Lors de leur réunion avec le ministre, les présidents de club ont vu petit… Nos présidents de club sont, selon toute vraisemblance, en retard d'une révolution. Et ils le resteront encore pour un bon bout de temps s'ils continuent à ignorer les véritables enjeux du football et les grands principes véhiculés par la révolution… Loin de nous l'idée ou l'intention de faire un discours moraliste, mais force est de constater que le changement, le vrai, tarde à gagner le monde du ballon rond. A croire que le seul problème qui se pose, aujourd'hui, à nos clubs est uniquement d'ordre financier. Or, ce n'est pas vrai et ce ne sont pas deux mois d'arrêt de compétition qui vont mener nos clubs au gouffre. Le gouffre, ils y sont depuis un bon bout de temps pour cause de politiques sportives aberrantes. Lesquelles politiques ont engendré une situation financière calamiteuse. Aujourd'hui, ces mêmes présidents répètent en chœur qu'ils n'en peuvent plus et qu'ils sont sur le point de mettre la clé sous la porte. Soit, mais disent-ils toute la vérité ? Les problèmes, les vrais, sont ailleurs… Nous savons que les présidents de la Ligue I se sont réunis à deux reprises pour tirer la sonnette d'alarme financière et pour essayer de trouver une solution à la situation créée par la révolution. La troisième les a réunis avec le ministre et a donné lieu à de profondes divisions. Quatre d'entre eux seulement étaient pour la reprise de la compétition pour neuf qui étaient contre. Mais il n'y avait pas que cela. Certains étaient pour le huis clos (ceux qui se déplaçaient) alors que d'autres (ceux qui recevaient) étaient contre. Mais tous étaient pour exiger de l'argent du ministère et tous étaient unanimes pour demander avec insistance leur retour sur le… banc. Chassez le naturel, il revient au galop! Mais procédons par ordre. Il n'y a pas que le football qui a été financièrement touché par les effets de la révolution. Et ceux qui en ont saisi la véritable portée ont exigé des autres et d'eux-mêmes une seule chose : le retour au travail. Nous aurions de ce fait aimé que les présidents des clubs insistent sur le retour à la compétition et non pas sur le chantage financier qui les «convaincrait» d'accepter un tel état de fait. Dans leur réunion entre eux et avec le ministre, nous aurions aussi et surtout aimé qu'ils parlent de formation, de jeunes, de mettre fin à la folie dépensière des recrutements, de l'inflation des salaires des joueurs et des entraîneurs, d'infrastructure, de bonne infrastructure, de bonne gestion et de bien d'autres choses dont ils sont directement responsables et pas uniquement de la nécessité de leur débloquer de l'argent et une place sur le banc. Des clubs de Ligue II qui recrutent 17 ou 18 joueurs à l'intersaison (Kasserine et Msaken entre autres), un entraîneur d'un grand club qui n'a encore rien gagné et dont les émoluments tournent autour des 30 mille dinars et un sélectionneur national qui allait toucher dans les 50 mille dinars (sans parler des étrangers)… voilà ce qui a mis à mal les trésoreries de nos clubs et non pas les deux mois de repos forcé de notre compétition nationale. Et si nous sommes d'accord pour que le ministère, Promosport aux pratiques occultes, et la TV pillée par Cactus consentent un effort exceptionnel, nous sommes en parallèle en droit d'exiger de la part de présidents et de comités directeurs non élus des comptes sur la gestion financière et sportive de leurs clubs. Présidents, comités, fédérations et comité olympique, le renouveau et la moralisation de notre sport passent par-là. Nous ne renoncerons jamais à cette exigence !