"Promenades mentales", tel était le titre de l'ouvrage, paru récemment, qui était présenté lundi dernier, au club culturel Tahar-Haddad dans la Médina de Tunis. Un public d'intellectuels s'est rendu à ce débat du livre de Jamila Ben Mustapha, maîtrisarde en philosophie et en psychologie, actuellement maître de conférences en littérature française. S'inspirant des aspects et des détails de la vie quotidienne de chacun de nous, l'auteure a essayé d'aborder des thématiques profondes d'ordre philosophique, psychologique et littéraire pour critiquer certains fléaux sociaux, alliant de la sorte le " je " intime et autobiographique dans l'essai et la morale. A la manière de la Bruyère dans ses "Caractères", l'écrivaine présente des petites anecdotes porteuses de messages, qui cultivent le doute dans le but d'installer chez le lecteur un climat d'incertitude et de le pousser réfléchir, à se poser des questions et à s'arrêter sur des détails qui concernent notre quotidien. Des textes courts, des fragments constitués de petits paragraphes, à la manière de "fragments d'un discours amoureux" de Barthes, caractérisent cet ouvrage et le classent parmi les écrits philosophiques, où l'on pose un regard personnel sur un même vécu commun et collectif. En effet, des thèmes humains qui portent sur le social, le psychologique, le philosophique, l'artistique et l'esthétique traversent le livre et en font une critique générale des maux sociaux qui rongent le monde arabe. Les chapitres de cet ouvrage s'achèvent par un volet intitulé "fragments", sous forme de passages titrés, abordant plusieurs sujets présentés d'une façon synthétique, ainsi qu'un avis personnel de l'auteur, dans un style libre, privilégiant la précision et l'exactitude par l'usage d'une langue simple qui relève un contenu profond. Les intervenants, composés essentiellement d'hommes et de femmes de lettres, ont apprécié la simplicité et la beauté de ce livre, tout comme la profondeur du contenu, le qualifiant d'essai non prétentieux, caractérisé par une écriture particulière, à travers une narration subjective mais qui débouche sur l'Universel, grâce à un "je" des plus modestes. Jamila Ben Mustapha a associé ses acquis et ses connaissances philosophiques, psychologiques et littéraires pour présenter une œuvre fort intéressante et composite, où l'on remarque un certain télescopage entre différents genres, le romanesque, le poétique, l'essai….Ancrée dans la réalité, l'auteure nous offre, par le biais d'une "morale", un regard omniprésent qui nous invite à réfléchir, à communiquer et à interpeller l'Autre. La rencontre s'est achevée par la lecture de quelques passages-phares de l'ouvrage par Hatem Bouriel.