Ils se déchirent, étalent leur linge sale en public, règlent les comptes déficitaires d'un arbitrage gravement malade et irrémédiablement atteint. Tel un fruit pourri… Ça n'en finit pas et cela commence même à devenir indécent : toutes ces histoires qui volent bien bas n'intéressent plus grand- monde. En tout cas, pas le football de l'après-révolution que nous voudrions plus propre, plus transparent. Les règlements de comptes, les attaques frontales, le dénigrement, les déchirements et ressentiments entre vieux ennemis jurés donnent la plus triste image d'un secteur qui a un besoin urgent d'un coup de balai salvateur, et d'une reprise en main ferme. Ulcérés par tout ce manège autour d'affaires qui n'honorent point la corporation, certains observateurs en appellent même à lever à la figure des tristes personnages de ce spectacle tragi-comique le fameux slogan dans l'air du temps qui passe aujourd'hui, pour un mot d'ordre «intégral» et sans demi-mesure, l'impitoyable «Dégage !». Avant-hier soir, la guéguerre entre Rachid Ben Khédija, chargé de la formation et du recyclage au sein de la direction nationale d'arbitrage (DNA), et Allala Malki, ancien arbitre international, et commissaire de rencontres, a repris de plus belle sur les ondes d'une radio privée. En direct, chacun des deux «belligérants» intervenants dans un coin — ou plutôt dans sa «tranchée» — au bout du fil pour nous débiter les arguments «réchauffés» des notes de l'arbitre Makram Laggam, des raisons de son exclusion temporaire et d'un «vol présumé» des documents comprenant ces fameuses notes auprès de Naceur Kraïem, responsable au sein de la DNA. Le ver est dans le fruit N'y a-t-il vraiment que cette affaire à la James Bond qui mérite l'intérêt de la famille arbitrale ? N'y a-t-il aussi que l'ego de ces protagonistes, se livrant à de ridicules querelles de chiffonniers, à intéresser le secteur et à résoudre les mille et un problèmes en suspens que traînent les hommes en noir depuis la nuit des temps ? Bien avant de partir, le désormais ancien président de la fédération, M. Ali Hafsi Jeddi, avait fait la paix avec l'arbitre Makram Laggam. Dès son installation à la succession de M. Hafsi à la barre de l'exécutif fédéral, M. Anouar Haddad a fumé le calumet de la paix avec M. Younès Selmi, président de la DNA. Les deux personnages traînent pourtant un sévère contentieux sur le thème d'un présumé interventionnisme intempestif et à tout bout de champ de l'ancien vice-président de l'organe fédéral dans le domaine de compétence de M. Selmi. Tous les malentendus : litiges, contentieux et querelles possibles et imaginables ont vécu. Sauf le conflit de bas étage qui perdure entre les deux protagonistes d'une Guerre de cent ans dont l'un ne trouve pas mieux que de se fendre d'une sentence sans équivoque quant à ses sous-entendus : «Je m'appelle Rachid Ben Khédija et je ne dois rien ni à Slim Chiboub ni à Abdelhamid Slama», a-t-il conclu cet édifiant et enrichissant débat byzantin ! Tout cela occulte, bien entendu, les mille et une misères qu'endure toujours un secteur sinistré : la recrudescence de la violence et des agressions à l'encontre des referee, une image de plus en plus ternie véhiculée autour de cet acteur central de la vie du football et accentuée par certaines gestions de rencontres. La dernière étant le «folklore» du dernier OBéja-ASMarsa qui ne fait que décrédibiliser un peu plus la corporation, les retards de paiement des indemnités d'arbitrage. Il y a également, en corollaire, le peu de cas dont témoigne la Confédération africaine de football (CAF) à désigner des arbitres tunisiens pour ses différentes compétitions. Tous ces soucis récurrents, et bien d'autres, nos tenaces belligérants s'en fichent comme d'une guigne. Il est temps d'arrêter les frais. Les arbitres en premier lieu, mais aussi tous les jeunes qui ont tranché dans le vif en initiant et en conduisant une révolution citée en modèle partout dans le monde doivent au vrai trouver ces querelles de clocher sur fond d'«autopromotion» relevant de l'âge de pierre. Et tout à la fois procéder d'un inintelligible sens du bénévolat et traduire un grave déficit éthique. ------------------------------------------------------------------------ Des mesures disciplinaires attendues Face aux nouvelles dimensions prises par la polémique qui enfle et par cette «guéguerre» stérile, le département de tutelle hausse le ton. Il a invité hier le bureau de M. Anouar Haddad à prendre les sanctions qui s'imposent à l'endroit des deux tristes héros du feuilleton en cours, en sorte d'y mettre un terme. Il aurait peut-être été plus simple et plus salutaire que le ministère de la Jeunesse et des Sports décrète lui-même les mesures disciplinaires attendues.