Plusieurs entreprises ont choisi de se lancer dans le social en mobilisant des fonds pour les catégories défavorisées et marginalisées. Face Tunisie figure parmi les expériences qui ont réussi en matière d'engagement sociétal dans le domaine entrepreneurial. Ce club d'entreprises vient de se lancer récemment dans un nouveau projet social au profit d'une catégorie vulnérable de la population, à savoir les jeunes sortant de prison confrontés au risque d'être radicalisés. Mme Zahra Benasr, présidente de Face Tunisie, a bien voulu nous en dire plus. Pouvez-vous nous parler de votre association ? Face Tunisie est le premier club d'entreprises hors Europe de la Fondation Face. Son objectif est de favoriser l'engagement social et sociétal des entreprises dans les territoires. Ses activités principales se reposent sur la diversité, l'égalité des chances et l'accompagnement des personnes en difficulté dans les axes prioritaires suivants : l'Emploi, l'Egalité, les Femmes en milieu rural, l'Ecole et la Formation. A travers ses différents projets, Face Tunisie a toujours soutenu l'inclusion sociale et professionnelle des catégories vulnérables. Dans ce contexte, Face Tunisie a lancé depuis mars 2018 son nouveau projet «Appui à l'insertion socioprofessionnelle des jeunes sortant de prison en risque de radicalisation», cofinancé par l'Union Européenne. Quelles sont les difficultés que rencontrent les prisonniers à leur sortie de prison ? Les détenus, faisant partie du tissu social, seront un jour amenés à sortir des prisons. Il est dans l'intérêt de la société qu'ils ne récidivent pas et qu'ils puissent se réinsérer, notamment socialement et professionnellement. Cependant, cette catégorie particulière est en effet confrontée à de multiples problèmes qui affectent son aptitude à devenir une entité respectueuse de la loi, ce qui fait d'elle une bombe à retardement qui peut impacter les situations sécuritaire, sociale et économique du pays. Les premiers freins à leur insertion socioprofessionnelle sont principalement liés au casier judiciaire, à l'image de cette population perçue comme dangereuse, violente et qui n'inspire pas confiance ainsi qu'au niveau intellectuel bas. Quels types d'actions avez-vous organisés au profit de ces derniers ? La réinsertion des jeunes sortant de prison ne se fait pas du jour au lendemain. Elle doit être préparée et accompagnée. Préparée pendant la détention, accompagnée à la sortie. Et, pour éviter qu'il y ait réinsertion, on devrait aussi se préoccuper de l'insertion des jeunes dans la société, avant qu'ils ne dérapent. Le projet Ebni a préparé tout un processus d'intégration sur le volet social et professionnel. Il existe deux phases d'accompagnement, en l'occurrence l'accompagnement dans la prison ou le centre de rééducation (environ deux mois avant la sortie) et l'accompagnement à la sortie de prison ou du centre de rééducation. Plusieurs modules d'insertion socioprofessionnelle seront proposés par les accompagnateurs ou les collaborateurs d'entreprises durant les 5 mois qui suivent la libération. Il y a ce qu'on appelle l'accompagnement professionnel qui consiste à assister les sortants de prison en les familiarisant avec les techniques de recherche d'emploi, en les aidant dans le processus de création d'entreprise et en organisant des simulations d'entretien et des visites d'entreprise. Il y a également l'accompagnement social qui consiste à aider les sortants de prison à trouver un logement, à rétablir les liens avec leur famille tout en les encourageant à s'engager dans le travail associatif. Le processus d'accompagnement inclut également le renforcement des compétences personnelles et l'insertion culturelle et sportive. A quel profil vous êtes-vous intéressés en particulier ? Les bénéficiaires de ce projet seront 200 jeunes (H/F) libérés des prisons et des centres de rééducation dont la tranche d'âge entre 16 et 30 ans se trouvant à Bizerte, Sousse, Béja et au Grand-Tunis. Les régions cibles ont été choisies en fonction de l'existence de centre correctionnel et prison. La sélection de ces jeunes se fera au fur et à mesure avec la Direction générale des prisons et de rééducation (la Dgpr) et les Centres de défense et de l'intégration sociale (les Cdis). Quels sont vos projets futurs ? Fidèle à ses principes, Face Tunisie continuera toujours à croire en l'égalité des chances et l'importance de l'inclusion sociale. Nous continuerons à mettre en œuvre des projets au profit des catégories vulnérables. Parmi nos objectifs futurs : la promotion d'un outil numérique innovant de candidature qui intègre les nouveaux codes de recrutement sur le web. Il a pour but de promouvoir les qualités et compétences formelles et informelles du demandeur d'emploi grâce à une vidéo de 45 secondes, l'appui aux maisons digitales de Bizerte et Takelsa qui visent à renforcer l'employabilité et les projets des jeunes et des femmes rurales des régions défavorisées par des formations en nouvelles technologies, gestion et management, soft skills et communication. Nous apporterons également notre soutien à l'Entrepreneuriat féminin et l'autonomisation économique des femmes rurales dans les régions marginalisées à travers les métiers d'agriculture et d'artisanat.