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Le philosophe, l'épouse et le puissant ministre
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 02 - 2011


Par Mezri HADDAD*
Le «philosophe», c'est Youssef Seddik. L'épouse, c'est la sienne, Saïda Charfeddine. Le puissant ministre, c'est Abdelwahab Abdallah. Un trio diabolique qui n'a rien perdu de son insolence et de sa capacité de nuisance.
J'ai lu ta tribune haineuse et calomnieuse. Comme c'est bas, comme c'est laid ! Toi le «philosophe», tu me fais penser à Socrate, dans sa laideur physique légendaire et non point dans sa beauté morale, inégalable. Ce que tu as écrit est tout simplement abject. J'en suis affligé, pas par le contenu de ta tribune mais parce que je suis obligé de te répondre ici et maintenant, moi qui ai pris la décision, il y a une semaine, de me taire pour me consacrer exclusivement à la rédaction de mon livre de témoignage et de mon essai sur Bourguiba. C'est pour cette raison du reste que je n'ai pas voulu répondre à l'article d'un certain Mohamed Habib Lemdani, publié dans La Presse du 21 février.
Comme beaucoup d'autres Tunisiens, j'avais déjà regardé ta piètre et pitoyable prestation à la télévision tunisienne, pestiférant contre un gouvernement de «l'étranger», composé «à moitié de francs-maçons». Ceux que tu as ainsi qualifiés sont tous des hommes honorables et estimables à la compétence desquels tu n'arrives pas à la cheville. Ce que tu n'as pas dit ce soir-là, ce qui explique ta hargne contre eux, c'est qu'ils sont dans le gouvernement intérimaire et que tu n'y es pas. Déjà, tu n'as pas supporté une Moufida Tlatli à la Culture, pas plus qu'un Ezzedine Bechaouch. Tu as réitéré ta haine dans ta tribune en parlant du «statut excessivement ambigu du Premier ministre, la composition de son gouvernement (!), les opposants alibis qui s'y trouvent, le passé du président provisoire de la République…». Dans cette posture du procureur et du révolutionnaire de la 25e heure, tu n'as épargné personne. Ils ne te répondront pas car ils ont un sens de la morale que tu ne connais point. Je ne vais pas le faire à leur place; je me contente seulement de répondre aux attaques personnelles par lesquelles tu m'as visé : mes articles «fielleux» dans Libération et Le Monde «contre le pouvoir», ma «villa somptueuse à Nabeul», mon «terrain à bâtir sur un site rare».
A chaque article «fielleux», c'était la crise diplomatique entre la France et la Tunisie. Tout le monde s'en souvient et ce n'est pas moi qui le dis aujourd'hui mais les rapports de RSF à l'époque. Ces articles «fielleux», j'en avais payé un lourd tribut : onze longues années d'exil, des coups bas en France, un frère jeté à la prison de Sousse, mes vieux parents menacés de se retrouver dans la rue sous le prétexte que la petite maison qu'ils occupent depuis les années 50 appartient à des Italiens…Es-tu capable, Monsieur le procureur, de sortir une seule ligne contre ce régime que je combattais ? Bien sûr que non et pour cause.
A cette époque et jusqu'au 14 janvier 2011, tu faisais preuve de lâcheté et de platitude. Pire, à l'époque où je subissais, avec une poignée d'amis, les foudres de Ben Ali, tu étais abonné aux réceptions de l'ambassade de Tunisie en France, citadelle où ton épouse Saïda faisait la pluie et le beau temps. A cette époque, tu étais entre Paris et Tunis, plus exactement entre ta propriété de la banlieue parisienne et le palais de Carthage, là où ton ami intime Abdelwahab Abdallah te recevait avec tous les égards dus à ton rang de «grand intellectuel au service de la Tunisie». C'est ce même titre et c'est ce même Raspoutine, qui faisait chanter les journalistes et terrorisait les intellectuels, qui t'ont valu une bien glorieuse décoration des propres mains de Ben Ali. Tu le sais bien mais les Tunisiens ne savent pas que «l'agent du régime» que je suis n'a jamais eu droit à la moindre décoration, pas même celle du «mérite culturel» !
Monsieur le procureur, qui a recruté, depuis «l'ère nouvelle», ton épouse à l'ambassade si ce n'est Abdelwahab Abdallah, que j'ai surnommé Raspoutine. Sous les instructions de qui ton épouse a intégré le bureau de l'Alecso auprès de l'Unesco en 2001, si ce n'est l'omnipuissant Abdelwahab Abdallah, mon ennemi d'hier et d'aujourd'hui et votre ami de toujours. Quel est le salaire de ton épouse qui t'a suggéré cet article odieux en te désignant les cibles (Mezri Haddad, Naoufel Ziadi, Ridha Mellouli), après avoir balancé Mohamed Aziz Ben Achour au Canard Enchaîné au sujet du terrain classé par l'Unesco et situé à Carthage ? Près de 4.000 euros.
Savez-vous, peuple tunisien, combien je touchais en tant qu'ambassadeur de Tunisie à l'Unesco ? 3.900 euros ! Connaissez-vous la grille des salaires des ambassadeurs à l'Unesco ? Le mieux payé, un ambassadeur du Moyen-Orient: 27.000 euros. Le moins payé, un ambassadeur africain : 7.600 euros.
Venons-en maintenant au second «crime» : mon «terrain à bâtir sur un site rare». Attention, il s'agit là d'un vrai scoop. En mai 2000, sachant que je n'ai strictement aucun bien, Ben Ali en personne m'a en effet proposé de m'inscrire sur la liste des futurs propriétaires dans ce lotissement baptisé «Les jardins de Carthage». La liste des acquéreurs de terrains sur ce site, qui était en effet classé par l'Unesco patrimoine mondial, est connue puisqu'elle a été diffusée sur internet il y a quelques semaines. Je n'y suis pas. Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce que le fils d'ouvrier que je suis a refusé ce très généreux cadeau. Je crois, Monsieur le procureur, que vous confondez les affaires et les dossiers. Vous faites sûrement allusion au terrain que j'ai acheté (et pas au dinar symbolique !) à l'AFH en 2003 et qui est situé à Gammarth-Village. Pour y construire, enfin, un chez-moi, j'ai demandé un crédit dont le montant m'a à peine servi à jeter les fondations et à lever quatre murs. Fin 2004, sans argent, j'ai compris qu'il fallait vendre son âme pour m'arracher à la classe sociale qui est la mienne et habiter une villa semblable à celles de mes voisins. J'ai préféré vendre cette construction en chantier que je n'ai pas eu les moyens de finir. Endetté auprès des banques et d'amis, j'ai dû en effet vendre et m'en aller. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, Monsieur le procureur.
La «villa somptueuse à Nabeul» ! Mes dettes remboursées, je me suis dit qu'avec le petit pécule qui me restait, je vais pouvoir trouver le logement de mes rêves. Plus je m'éloignais de Tunis, plus les possibilités de trouver quelque chose à la mesure de mes petits moyens étaient grandes. C'est ainsi que je me suis trouvé dans une zone agricole pas loin de Nabeul, en effet. Une très modeste maison que j'ai restaurée avec mes propres mains car, voyez-vous Monsieur le procureur, je n'ai pas été initié à la franc-maçonnerie mais à la maçonnerie tout court. En France, j'ai durement exercé ce métier pour faire des études et résister au régime de Ben Ali dont ton épouse, agent de l'ambassade, servait la famille à chaque passage de celle-ci à Paris. Ultime révélation : cette «villa somptueuse», je n'ai pas fini de la payer jusqu'à ce jour et c'est le seul bien que je possède à l'instar des 80% de Tunisiens propriétaires de leurs logements !
C'est pour toutes ces raisons et pour bien d'autres que je vais taire ici, que je veux être le premier à m'inscrire volontairement sur la liste des accusés, ceux dont la Commission anticorruption se chargera. Candidat à cette liste, pas du tout aux législatives ni aux présidentielles, nonobstant le MNB que j'ai lancé, avec mes amis, pour dissuader les procureurs et les révolutionnaires de votre acabit de juger à titre posthume l'incomparable Bourguiba. C'est une occasion pour dire à mes vaillants détracteurs, bourguibistes aujourd'hui, «mutistes» hier, que je ne compte pas faire du MNB un parti politique mais un mouvement intellectuel et idéologique.
C'est Shakespeare qui écrivait : «Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperas pas à la calomnie».
* Philosophe et ex-ambassadeur de Tunisie à l'Unesco


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