A l'occasion de la première édition du forum de la mer-Bizerte 2018, une conférence de presse de présentation du forum a eu lieu récemment à Dar Dhiafa Carthage en présence de MM. Neji Jalloul, directeur général de l'Institut tunisien des études stratégiques, et Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie. L'objectif de ce forum est d'instaurer une plateforme de discussion visant le développement d'une économie bleue, solide et durable pour la région méditerranéenne dont dépendra la capacité de conserver notre mer, nos littoraux et nos écosystèmes marins sains. L'écosystème est en danger. La biosphère marine se trouve véritablement menacée par les atteintes constantes faites à l'environnement : pollution de l'air, rejet de matières toxiques (hydrocarbures) et de plastiques dans les océans. La pêche sauvage, pratiquée en violation de la réglementation internationale, ainsi que le pillage des ressources de corail viennent s'ajouter aux pratiques quotidiennes de l'Homme qui cause, parfois sans en être conscient, des dégâts considérables à son environnement. En effet, 1.300 kilomètres de côtes doivent être placés parmi les priorités de la politique de sauvegarde des richesses naturelles du pays car ils sont menacés. Dans le cadre de la Saison Bleue (née en Tunisie d'une initiative de la société civile et partagée par des passionnés et des spécialistes du sujet maritime), un appel à une mobilisation générale pour la protection de notre mer a été lancé. Un geste pour sauver notre mer! Le forum de la mer-Bizerte 2018, rencontres euro-méditerranéennes de l'économie bleue durable, se tiendra les 20 et 21 octobre à l'hôtel Andalucia de Bizerte. Ce forum s'articulera autour de deux journées d'échanges entre experts et de rencontres avec le grand public. De ce fait, Neji Jalloul, directeur général de l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites), a déclaré : «L'Institut tunisien d'études stratégiques a fait émerger, début 2018, une réflexion sur le besoin de doter la Tunisie d'une stratégie maritime nationale afin de mieux maîtriser son espace marin et de renforcer sa présence dans ce domaine au niveau régional et international. Partant du constat que l'économie bleue au sens large ne représente encore que 12% du PIB tunisien, les marges de progression au niveau de la croissance et de la création de nouveaux types d'emplois sont évidentes». Et d'ajouter: «Mais au-delà de la Tunisie, la mer Méditerranée est au centre de nombreuses réflexions quant à la manière de conciier la nécessité d'une croissance économique s'appuyant sur les ressources maritimes et l'impératif de plus en plus pressant de préservation de l'environnement et du littoral». Eponge de Kerkennah, emblème de la Saison Bleue… S'exprimant sur le choix de l'éponge de Kerkennah comme emblème de la Saison Bleue, Néji Jalloul a expliqué, à ce propos, que l'éponge de Kerkennah témoigne de l'histoire d'un des peuples de la mer qui pratiquait dès l'Antiquité la pêche aux éponges au large de Kerkennah et qui a permis à la Tunisie d'être l'un des principaux pays exportateurs d'éponges naturelles au monde. En termes de valeur environnementale, l'éponge incarne par ailleurs un écosystème marin vertueux mais en danger: datant de plus de six cents millions d'années, il est menacé aujourd'hui d'extinction dans plusieurs aires maritimes. Par ailleurs, le choix du pigment bleu est un clin d'œil au grand artiste plasticien français Yves Klein (1928-1962), célèbre pour ses monochromes bleus. Klein utilisait exclusivement des éponges naturelles originaires de Kerkennah enduites de ce pigment. Les «éponges bleues» de Klein sont aujourd'hui des œuvres d'art, présentes dans les plus grands musées et collections au monde. Leur valeur marchande est considérable: un récent relief Eponge bleue datant de 1958 a été vendu par Christie's en mars 2018 pour 3.1 millions de dollars, alors qu'une éponge naturelle de ce format se vend aujourd'hui en Tunisie, à Kerkennah ou à Zarzis, à cinq dinars. «Tournez-vous vers la mer! La mer est comme un enjeu stratégique, comme une source de l'histoire mais aussi d'avenir», a conclu l'ambassadeur de France.