ATHENES (Reuters) — Des heurts ont éclaté entre policiers et jeunes manifestants radicaux hier à Athènes à l'occasion de la seconde journée de grève générale en deux semaines contre le plan d'austérité du gouvernement grec. Une cinquantaine d'anarchistes, leurs visages dissimulés par des cagoules noires, ont jeté sur les policiers des bouts de bois et des morceaux de marbre provenant des escaliers du siège de la Banque de Grèce. Les policiers ont riposté à coups de gaz lacrymogènes. Les jeunes protestataires ont également lancé des cocktails Molotov, brisé des vitrines et incendié des poubelles, mais les violences d'hier n'ont pas atteint l'ampleur des émeutes de 2008 qui avaient paralysé la capitale grecque plusieurs jours durant après la mort d'un adolescent tué par la police. "Brûlons le Parlement !", scandaient le groupe de jeunes gens cagoulés en agitant des drapeaux rouges ou noirs. Une quinzaine de protestataires ont été arrêtés et deux policiers blessés, a-t-on appris de source autorisée. En dehors de ces incidents, circonscrits, quelque 23.000 personnes ont défilé pacifiquement dans les rues de la capitale pour protester contre la cure d'austérité que le gouvernement grec impose au pays pour le sortir de la crise financière. Les rues de la capitale ont retenti de roulements de tambour et de slogans hurlés dans des porte-voix comme : "Pas de sacrifice pour les riches !" et "Où est passé l'argent ?". Organisée par des syndicats représentant la moitié des cinq millions d'actifs du pays, la grève générale d'hier a cloué au sol les avions, maintenu à quai les navires et interrompu les transports publics, tandis qu'écoles, hôpitaux et musées sont restés portes closes. Les employés de banque, pompiers, fonctionnaires du fisc et certains policiers étaient en grève, de même que les journalistes, dont le mouvement a entraîné la suppression des bulletins d'information à la radio et à la télévision. Les autorités et les syndicats ont fourni des estimations très divergentes de la mobilisation. Selon le ministère de l'Intérieur, 15% des fonctionnaires étaient en grève, mais, d'après les syndicats, plus de 65% d'entre eux ont cessé le travail. "Pas la faute du gouvernement" La participation aux défilés dans les rues d'Athènes a été légèrement plus forte que lors de la précédente journée de grève, le 24 mars, mais elle n'a pas été massive au regard des critères locaux. "Les gens comprennent que nous traversons des difficultés", en a conclu un haut responsable gouvernemental. Il est peu probable que cette grève entame la volonté du Premier ministre socialiste George Papandréou d'assainir les finances publiques par le biais de mesures sévères de restriction budgétaire. "Les manifestants ont le droit de manifester, mais cette crise, ce n'est pas la faute du gouvernement", a déclaré à Washington le chef du gouvernement. Sous la pression des marchés et de l'Union européenne, le gouvernement grec a présenté une nouvelle vague de mesures d'austérité incluant un gel des retraites, des baisses de salaires et une hausse de la TVA pour tenter de résorber son déficit. L'objectif des autorités est de dégager 4,8 milliards d'euros. Les dirigeants européens, les agences de notation et les marchés financiers ont salué ce dernier volet de mesures mais souhaitent les voir s'appliquer rapidement et sans accrocs. Alors que le soutien de l'opinion est nécessaire pour la mise en œuvre du plan, des sondages dénotent une opposition grandissante au gouvernement.