De notre envoyée spéciale Samira DAMI Grand hommage à l'as des as, Jean-Paul Belmondo Devinez autour de quoi tournent, entre deux films, les conversations des festivaliers à Cannes ?Autour de l'affaire DSK, bien évidemment. Mais qu'on se rassure, les films, on en parle aussi après la fin de chaque séance de projection. Et ça discute ferme d'autant plus que le film plaît ou mieux séduit. Et c'est le cas de Le Havre, le dernier-né du grand Aki Kaurismäki, programmé en compétition officielle. Ce film social traite de la crise économique et politique et surtout morale causée par la question non résolue des réfugiés. Dans un style surréaliste, le réalisateur finlandais filme la rencontre entre un ex-écrivain, bohème renommé, qui s'est volontairement exilé au Havre, et Idrissa, un enfant noir africain, immigré clandestin qui tente de rejoindre sa mère à Londres. Devenu cireur de chaussures, Marcel a le sentiment d'être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante entre sa femme, son travail et le bistrot du quartier. Mais la rencontre avec Idrissa l'amènera à affronter la mécanique aveugle d'un Etat de droit occidental représenté par l'étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon réfugié. L'auteur-réalisateur de l'inimitable L'homme sans passé filme un quartier et des personnages pétris de bons sentiments dont la fraternité et la solidarité, tant ils se mettent tous au service d'une mission : «Sauver l'enfant Idrissa». Du coup, le spectateur se trouve face à un conte de fées ruisselant d'optimisme et reflétant cette foi en l'humain qui traverse le film de bout en bout. Kaurismäki serait-il devenu optimiste ? Tout dans le film porte à le croire, la compassion, la générosité, la solidarité des habitants de ce quartier populaire de la ville portuaire du Havre le prouvent fortement. Puisque même le commissaire de police s'avère un tendre et offrira sa complicité à tous ces gens du peuple qui unissent leurs efforts pour sauver cet enfant perdu et sans repères. Malgré la dure réalité de la crise économique, le film bruisse d'humour et d'émotions. Dans le plus pur style de Kaurismäki tels ces plans larges et froids, malgré la chaleur des personnages, le film cite quelque peu des grands noms du cinéma français comme Marcel Carné, Bresson, Tati et René Clair. Porté par des acteurs en pleine possession de leur art, notamment André Wilms (Marcel Marx, le personnage principal) et Jean-Pierre Darroussin (le commissaire Monet). Dans le rôle de l'enfant Idrissa, Blondin Miguel est d'une justesse remarquable. Bref, si Kaurismäki traite de ce sujet grave, sur un ton pétillant et léger, c'est pour capter davantage et conscientiser les publics à ce problème épineux d'une actualité brûlante. Le Havre est jusqu'ici le film le plus intéressant de cette compétition du 64e Festival de Cannes. Belmondo itinéraire Maintenant, place à l'hommage rendu à un grand acteur du cinéma français hier, à la salle Debussy, et qui n'est autre que l'as des as: Jean-Paul Belmondo. Sous le crépitement des flashes, les spots des caméras et les applaudissements de la grande foule massée aux abords des marches de la salle, une pléiade de protagonistes du cinéma français, Claudia Cardinale, J. C. Lellouche, J.P. Marielle, Richard Anconina, Jean Rochefort et tant d'autres, même Sami Naceri, qui annonce, ainsi, son retour, sont venus partager avec l'acteur ce moment. Au menu : Belmondo itinéraire…, de Vincent Perrot, un documentaire qui se focalise sur le parcours hyper-riche de celui qui a incarné tant de films d'action dont l'inénarrable et inoubliable Borsalino aux côtés d'Alain Delon. «Je suis très heureux… J'adore Cannes…», a lancé Belmondo, aux bras de sa jeune femme, des hauts des marches. Et quand on se remémore les débuts de cet immense acteur, notamment dans A bout de souffle, de Jean-Luc Godard, l'on se dit que, quelque part, la boucle est bouclée. Les grandes carrières s'achèvent toujours par les honneurs.