Personnalité sportive connue pour son intégrité, l'ancien sélectionneur national diagnostique l'état des lieux du sport tunisien, en apportant sa vision quant à l'avenir de ce secteur A l'heure où le pays écrit une nouvelle page de son histoire, quelles sont les insuffisances dans le domaine sportif ? Je vais évoquer un fondamental essentiel pour que le sport tunisien fonctionne convenablement, à savoir l'infrastructure. Il y a un écart considérable entre les quatre grands clubs et les autres équipes. Des clubs comme l'ASM, le CSHL ou encore l'OB, pour ne citer que ceux-là, ne disposent pas de l'infrastructure adéquate pour pouvoir s'entraîner et disputer des matches à domicile. On a beau avancer les chiffres quant au nombre de terrains gazonnés dont on dispose à travers le pays. A titre d'exemple, l'ASM ne dispose que de la pelouse centrale du stade Abdelaziz-Chtioui, pour s' y entraîner et disputer ses matches à domicile. Or, il faut savoir aménager la pelouse centrale pour qu'elle puisse être en bon état le jour du match. A l'image de l'Avenir Sportif de La Marsa, d'autres clubs, comme le CSHL, ne disposent pas d'annexes pour s'entraîner. De surcroît, les responsables de ces clubs sont obligés de déloger les séances d'entraînement, pour pouvoir aménager un tant soit la pelouse centrale. Si on effectue un sondage, on pourra avoir une statistique quant aux besoins réels en matière de terrains gazonnés. Il y a également un grand chantier qu'il faudra attaquer, à savoir le financement de nos associations sportives. Précisément, à ce volet, ne faut-il pas modifier les statuts des clubs pour en faire des sociétés sportives par exemple? Ça pourrait être une solution. Mais avant de commencer à réfléchir sur l'avenir des institutions sportives, il faut que le pays retrouve sa stabilité politique. La réflexion sur le sport ne pourra se faire qu'après la tenue des élections. L'urgence est que l'activité quotidienne reprenne sur le plan national. Les citoyens doivent reprendre le travail en attendant que les horizons politiques s'éclaircissent avec ce que le gouvernement de transition entend apporter comme réponses au peuple tunisien. Mais ne pensez-vous pas que le sport a été trop politisé, au point que le président du club a été carrément un poste politique? Ne faut-il pas dépolitiser le sport? Je suis tout à fait d'accord sur le point qu'on a trop politisé le sport. La nomination des présidents des clubs aux relations étroites avec le gouvernement, avait sa raison financière. Car ces gens étaient les principaux pourvoyeurs. Dépolitiser le sport dans la période à venir sera une bonne chose. Mais il faudra repenser les statuts des clubs, notamment leur gestion. Naturellement, la démocratisation politique se reflétera sur tous les domaines, y compris le sport. Outre l'amélioration de l'infrastructure, notamment en dotant les clubs d'annexes pour les entraînements, il sera impératif que les centres de formation jouent enfin le rôle qu'on leur attribue. Aussi, il faudra revoir les émoluments des joueurs étrangers, aux salaires exorbitants, sans qu'ils apportent le plus escompté au niveau de notre championnat. Quelles sont vos attentes en tant que sportif? Mes attentes sont celles de tous les Tunisiens. A nous de retrouver notre place habituelle sur les scènes africaine et mondiale. Notre destin est de jouer les phases finales de la CAN et de la Coupe du monde. Cela suppose la dotation des clubs tunisiens de statuts et de financement leur permettant de subvenir à leurs besoins, sans occulter leur rôle de clubs formateurs. Nous étions tous contents de la génération que nous avons enfantée, lorsque nous nous sommes dotés de l'équipe nationale cadette qu'a dirigé Maher Kanzari. Après, plus rien. Je suis pour que l'Etat ne s'interfère pas dans la gestion des clubs. Mais il faudra assurer leur autonomie, notamment financière. Si le pays se démocratise, le reste suivra.