TEHERAN (Reuters) — Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a affirmé hier que la République islamique chiite d'Iran ne voulait que le bien du Liban, où son obligé local, le Hezbollah, est l'adversaire politique principal au sein de son gouvernement d'unité nationale. Au troisième jour de son inattendue visite en Iran, le fils de Rafic Hariri, ancien Premier ministre sunnite assassiné début 2005, a déclaré: «Il ne fait pas de doute que le gouvernement de l'Iran est un gouvernement ami et frère de celui du Liban et qu'il ne souhaite que le bien du Liban». Saâd Hariri, dont la visite à Téhéran avait été précédée le mois dernier par celle - inédite - du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans les fiefs du Hezbollah au Liban, avait souligné dimanche la «grande importance» de l'union entre l'Iran et le monde arabe face aux menaces communes, et assuré que le Liban poursuivrait sa «résistance» face à Israël. Une des raisons de la visite à Téhéran de Hariri, un proche de l'Arabie Saoudite, semblait être d'obtenir de l'Iran qu'il apaise les tensions prévisibles au Liban en cas des probables et imminentes inculpations de membres du Hezbollah par le Tribunal spécial pour le Liban, parrainé par l'ONU, pour l'assassinat de Rafic Hariri. Mais elle coïncide aussi avec la publication par le New York Times d'une salve de télégrammes diplomatiques des ambassades des Etats-Unis dans le monde piratés par le site internet WikiLeaks parmi lesquels on peut relever des propos de Hariri semblant encourager Washington à lancer une frappe préventive pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique. Lors d'une conférence de presse clôturant sa visite de trois jours en Iran, Saad Hariri n'a fait aucune allusion à l'article publié dimanche par le grand quotidien américain, selon lequel le Premier ministre libanais aurait déclaré en 2006: «L'Irak, ce n'était pas nécessaire, mais l'Iran ça l'est». D'après le câble diplomatique confidentiel dévoilé par WikiLeaks, Saad Hariri, qui était à l'époque chef de la majorité parlementaire libanaise, aurait confié à des responsables américains que Washington devait être disposé «à tout faire, si nécessaire», pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire en cas d'échec de efforts diplomatiques pour l'en empêcher. Khamenei «soutient l'indépendance du Liban» Alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne ont récemment obtenu un quatrième train de sanctions contre l'Iran pour le dissuader de poursuivre ses activités nucléaire sensibles, Hariri a affirmé lundi: «Le Liban ne se considérera jamais comme partie prenante à un système international visant à faire pression sur l'Iran». «Nous pensons que l'Iran se réserve le droit de profiter d'une technologie nucléaire à des fins pacifiques. Sur la base de ce principe, nous invitons la communauté internationale à engager des pourparlers avec l'Iran», a-t-il ajouté, lors de sa conférence de presse. Saâd Hariri, proche de l'Arabie Saoudite qui craint la nucléarisation militaire de l'Iran, redoute les conséquences pour la stabilité de son pays des possibles inculpations de membres du Hezbollah par le Tribunal spécial pour le Liban parrainé par l'ONU, pour l'assassinat de son père. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche que les efforts pour éviter une telle déstabilisation déployés par l'Arabie Saoudite et la Syrie étaient en bonne voie et que le temps «commençait à manquer». «Ne perdons pas de temps», a-t-il dit, prévenant que, si les inculpations de membres de son mouvement intervenaient avant un tel accord entre les parrains des factions libanaises, «nous aurons tous perdu la capacité de gérer les conséquences de ces inculpations». L'ayatollah Ali Khamenei, chef spirituel du régime iranien, a reçu hier matin Hariri et l'a encouragé à se rapprocher de Nasrallah, en assurant que Téhéran «soutenait l'unité et l'indépendance libanaises» ainsi que son pluralisme religieux, que «certains» chercheraient à remettre en cause.