Le président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, a donné hier après-midi une conférence de presse au siège de la Délégation de l'Union européenne. Auparavant, il avait eu des entretiens avec notamment le président de la République intérimaire et le Premier ministre ainsi qu'avec des représentants de la société civile et, précisera-t-il, le président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique… «J'éprouve beaucoup de confiance à l'égard de la transition démocratique en Tunisie, dira le président de la Commission européenne en guise d'introduction… Ce qui peut se passer ici a une importance cruciale pour le monde arabe et pour le monde tout court…» M. Barroso a évoqué le «partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée» et a fait part de la disposition de l'Europe à être aux côtés de la Tunisie dans son effort en vue de consacrer la liberté, mais aussi la justice sociale. La question de l'immigration «irrégulière» devait cependant occuper une place importante sous l'insistance des questions posées par les journalistes. M. Barroso a fait valoir à ce sujet que l'immigration illégale ne pouvait pas constituer une base en vue d'un partenariat que l'Europe avait la volonté d'élargir et de renforcer : «L'immigration illégale est associée à toutes sortes de réseaux, dont certains qui sont criminels…» De plus, dira-t-il, il est dans l'intérêt de la Tunisie que les jeunes, qui ont reçu une formation, profitent au développement économique et social de leur pays. Bien entendu, ce thème a été discuté par les responsables tunisiens : «Nous avons demandé à nos amis tunisiens d'éviter que se produisent ces afflux qui constituent un problème.» Pour le président de la Commission européenne, la résolution de ce problème «est essentielle pour développer les rapports de partenariat». Mais il rappelle qu'il a toujours plaidé pour une politique d'immigration commune, légale celle-là, et que le Traité de Lisbonne le permet… Bien sûr, cela dépend des bonnes dispositions des pays membres ! Entre-temps, la demande a été formulée aux autorités tunisiennes de prendre leurs responsabilités par rapport aux immigrés qui sont en situation irrégulière, arguant que c'est «une perte pour le pays» et que «cette voie n'est pas la bonne». La voie qui est la bonne, suggère M. Barroso, est celle du développement des échanges économiques. Il évoque à ce propos l'ouverture du marché européen à de nouveaux produits, l'augmentation de l'aide directe (de 140 millions d'euros) ainsi que celle du crédit. L'idée est aussi d'encourager les investisseurs européens à ne pas attendre davantage pour s'engager, le climat du pays ne justifiant pas cet excès de prudence. Idem pour le tourisme, qui souffre : «Ce n'est pas justifié !»… La stabilité dont jouit désormais la Tunisie, fera-t-il remarquer, n'est pas tributaire d'une dictature, qui peut chuter du jour au lendemain : elle s'appuie désormais sur la démocratie et, à ce titre, elle est plus durable. Enfin, le président de la Commission européenne a indiqué que, même si ce n'est pas pour demain, il était possible de commencer à travailler en vue d'un espace euroméditerranéen intégré et que la Tunisie serait, de ce point de vue, à l'avant-garde.