Je fais cette déclaration ultime après laquelle j'ai décidé d'observer le silence, sauf si je me trouve dans la situation de me défendre. Je m'en vais écrire les ouvrages que j'ai promis à l'opinion publique avant juin prochain et qui sont bien plus importants que les règlements de comptes actuels, la chasse aux sorcières et les tentatives irresponsables et suicidaires de faire tomber un gouvernement patriotique, intègre et compétent dont la seule mission consiste à assurer pacifiquement la transition démocratique en préservant les acquis de la Tunisie. D'abord, mes compatriotes doivent savoir que je n'occupe le poste d'ambassadeur de la Tunisie auprès de l'UNESCO que depuis seulement 13 mois ; que le jour même de ma nomination malgré l'opposition radicale de Abdelwahab Abdallah, j'avais le choix entre ce poste et celui de ministre de la Culture. J'ai choisi l'UNESCO pour rendre à la Tunisie son rayonnement culturel au sein de cette illustre Organisation onusienne qui n'a plus eu d'ambassadeur permanent tunisien depuis 1996 ! Oui, c'est à moi et à moi seul que reviens le mérite d'avoir tout fait, depuis 2002, pour que la Tunisie retrouve pleinement sa place au sein de l'UNESCO. Ensuite, mes compatriotes doivent savoir que je suis le seul responsable qui a eu la conscience de démissionner avant la chute de Ben Ali, à un moment où personne, ni Tunisiens ni étrangers, ne s'attendaient à un écroulement aussi rapide. Ce faisant, j'ai pris personnellement les risques que nul ne peut ignorer et aussi en mettant en danger la vie des miens en Tunisie. Je n'en tire aucune gloire, je le rappelle seulement. Comme je rappelle qu'après 11 longues années d'exil et d'opposition, j'ai continué de l'intérieur du système, malgré la hargne et la haine des faucons, à plaider pour des réformes démocratiques, suivant en cela une stratégie que d'autres ont essayé avant moi, notamment les défunts Dali Jazy et Mohamed Charfi. Par ailleurs, contrairement à la mauvaise foi manifeste de certains, l'expression " hordes fanatisées " que l'on m'a reproché ne visait ni les chômeurs qui se sont exposés aux balles, ni même les vaillants révolutionnaires derrière leurs claviers, mais exclusivement les casseurs, les pilleurs et les brûleurs qui se sont attaqués aux biens publics et privés et dont on sait maintenant par qui ils étaient manipulés. Enfin, je n'ai accepté de lancer, avec de nombreux amis en Tunisie et en France, le Mouvement Néo Bourguibiste que pour dissuader les nouveaux Robespierre de juger la Républiques et ses serviteurs depuis 1957, y compris, à titre posthume, Habib Bourguiba. Avec mes amis, il était parfaitement entendu dès le départ que le MNB ne sera pas un parti politique mais un mouvement intellectuel et idéologique. Maintenant que beaucoup se découvrent une vocation bourguibienne et l'affichent publiquement, j'estime que le MNB a suffisamment atteint son but pour s'auto-dissoudre. Ainsi, ceux qui ont dépensé tant d'énergie et d'argent à s'acharner contre moi vont pouvoir se rendre plus utile au pays, mieux vaut tard que jamais. Et à ce pays, je souhaite la démocratie dans le civisme, la liberté dans le respect des lois et la sécurité, la prospérité économique dans la justice sociale. Mezri HADDAD,