El Menzah, Radès et Zouiten, trois joyaux du sport tunisien, sont, présentement, en repos forcé, travaux de réfection obligent. On ne peut plus admettre cette indisponibilité. Si, pour le moment, le stade d'El Menzah peut abriter des matches, mais avec une capacité d'accueil réduite, cela n'améliore pas l'image pitoyable de nos stades pour un championnat qui se dit «professionnel». Ce stade mythique n'est plus celui que nous avons connu depuis notre enfance et qui abritait les moments les plus intenses de notre football. Il est vidé du public pour des raisons de sécurité (il y a des gradins qui attendent des renforcements) avec maintenant une pelouse inconfortable (même si elle a l'air attrayante pour ceux qui la voient de loin), et reste le seul stade «exploitable» sur le Grand-Tunis. Les stades de Radès et de Zouiten sont hors service pour différentes raisons, mais aucun club engagé en championnat ou en Afrique ne peut disputer des matches sur ces deux stades. Radès est en plein chantier de rénovation et d'entretien du gazon, alors que Zouiten demeure un grand point d'interrogation pour tous les sportifs : pourquoi ce stade mythique, lui aussi, a fermé ses portes devant les clubs et le public tunisiens ? A chaque fois, on nous sort la même explication : des raisons de sécurité. Les gradins sont proches de l'aire du jeu et le public, faute de grillages, peut, selon cette version, envahir le terrain. Deux stades comme El Menzah et Zouiten ne sont pas opérationnels pour le malheur de tout le football tunisien et des clubs du Grand-Tunis, obligés à chaque fois de chercher un stade pour jouer un match de championnat. Cela ne doit pas durer pour préserver le peu de crédibilité dont jouit encore notre football. Pratiquement, tout a été dit sur l'indisponibilité de ces stades avec des raisons qui diffèrent, mais qui produisent le même effet. Et dans tout ce qui a été dit, on décèle plusieurs anomalies dans la gestion de ces sites sportifs. Une gestion qui date de plus de 20 ans et qui n'a jamais planifié une politique d'entretien et de conservation. L'Etat a investi des milliards dans des stades qu'il n'a pas réussi à entretenir durant des années ni à «rentabiliser». Résultat, au moindre pépin, à la moindre indisponibilité, on ne peut plus compter sur ces stades. Délaissés depuis une bonne période, El Menzah et Zouiten perdent de leur valeur et de leur qualité. Economiquement parlant, il serait encore plus onéreux de les entretenir et les remettre en état. La planification... Pour un championnat qui se respecte, compter sur des stades disponibles et bien entretenus est la moindre des choses pour réussir. Sans stades, sans public, il n'y a pas de foot, et il n'y a pas de spectacle. Alors pourquoi en sommes-nous arrivés là? Il faut avouer qu'après 2011, au lieu de réformer les politiques de sport, on a, malheureusement, versé dans l'instabilité. Un défilé de ministres des Sports qui n'ont pas résolu le problème de l'infrastructure sportive. Pourquoi n'a-t-on pas renforcé les gradins d'El Menzah et permis à 20 ou 30 mille spectateurs d'assister aux matches. Pourquoi n'a-t-on pas résolu le problème de l'éclairage? Pourquoi a-t-on laissé le stade de Zouiten délabré et hors service? Si avant 2011, on disait que la «famille régnante» projetait de changer Zouiten en un projet de loisirs, qu'est-ce qui a empêché l'Etat de remettre la main sur ce stade et de le rouvrir de nouveau? Pourquoi n'a-t-on pas planifié les travaux de rénovation et d'entretien depuis le mois d'août, et en fonction du calendrier (le changement de la formule de la Ligue des champions qui se joue sur la saison et non plus sur l'année?). De plus, les dotations publiques pour les stades de football ne sont pas fameuses, alors que beaucoup d'autres ministères ont vu leurs budgets augmenter. Sans Radès, sans El Menzah et sans Zouiten, le football tunisien reste handicapé. D'autres clubs comme le CAB ne peuvent pas jouer chez eux. Vraiment, on ne peut faire pire !