L'avenue Habib-Bourguiba, cœur de la capitale, a été de nouveau le centre de rassemblement des masses de manifestants qui ont convergé hier par milliers vers la place de la Kasbah où un gigantesque sit-in de jeunes et de moins jeunes continue à exiger la chute du gouvernement provisoire. Des groupes de jeunes élèves et étudiants, des représentants de la société civile, d'organisations et structures nationales professionnelles et sociales ont afflué des rues et artères donnant sur l'avenue Bourguiba avant de prendre la direction de la Kasbah. Les manifestants ont brandi des banderoles appelant à "la mise en place d'une Assemblée constituante", "la dissolution des Chambres des députés et des conseillers", "la suspension et la reconstitution des trois commissions nationales" et "l'instauration d'un régime parlementaire". Les marches animées par des milliers de manifestants de toutes les catégories sociales, d'âge et de profession, rassemblent les différentes sensibilités politiques et idéologiques ainsi que les structures socioéconomiques. Les jeunes manifestants ont réaffirmé, à leur passage par les souks de la Médina, leur "détermination à rejoindre les autres protestataires et à ne plus quitter le lieu du sit-in jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications légitimes du peuple". Un autre groupe de jeunes a mis l'accent sur "le caractère pacifique des manifestations" et leur "engagement à respecter la loi et l'ordre public", affirmant qu'une "commission chargée d'encadrer les marches de protestation" a été mise en place afin de canaliser et diriger les masses de manifestants. Les agents de sécurité et les forces anti-émeutes ont été déployés tout au long du parcours des manifestants de l'avenue Habib-Bourguiba dans les artères avoisinantes et les ruelles de la Médina jusqu'à la place de la Kasbah, épicentre du sit-in. Les manifestants ont brandi sur cette place des banderoles soutenant "la prestigieuse révolution du peuple libyen" et appelant à la protection "les frères libyens de l'oppression du régime et des mercenaires" et "le jugement des auteurs d'atrocités commises contre les femmes et les enfants". Slogans multicolores Des dizaines de milliers de manifestants ont submergé la place de la Kasbah à Tunis et les artères environnantes, à l'appel des participants au sit-in de la place du gouvernement pour une manifestation massive et une journée de colère. A travers les banderoles brandies et les slogans scandés, les manifestants appellent, en particulier au "départ du Premier ministre", à la "dissolution du gouvernement provisoire, de la Chambre des députés et de la Chambre des conseillers" et à la "création d'une Assemblée constituante" pour instituer "un régime parlementaire". Ils appellent, en outre, à "la constitution d'un gouvernement de salut national", à assainir "les établissements, les organisations, les associations et les syndicats des membres impliqués dans la corruption", "le report de la satisfaction des revendications sociales" et "la promulgation d'un nouveau Code de la presse et d'une nouvelle loi électorale". Les manifestants revendiquent, également, la proclamation d'une amnistie législative générale, la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique et le jugement équitable des symboles de l'ancien régime. Les agents de l'ordre et les unités de l'armée nationale ont préféré changer leurs positions et se sont retirés aux abords de l'avenue du 9-Avril, se contentant de surveiller ce rassemblement populaire pacifique. Une tente du Croissant-Rouge tunisien a été dressée par la même occasion. La manifestation se déroulait selon une préparation judicieuse et une bonne organisation, avec une tente pour la cellule d'information du sit-in qui diffuse, sur Facebook, les informations sur le rassemblement, critiquant l'état de la couverture du sit-in par les médias nationaux.