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Plus de deux mois ont passé. Qu'a-t-on vu de neuf ?
OPINIONS - Mémoire collective (suite et fin)


Par Habib KALTOUM*
Tout peuple qui se révolte est un peuple qui marche vers le meilleur. Un avenir plus ouvert, une vie plus épanouie… La révolution, nous Tunisiens, nous l'avons faite. Le monde entier en est témoin. Elle nous a grandis, nous a unis, et nous a emplis tous d'une fierté jamais ressentie. Deux mois ont passé depuis. La raison commande maintenant de redescendre de notre petit nuage, et regarder de face les réalités qui s'imposent à nous. Les jours passant, beaucoup de gens du Sud, moi le premier, pouvaient légitimement espérer qu'un nouveau jour allait se lever. Que le système établi jusqu'ici allait s'abolir et que les pratiques détestables d'hier étaient vouées à disparaître. Les espoirs suscités par la révolution sont tels qu'il ne peut en être autrement ! Il n'a pourtant pas fallu attendre longtemps pour voir apparaître quelques signes qui n'incitent pas à l'optimisme, tendant même à confirmer, déjà, que la gouvernance par le mépris semble avoir de beaux jours encore devant elle ! Il est ainsi, entre autres, si révélateur que pas un de tous ces ministres qui se succèdent n'a daigné jusqu'à ce jour «descendre» jeter un œil sur ce Sud meurtri, encore et toujours en mal de consolation. Un rien pourtant, quelques paroles, une poignée de main, adressés à ceux-là qui ont offert ce qu'ils ont de plus précieux, leurs enfants, pour notre liberté à tous, aurait aidé sans doute à apaiser les esprits et faire taire quelque peu les rancunes enfouies et les tensions qui persistent ces jours-ci. Décidément, le Sud est toujours si loin ! Et il est toujours si fatigant d'y aller !
Les révoltés de la 25e heure
A la question posée ci-dessus, et sans trop hésiter, je suis donc tenté de répondre par : Rien. Tout au plus, je veux bien le concéder, y a-t-il eu une parole qui s'est libérée. Et c'est déjà ça ! La peur s'en allant, les langues longtemps entravées se mettent à se délier. Autour des tables de cafés, au coin de chaque rue, on se fait plaisir à s'exprimer et à se confesser. Dire tout ce que l'on ne pouvait pas dire… On hurle même dans les mégaphones. On s'égosille à dénoncer pêle-mêle toutes les injustices du monde et expurger tous les malaises refoulés… De la parlote à tout-va ! Encore et encore de la parlote… Et l'on se sent tous comme un devoir national de participer à l'élaboration de ce monde nouveau que l'on s'imagine plus juste, plus beau. Chacun y allant de la constitution de son comité de sauvegarde de quelque chose ! Beaucoup se sont même mis en tête de s'ériger en «défenseurs de la révolution», sans que l'on sache au juste quelle révolution entendent-ils défendre, ni de quelle autorité avaient-ils tiré une telle légitimité de représentation ? La révolution paraît être une affaire si rentable que même les vendeurs de lessive s'y mettent ! On rit tellement ces jours-ci, à entendre tout et n'importe quoi, que l'on finit certaines fois par en pleurer ! Une multitude de têtes que l'on voit parader partout, et qui ne sont pourtant pas toutes si nouvelles. Il y a du déjà vu chez eux ! Du réchauffé, à peine rehaussé avec de la sauce du patriotisme retrouvé ! Tout en eux les trahit, les postures adoptées comme le discours qu'ils tiennent. Et il va falloir du courage et de la mémoire au petit peuple pour ne pas se laisser berner. Démêler le faux du vrai. Débusquer parmi ce nœud de frelons prétendant à l'investiture, tous ceux, et ils sont bien plus nombreux qu'on ne le pense, qui dressaient hier encore des lauriers à Ben Ali et ne ménageaient par leur effort pour plaire à la diabolique Leïla ! Il me brûle ainsi de connaître quelques menus détails concernant l'emploi du temps de bon nombre de ces gens-là durant les heures et les jours de terreur qu'a connus notre chère patrie. Où étaient-ils seulement ? Et que faisaient-ils au juste ? Il n'est sans doute pas hasardeux de parier qu'ils n'ont fait que suivre la révolution assis dans leurs salons, encore une fois, à regarder leurs chaînes de télévision favorites. Tout au plus, pour étayer leur fanfaronnade, peuvent-ils faire valoir quelques clichés de photos prises parmi la foule de l'avenue Bourguiba, le lendemain de la libération, et alors que le dictateur, parti la veille, entamait déjà son pèlerinage à Ryadh ! Les Français appellent ceux-là «les révoltés de la 25e heure». Ceux qui se montrent quand tout est déjà fini ! Une fois que le sang a séché, que les cadavres sont enterrés et que les banquets sont dressés ! Ces gens-là sont de la même argile que ceux qui ont sévi le lendemain de la décolonisation ! La même classe de politiciens racoleurs. Les mêmes tronches de bureaucrates, aux attitudes mesquines, rompus à l'exercice du retournement de veste ! Et je ne parlerai même pas de ces autres vieillards, à la santé et à l'élocution toutes deux chancelantes, et que l'on a ressortis de la naphtaline, à quatre-vingts ans passés, pour venir parler à la jeunesse des facebookers !
La démocratie : un processus civilisationnel
La démocratie, nous devons tous en convenir, ne peut aucunement se décréter d'un trait de plume. Elle ne peut non plus prendre pleinement forme du jour au lendemain. Il s'agit là d'un processus «civilisationnel», lent et long, impliquant un profond changement dans les mentalités comme dans les pratiques, et devant faire appel à des institutions aptes à le conduire. On ne peut raisonnablement exiger tout, tout de suite ! Je conçois ainsi, sans mal, qu'une certaine indulgence doit être de mise au regard de l'exceptionnalité des événements survenus. Cela dit, il est de cet idéal même que toute révolution naissante incarne, et à défaut de fournir des réponses immédiates à des situations anciennes et complexes, que de commencer déjà par lancer des signes qui redonnent de l'espoir à un peuple longtemps opprimé et qui se meurt d'envie d'exercer sa liberté, et lui dessiner les contours d'un «destin nouveau». Le Sud, j'y reviens, a longtemps pâti d'une politique de mise à l'écart et d'oubli.
Un tel schéma ne peut perdurer. Et il est impératif, au vu de la nouvelle donne, de repenser aujourd'hui notre mode de gouvernance et réfléchir à un nouveau contrat national (Mouahada wataniya). Lequel contrat doit redéfinir les bases d'une citoyenneté nouvelle, incluant tout à la fois un partage plus équitable des richesses et un rééquilibrage des centres du pouvoir en Tunisie. La jeunesse s'est massivement et énergiquement soulevée pour le réclamer. Cette même jeunesse s'impatiente de voir, ne serait-ce qu'une ébauche, un changement effectif qui la réconcilie avec la politique et lui rouvre des portes d'espoir. Elle ne se résoudra certainement pas à accepter qu'on rétablisse un ordre jugé injuste en vigueur jusqu'ici, ni même à ce qu'on lui présente des semblants de remèdes qui n'amélioreront en rien son quotidien. Cette révolution est d'abord la leur, et on ne la leur volera pas ! Il y a dans le pays des patriotes honnêtes et intègres, parmi lesquels, contrairement au passé, des élites cultivées, sans doute parmi ce que la Tunisie a formé de meilleur ces dernières décennies, et qui n'entendent pas rester muettes. Ceux qui en doutent se trompent. Et si certains sont aujourd'hui tentés de reprendre les mêmes bonnes vieilles pratiques, croyant pouvoir piper les dés comme ils en sont coutumiers, et pour finir par décider à notre place et nous imposer une énième fois encore leur diktat, je ne les conseille pas de poursuivre dans ce chemin ! Qu'ils se ravisent vite. Tout indique que les choses ne se dérouleront pas comme autrefois. Plus rien ne se passera selon le même schéma qu'il y a cinquante ans. Les hommes et les femmes du Sud sont là. Bien décidés cette fois-ci à se battre et à faire entendre leur voix. La Tunisie nouvelle ne se bâtira pas sans eux, ni à leurs dépens… Qu'on se le dise : la révolution est loin d'être finie !


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