alors que le Dr Jed Henchiri, président de l'Otjm, accuse la tutelle de mener une politique d'exclusion contre les jeunes médecins et revendique le payement immédiat de leurs arriérés ainsi que l'engagement de la tutelle à poursuivre le payement des salaires d'une manière régulière. Selon lui, la tutelle doit assumer ses responsabilités, appliquer la loi et respecter ses engagements. Evoquant les anciennes et les nouvelles revendications, l'Otjm avait auparavant lancé un appel aux étudiants et aux externes internes et résidents en médecine pour revendiquer plusieurs points dont certains traînent depuis mars dernier, en l'occurrence le règlement des salaires amputés arbitrairement, l'égalité salariale entre médecins tunisiens et étrangers et l'application du règlement interne concernant les médecins internes et résidents à propos des shifts de nuit et des émoluments des stagiaires en médecine de famille La tutelle, qui a mené une réforme hâtive, aurait dû, par ailleurs, impliquer les organisations d'étudiants en médecine ainsi que les structures syndicales de la profession, à commencer par le Conseil de l'Ordre. La tentation des «déserts médicaux» Les jeunes médecins signent ainsi leur attachement à l'accord signé le 24 mars 2018, surtout à propos de la préservation des droits des étudiants inscrits dans les facultés de médecine et dénoncent l'exclusion de l'Otjm du débat sur la réforme du système des études médicales, appelant à des réunions urgentes pour fignoler un projet consensuel. C'est tout un état d'esprit fait de déceptions et de sentiment d'exclusion qui semble entraîner au moins une partie des jeunes médecins à se tourner vers d'autres cieux plus cléments pour leur carrière. Beaucoup d'entre eux parlent ainsi de se sentir abandonnés par leur propre pays qui semble les pousser à regarder ailleurs, là où il y a beaucoup de «déserts médicaux» prêts à les recruter immédiatement, privant la Tunisie de ces compétences que la communauté nationale a, pourtant, lourdement financé pour former. Car, par-delà, les épisodes de ce feuilleton de dialogue de sourds entre les jeunes praticiens et la tutelle, nous ne pouvons manquer de voir un danger bien plus grand, celui de la fuite des cerveaux.