L'équipe nationale est aujourd'hui en danger. Au point où elle en est, il est vital d'abattre la forteresse de la nullité... Le football est une machine qui devrait avancer non seulement avec les joueurs, mais aussi et surtout dans un environnement sain. En un mot, dans la complicité totale. Beaucoup, notamment ceux qui sont au poste de décision, ne l'imaginent pas sans doute ainsi. Nous espérons qu'ils puissent un jour le comprendre. Mais nous demeurons convaincus qu'il y aura encore et toujours ceux qui n'en saisiront jamais la portée L'on dira que c'est toujours la même histoire avec l'équipe de Tunisie. Au moment où elle donne l'impression de susciter l'espoir, elle s'écroule rapidement, piteusement, pathétiquement. Le problème est bien là: on se trompe de rôle et de vocation. Visiblement, il y en a qui ont du mal à se faire à leurs prérogatives, à ne pas mélanger les pinceaux et à se fondre dans ce qu'ils sont appelés à accomplir. A croire qu'on se complet à le fois dans l'excès et dans la manipulation. La vérité est une et l'erreur est multiple. C'est la première chose qu'on avait découvert de près ou de loin depuis que la sélection avait commencé sa campagne africaine. La conclusion à laquelle on arrive aujourd'hui est que la responsabilité dans l'erreur ne peut être que partagée. Personne n'en est exempt et l'implication est aussi diversifiée à tous les niveaux. Mais si la sélection des terrains s'identifie de plus en plus à la sélection des bureaux, c'est que quelque part le malaise semble dépasser le cadre sportif. Ce n'est pas nouveau et ça ne s'applique pas uniquement à la débâcle en aller et retour contre le Botswana. Depuis un bon moment, on a du mal à faire face aux exigences de l'épreuve africaine. La valeur et la nature de l'effectif actuel imposent plutôt une stratégie, des pensées et des approches qui donnent la priorité à des considérations de jeu mieux adaptées, en tout cas beaucoup plus assumées que ce qu'on veut nous faire comprendre.On se fait souvent le crédit de penser que l'équipe est sur la bonne voie. Plus grave encore : qu'elle a bien dominé son adversaire à Gaborone, que la chance lui avait tourné le dos et qu'elle a finalement payé les déboires de l'inexpérience de ses joueurs!... Mais oserons-nous avouer que les clichés de plus en plus déplacés par rapport à la réalité de l'équipe et de ses véritables besoins ne semblent point disparaître. A vrai dire, ce qui se passe actuellement nous apparaît comme le plus extérieur, sinon le plus étranger à une sélection de football. C'est un peu dommage car à chaque fois qu'on attend la résurrection de l'équipe et de ses hommes, ils retombent dans leurs travers. De quelle expérience parle-t-on? On aurait aimé que Marchand et ses joueurs, que les responsables de la fédération aient le courage d'évoquer, en parlant de la dernière prestation de l'équipe, des aptitudes et de réelles capacités des joueurs pour s'imposer sportivement ? Notre souhait était que l'on parle plus de foot, de terrain et de vérité et moins de clichés et de solutions de facilité qui ne peuvent nullement satisfaire les véritables besoins de l'équipe. Inutile de préciser que ce genre de discours que l'on ne cesse de nous faire avaler profite à tous ceux qui, après l'avoir provoqué, trouvent encore les moyens et les arguments pour conditionner le public et tout l'entourage de la sélection. Ce qui s'est passé à Gaborone n'a rien à voir avec le football et les résultats que l'équipe était censée obtenir. Un petit tour dans le quotidien de l'équipe et surtout dans les arrières du « faire-croire », nous fera découvrir comment certaines pratiques, d'apparence anodines prennent une tournure incontrôlable. D'où l'escamotage du fond par la forme, ou l'occultation du majeur par le mineur !...C'est la contrefaçon qui au lieu de resserrer les rangs met à distance. Elle ne réchauffe pas, elle refroidie. Les masques tombent... Le pire est que l'appréciation de la situation paraît à tous ces hommes juste et normale. Le problème est qu'ils ont raison tout seuls. Dans la mesure où plus personne ne semble les croire, ou encore leur faire confiance et où l'on savait exactement d'avance ce que l'on allait raconter encore une fois, comme on ne s'étonne pas des arguments lancés ici et là. Nous manquons vraiment de mots et plus encore d'alternatives à une situation, un environnement improvisés et clairement défaillants. Au bout de quelques mois, le football tunisien paraît plus démuni que jamais, sans boussole et encore moins de guide. Gérer la désespérance induit tellement de choses que nous ne savons plus trop par quel bout il convient d'empoigner l'affaire. Les mots s'entrechoquent et résonnent dans la caravane qui suit une sélection en total perdition. Le mal est certes fait, mais ceux qui assument la responsabilité de la décadence de l'équipe semblent avoir oublié qu'ils étaient les représentants d'une nation et les dépositaires d'une véritable histoire de sport et de foot. En manquant de respect au maillot et au public, ils ont montré qu'ils n'avaient aucune conscience de l'endroit où ils sont et de la compétition qu'ils disputent. Dans la panade générale, on va maintenant tenter de surnager, mais sûrement avec l'énergie du désespoir qu'avec la clairvoyance et l'autorité d'un ensemble capable vraiment de forcer le respect. Il y a des instances statuaires, alors qu'elles en soient saisies du sujet, qu'elles y réfléchissent. Car il y a beaucoup d'inquiétude sur la façon dont l'équipe nationale est gérée. Aujourd'hui, la sélection est en danger. Au point où elle en est, c'est-à-dire au fond de la fosse, il est vital d'abattre la forteresse de la nullité.