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L'aigle cul-de-jatte
Chronique du temps qui passe - Par Hmida Ben Romdhane
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 12 - 2010

On peut dire tout ce qu'on veut des Etats, qu'ils sont des monstres froids, qu'ils n'ont pas d'amis mais seulement des intérêts, qu'ils n'ont pas de sentiments et n'éprouvent pas d'émotion etc. Mais quand l'un d'eux fait face à un désastre naturel, ils deviennent soudain émotifs, sentimentaux, éprouvent un désir irrépressible de se montrer généreux et solidaires, se retroussent les manches et volent pour aider l'Etat-victime, fût-il un ennemi irréductible.
L'incendie biblique qui vient de ravager le mont Carmel, surplombant la ville de Haïfa et la Méditerranée, illustre bien ces observations. Plusieurs Etats n'ont pas perdu de temps pour aider le peuple israélien. Des pays européens, bien sûr, mais aussi la Turquie, l'Egypte, la Jordanie, qui ont oublié les incendies qu'allume épisodiquement et volontairement Israël dans la région, unissant leurs forces et leurs moyens pour venir à bout du plus grand désastre naturel que connaît Israël depuis sa création.
Plusieurs Etats ont aidé le peuple israélien sauf son Etat, l'Etat d'Israël, qui s'est trouvé tétanisé, dans l'incapacité totale de faire quoi que ce soit contre le feu ravageur, sinon appeler le monde au secours. Soudain, le carnassier qui domine le ciel du Moyen-Orient, déclenchant des incendies et semant la destruction où et quand il veut, s'est révélé être un aigle cul-de-jatte incapable de voler assez haut pour éviter de se brûler les ailes.
Ce n'est pas un malheureux hasard qui fait qu'Israël se montre incapable de faire face par ses propres moyens au premier désastre naturel qui le frappe. Cette incapacité n'est pas le résultat d'une fatalité, mais des choix politiques erronés qui font qu'Israël peut aligner aujourd'hui 360 chasseurs ultra sophistiqués F-16 et de nombreux F-15, mais ne dispose pas d'un seul canadair, avion de lutte anti-incendie, dont sont équipés la plupart des pays où le feu de forêt peut se déclencher à n'importe quel moment, accidentellement ou par des pyromanes.
Ne se sentant pas très en sécurité avec ses centaines de bombardiers F-16 et F-15, Israël a commandé aux Américains un nombre indéterminé de chasseurs F-35. Or, pour le prix d'un seul de ces chasseurs, on peut avoir trois canadairs capables chacun d'ingurgiter plusieurs tonnes d'eau avant de prendre de l'altitude et de les déverser sur les feux de forêt.
Certains feux de forêt ne peuvent être éteints autrement que par des canadairs. C'est le cas des feux du mont Carmel dont beaucoup de flancs escarpés et truffés d'arbres sont inatteignables autrement que par ces avions de lutte anti-incendie. Les incendies du mont Carmel n'auraient jamais causé autant de ravages si, par exemple, au lieu d'aligner 360 bombardiers F-16, Israël avait acheté dix de moins et commandé à la place une douzaine d'avions de lutte anti-incendie. Le feu n'aurait probablement pas eu le temps de s'étendre et devenir incontrôlable.
L'erreur fatale d'Israël est d'avoir considéré et de continuer à penser qu'il ne court qu'un seul danger, le danger qui lui vient «du côté des Arabes» avant d'être «amplifié» ces dernières années par «la menace iranienne». C'est cette erreur d'appréciation qui a amené Israël à se surarmer, à développer démesurément sa machine de guerre, négligeant de s'équiper de manière préventive contre toute une panoplie de dangers indépendants de la volonté humaine et qui pourraient frapper à n'importe quel moment n'importe quel pays.
Alors que depuis 1967 les Arabes ne constituaient plus un danger pour Israël, celui-ci a poursuivi depuis une politique qu'on peut qualifier de course solitaire à l'armement qui, au fil des ans, a créé un rapport de forces très déséquilibré en défaveur des pays arabes. C'est ce déséquilibre qui a rendu possible tous les huis-clos sanglants menés impunément depuis des décennies par la puissance de feu israélienne contre les populations civiles palestinienne et libanaise.
Cette accumulation d'armement, en l'absence d'un véritable adversaire militaire, n'a servi qu'à martyriser des populations civiles sans défense. Le sentiment d'invincibilité de l'armée israélienne provient moins de sa capacité que de l'absence d'une force militaire unifiée en mesure de mettre un terme au brigandage des forces israéliennes et à leur appropriation des terres d'autrui.
Outre des sentiments d'invincibilité et de fierté totalement déplacés, les cibles étant des civils sans défense, cette accumulation d'armement a engendré un désastre politique en Israël. En l'absence d'une véritable force coercitive, et grâce à un environnement international complaisant ou, au mieux, indifférent, Israël a acquis la conviction qu'il n'a aucune raison de faire des concessions, ni de négocier sérieusement, ni de respecter la loi internationale, mais toutes les raisons de continuer son expansion et la colonisation de territoires habités, mais dépourvus d'armée pour défendre leur intégrité.
L'impasse dans laquelle s'est fourré Israël est annonciatrice d'un désastre politique, car les erreurs commises durant des décennies ne resteront pas indéfiniment sans conséquence. Il y a nécessairement un prix à payer et un jour ou l'autre il le sera. Et ce jour n'est plus très loin, car l'environnement international est de moins en moins complaisant et de plus en plus enclin à demander des comptes aux dirigeants israéliens.
En attendant, si Israël n'a pas un seul canadair pour éteindre les incendies du mont Carmel, il continue d'accumuler les F-16 et attend les F-35 pour mieux bombarder les populations civiles palestinienne et libanaise. Mais y a-t-il dans ce pays un seul politicien clairvoyant pour expliquer à ses concitoyens que, pour sa sécurité, Israël a besoin bien plus d'avions de lutte anti-incendie que de bombardiers qui sèment la mort et la destruction chez ses voisins et le singularisent comme le pays le plus dangereux pour la paix mondiale?


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