Hier, à Monastir, les fondateurs du nouveau parti de Youssef Chahed ont annoncé la naissance du «Mouvement Tahya Tounès». Slim Azzabi, le coordinateur général du parti en attendant le congrès constitutif en mars prochain, révèle: «Le dernier mot reviendra à nos militants et cadres qui sont porteurs d'une vision et de programmes» Maintenant, c'est officiel : Youssef Chahed, le chef du gouvernement, et ses principaux lieutenants, Slim Azzabi, Mehdi Ben Gharbia, Walid Jalled, Mustapha Ben Ahmed, Leila Chettaoui, Sahbi Ben Frej, Kamel Haj Sassi et les autres, auront leur propre parti. Il sera baptisé «Mouvement Tahyia Tounès» qu'on pourrait traduire par «Vive la Tunisie». Hier, dimanche 27 janvier, la ville de Monastir a vécu une journée particulière à l'occasion du meeting populaire qui a vu Slim Azzabi, le futur président ou secrétaire général du Mouvement Tahya Tounès (on ne sait pas encore si les fondateurs vont choisir la formule secrétaire général ou président du parti lors de la demande officielle de visa), annoncer la naissance de la nouvelle formation politique. «L'objectif de notre parti n'est pas seulement de remporter les élections de fin 2019 mais aussi d'appliquer les programmes et les réformes capables de sauver le pays», devait souligner Slim Azzabi en appelant «toute la famille moderniste et progressiste à se réunir autour du nouveau projet afin de rétablir l'équilibre sur la scène politique nationale». Et la famille moderniste progressiste comprend, selon les fondateurs du Mouvement Tahia Tounès, les dissidents de Nida Tounès, les mécontents de Machrou Tounès, les hésitants d'Afek Tounès, les bourguibistes déçus de Nida Tounès, les rcdistes qui n'ont pas trouvé de place au sein des partis destouriens dont en premier lieu le Parti destourien libre présidés par Abir Moussi, et enfin les indépendants qui ont remporté les élections municipales et qui se sentent proches de la mouvance «Tahya Tounès». Mouvance que Slim Azzabi qualifie de «mélange homogène de la famille bourguibienne, la famille centriste par excellence appelée à se rassembler pour aborder l'opération édification du parti». Et le coordinateur légal du mouvement d'insister : «L'ère des partis fondés sur une personne est à jamais révolue. Le premier et le dernier mot reviendront aux militants de base du parti et à ses cadres. Nos militants sont porteurs d'une vision et d'idées. Ils n'obéiront aux directives ou aux ordres de quiconque». Mustapha Ben Ahmed, le chef du bloc parlementaire de la Coalition nationale qui regroupe près de 50 députés acquis aux idéaux du Mouvement Tahya Tounès, révèle : «Notre projet a pris naissance à partir de la base». Et c'est cette même base qui a été associée au choix de l'appellation du nouveau parti. «Ils ont été, souligne Sabrine Goubantini, 64% parmi les présents hier à Monastir à avoir opté pour l'appellation Mouvement Tahia Tounès au détriment des autres appellations Amel Tounès, Nida Jadid et Nida Al Watan». Le Mouvement se basera, selon Slim Azzabi, sur des principes clairs et transparents: «Non à la médiocrité, oui à l'unité nationale, la nécessité impérieuse pour les compétences de s'intégrer dans la vie politique». Le congrès constitutif en mars prochain Aujourd'hui que les Tunisiens sont édifiés que le Mouvement Tahya Tounès «défendra, comme l'indique Slim Azzabi, l'Etat civil et l'ensemble des droits et des libertés et s'emploiera à rétablir le prestige et l'aura de l'Etat», l'on s'interroge sur les étapes à venir concernant la formation du mouvement, plus particulièrement sur les plans régional et local. On apprend en effet que le congrès constitutif du parti se tiendra au début du mois de mars prochain. Sabrine Goubantini, députée de la Coalition nationale, révèle : «Les détails sur les congrès régionaux et locaux seront annoncés prochainement». Quels rapports le Mouvement Tahya Tounès» entretiendra-t-il avec les autres partis politiques dont en premier lieu Ennahdha que plusieurs observateurs ou analystes présentent comme son soutien n° 1 du fait «du partenariat politique» établi entre le parti islamiste et Youssef Chahed, partenariat qui a permis le maintien de ce dernier à la tête du gouvernement en dépit de l'opposition de Nida Tounès et de l'Ugtt ? Mustapha Ben Ahmed, l'un des concepteurs et fondateurs les plus médiatisés du Mouvement, n'a pas attendu longtemps pour annoncer, de la manière la plus catégorique et la plus ferme : «Nous ne nous allierons jamais avec Ennahdha et d'ajouter : «Notre objectif est la préservation des acquis nationaux, la restructuration et le renforcement du secteur public et l'encouragement de l'initiative privée». Quant à Mohsen Marzouk, SG de Machrou Tounès, qu'on présente aussi comme l'un des soutiens du gouvernement actuel, il a appelé hier «les forces patriotiques à adhérer au nouveau projet du chef du gouvernement» en excluant que son propre parti fusionnera avec le Mouvement Tahya Tounès. Mohsen Marzouk précise, toutefois, que «les leaders du projet politique de Youssef Chahed ont coordonné avec Machrou Tounès à l'occasion des réunions qu'ils ont tenues dans les régions».