TIRAT CARMEL, Israël (Reuters) — Quatre jours après le déclenchement de l'incendie — présenté comme le pire de l'histoire d'Israël — qui ravage le mont Carmel, dominant la cité portuaire d'Haïfa, le gouvernement israélien était hier sur la sellette pour son incapacité présumée à le circonscrire. Le sinistre a fait 41 morts, détruit des millions d'arbres, sur une surface de 5.000 hectares, ainsi que des dizaines d'habitations. Des personnalités politiques et des experts réclament que des têtes tombent. Une partie de ces critiques émanent de la propre coalition gouvernementale du Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Il faut se demander au niveau national comment un Etat technologiquement aussi avancé en est arrivé à un échec aussi retentissant", a ainsi déclaré le ministre travailliste de la Protection sociale, Yitzhak Herzog. Netanyahu a déployé ce week-end tous les efforts possibles pour obtenir une aide internationale et coordonner les efforts de lutte contre cet incendie monstre qui menace les faubourgs de Haïfa. Aussi les flèches se concentrent-elles surtout sur le ministre de l'Intérieur, Eli Yishaï, dont dépend le corps des pompiers. De nombreuses voix réclament la démission de ce membre du parti ultra-orthodoxe Shas, un partenaire incontournable de l'actuelle coalition, l'accusant d'être responsable de l'état d'impréparation du système de lutte contre les incendies, qui s'est révélé incapable de maîtriser le sinistre du mont Carmel. "Dans un pays normal, après un tel échec, on rentre tout simplement chez soi", a estimé pour sa part Yaron Dekel, animateur d'un forum radiophonique très écouté sur Radio-Israël, mettant en cause Yishaï et le chef des pompiers israéliens. Le Conseil des ministres hebdomadaire a été organisé hier par Netanyahu à Tirat Carmel, une ville située au sud de Haïfa menacée par les flammes. Le Premier ministre s'est engagé à réhabiliter la zone ravagée le plus rapidement possible. Dans le même temps, Netanyahu a ordonné hier un audit public pour évaluer l'état de préparation des pouvoirs publics face à pareil drame. Hier, les efforts pour éteindre le sinistre du mont Carmel se poursuivait avec l'aide des bombardiers d'eau et matériels de lutte anti-incendie dépêchés sur place par une douzaine de pays, dont la Grèce, la Turquie, Chypre, les Etats-Unis et la France, auxquels se sont joints l'Allemagne, la Suisse et l'Azerbaïdjan. Selon Boaz Rakiya, porte-parole des pompiers israéliens, 34 appareils menaient un ballet aérien au-dessus du parc national du mont Carmel où ils commenceraient à contenir l'incendie sans pour autant le maîtriser. Micky Rosenfeld, porte-parole de la police, a déclaré pour sa part que les principaux foyers commençaient à être contrôlés et que les efforts portaient sur les plus petits foyers. Israël a loué aux Etats-Unis un super-bombardier d'eau de type Boeing 747, arrivé à destination hier et capable d'emporter près de 100.000 litres d'eau et de retardateurs de feu. L'aide extérieure provient parfois de régions inattendues comme la Cisjordanie occupée d'où le Président palestinien Mahmoud Abbas a dépêché hier vers la région de Haïfa trois camions de pompiers après avoir eu la veille avec Netanyahu une rare conversation téléphonique. Lors de cet échange amical, indique un communiqué israélien, Abbas lui a exprimé ses condoléances pour les victimes du sinistre — essentiellement des gardiens de prison stagiaires pris au piège par les flammes dans leur car alors qu'ils se ruaient vers la prison de Damon pour en sauver les détenus. Deux adolescents soupçonnés d'avoir déclenché le feu par négligence en n'ayant pas maîtrisé le feu de camp qu'ils avaient allumé ont été interpellés. Un tribunal de Haïfa a décidé hier de les maintenir en détention préventive jusqu'à mercredi.