Depuis quelques semaines, la ville de Tunis, comme la plupart des villes, se présente comme le lieu où les revendications les plus légitimes sont criées haut et fort. Les manifestants se bousculent dans une parfaite complicité pour réclamer liberté et dignité. Aujourd'hui, et après une brève période marquée par l'insécurité, Tunis renaît au rythme de la vie. Qu'il est rassurant de voir les rues de Tunis grouiller de monde . Qu'il est agréable de constater, aussitôt sorti de chez soi, que les boutiques sont ouvertes, que le commerce reprend son cours, que la société renoue avec ses habitudes citadines, motivée par l'espoir d'un lendemain nouveau. Toutefois, le paysage de la ville de Tunis s'avère empreint d'une tache noire. Cela fait quatre jours que les ordures ménagères n'ont pas été ramassées. Et pour cause: les agents municipaux, chargés de la propreté de la ville observent une grève prolongée qui perdure jusqu'à aujourd'hui. «Ce sont les agents occasionnels qui font la grève pour revendiquer leurs droits. Ces ouvriers ne bénéficient pas de leurs droits. Ils sont des journaliers, donc payés chaque jour de travail. En cas de maladie ou autre cause, ils ne touchent pas leur vacation», indique M. Aïssa Bou Hajja, directeur de la propreté à la municipalité de Tunis. Il y a lieu de noter, et toujours selon les données fournies par le responsable de la propreté, que la municipalité de Tunis compte 1.600 agents occasionnels. Le service de propreté de la ville compte, à lui seul, plus de 1.000 agents occasionnels. Manifestement, la tâche est assurée par des citoyens. Aujourd'hui encore, les agents de propreté ont témoigné leur indignation. Le paysage citadin est désolant: à chaque coin de rue, à chaque intersection, sur la voie du métro et partout ailleurs, des tas de sachets d'ordures jonchent la voie, témoins d'un laisser-aller abusif. «En tant que citoyen, je pense qu'il est temps que le gouvernement se penche enfin sur la question, se montre à l'écoute de ces personnes et régularise leurs situations afin que chacun bénéficie de ses droits», renchérit M. Bou Hajja. Tout argument est inadmissible dans ce cas urgent puisqu'il s'agit d'un problème de la santé publique que l'Etat est tenu de résoudre en tout état de cause. Que faut-il comprendre en effet des propos de ce responsable municipal? tant que les agents ne verront pas leurs situations réglées, nos villes resteront en l'état menacées par le pourrissement urbain et Dieu nous en garde les épidémies! Si les municipalités ne sont pas capables de prendre en charge la situation, le ministère de la santé et l'armée doivent intervenir à ce niveau. La propreté est aussi une sécurité.