L'activité commerciale ne rappelle aucunement les soldes. "La stagnation est importante cette année. Pourtant, les commerçants ont fait un effort." La période des soldes hivernaux devait démarrer le 12 janvier. Sauf qu'en cette date, les Tunisiens n'avaient point l'esprit aux courses. Bon nombre d'entre eux ont accouru à l'épicier du coin. La Révolution populaire a chamboulé la vie des Tunisiens. C'est plus de deux semaines après que les boutiques ont affiché les remises allant de 30 à 50%. Il est 11h30 lundi dernier. Cela fait trois jours que les soldes ont commencé. Des boutiques de prêt-à-porter pour hommes, pour femmes et pour enfants affichent des remises jusqu'à 60%. Le consommateur ne semble pas être séduit pour autant. Au centre commercial " Le Palmarium", le mouvement est quasi ordinaire: ni bousculades ni queues interminable. Amira Ben Brahem est gérante dans une boutique de vêtements pour femmes. Elle met aussitôt le doigt sur le problème: "Cette année, les soldes démarrent assez mal. La Révolution a chamboulé la vie de tout le monde. D'autant qu'à défaut de publicité, certains ne sont même pas au courant que les soldes ont commencé. Les saisons précédentes, les clients faisaient la queue. Maintenant, rien de rien. D'ailleurs, nous nous réjouissons à la seule venue de chaque cliente". Une stagnation La situation est compréhensible pour certains commerçants. Nouri, gérant d'une boutique de prêt-à-porter pour hommes, compatit à la situation financière de bon nombre de consommateurs. " Certains ont des dettes, d'autres n'ont pas encore reçu leurs salaires. Mais, à mon avis, ce qui dissuade le plus les Tunisiens de faire du shopping c'est l'insécurité au centre-ville de Tunis", précise notre interlocuteur. Il se rappelle, qu'en période normale, sa boutique grouillait de clients. Yahia Bahri, gérant d'une boutique de marque féminine, s'est réjoui quelque peu pour l'activité au centre commercial le 29 janvier, à savoir le premier jour des soldes. Sauf qu'il a déchanté quelques jours plus tard. "Les gens craignent l'insécurité. Les manifestations renouvelées et les réactions déplacées des agents de police sèment la peur. Les gens préfèrent donc éviter la foule de peur d'être mêlés à des accrochages", indique Yahia. L'activité commerciale ne rappelle aucunement les soldes. Quelques clients sillonnent les étages. Certains sont tentés, d'autres non. Hanen Aâkaychi est étudiante. Elle fait du lèche-vitrine. Pour elle, les soldes d'hiver 2011 sont atypiques. " Bien que beaucoup attendent impatiemment les soldes, les choses sont nettement différentes des années passées. Je trouve, en outre, que les remises ne sont pas vraiment convaincantes surtout pour les vêtements de qualité qui restent chers", indique-t-elle. Maroua Rahmani, elle, n'est pas de cet avis. Cette étudiante âgée de 21 ans s'est déplacée au centre-ville spécialement en raison des soldes. "La stagnation est importante cette année. Pourtant, les commerçants ont, d'emblée, fait un effort. D'habitude, les remises durant la première partie des soldes sont minimes. Cette année, on a passé à 50% de réduction dès les premiers jours, ce qui constitue une occasion à ne pas rater pour bon nombre de Tunisiens", fait remarquer Maroua. Et d'ajouter qu'outre les prix promotionnels allèchants, le client est quasiment certain de trouver toutes les tailles et pointures. " D'autant plus que j'ai remarqué que des remises sont valables pour les nouvelles collections". Des remises de 20 à 50%. "En effet, ceux qui misent sur la qualité des produits proposés tout comme ceux qui misent sur la quantité ont recours aux soldes, et ce, afin d'élever le taux de ventes jusque-là au statu quo. Dans la boutique de marque, gérée par Yahia, des gilets, des pulls et des jupes nouvelle collection sont liquidés avec 60% de réduction. Quant à Nouri qui n'a pourtant pas de nouvelles collections, il procède par des remises de 20 à 50%. " Pour ce qui me concerne, je vise le gain par la quantité de vente car mes prix sont toujours abordables. Pour ce qui est des articles soldés à 50%,ce sont essentiellement des blousons, dont le prix initial était de 75dt", souligne Nouri. Pour Emna, élève âgée de 17 printemps, soldes ne riment pas forcément avec obligation d'achat. " Je me promenais avec ma copine et j'ai eu l'idée d'entrer pour faire du lèche-vitrine. La baisse des prix m'a semblé interessante. D'ailleurs, j'ai repéré un article de prêt-à-porter que je compte acheter. Il est vendu avec une remise de 30%", nous confie-t-elle. Il est clair que la situation ne tire pas vers l'enthousiasme. Mais la dynamique économique et sociale ne peut être atteinte sans un effort supplémentaire de la part de tous en défiant l'anxiété chez bon nombre de Tunisiens encore choqués par la mutation historique.