De notre envoyée spéciale Samira DAMI • Projection officielle hier de Plus jamais peur : un accueil ému et chaleureux La rencontre entre les producteurs tunisiens et des responsables du Centre national du cinéma (CNC) français s'est déroulée mardi dernier au «Café des Palmes». Un grand nombre de producteurs tunisiens, jeunes et moins jeunes, ont assisté à cette réunion, tandis que du côté français étaient présents M. Eric Garandeau, président du CNC et M. Frédéric Azria, directeur des affaires juridiques. Trois points importants ont été soulevés : le premier concernant la contribution du CNC français à la mise en place juridique et financière du CNC tunisien, le deuxième concerne la relance du parc cinématographique et la reconsolidation, donc, des salles de cinéma. Enfin, le troisième point se focalise sur les accords de coproduction en favorisant la politique des quotas dans la distribution des films tunisiens en France. Le débat s'est déroulé autour des mesures urgentes concernant la production. Des experts français se déplaceront en Tunisie, fin juin, pour étudier le dossier et discuter avec les producteurs tunisiens de l'accord-cadre de coopération franco-tunisien. Sachant que le Fonds sud de financement pour le cinéma disparaîtra en janvier, c'est le Fonds des cinémas du monde qui le remplacera avec un budget plus important qui, de 2,6 millions d'euros, passera à 6 millions d'euros. Mais aux professionnels tunisiens de faire preuve de réalisme, d'efficacité et de créativité afin de convaincre les décideurs français. Projection officielle de Plus jamais peur Le film-documentaire de Mourad Ben Cheikh, produit par Habib Attia (Cinétéléfilms), a été projeté hier à 17h00, à la salle du Soixantième devant une salle comble et a, comble du bonheur, suscité un accueil très chaleureux du public ému qui l'a fortement applaudi. Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, l'a présenté en termes élogieux soulignant que «le film de 1h34 revient sur les événements du 14 janvier et de la chute de Ben Ali, dont on ne connaît pas tous les détails. Le film concourt à la Caméra d'or dont le jury est présidé par le cinéaste coréen Bong Joon-Ho. Nous sommes ravis d'avoir ce film dans la sélection officielle en hommage à la révolution tunisienne. Quelque chose a changé dans le monde ces derniers mois et ce regard particulier du réalisateur Mourad Ben Cheikh nous apprend beaucoup sur ce qui s'est passé en Tunisie». Après la présentation de l'équipe du film, le réalisateur a dédié le film à une personne qu'il n'a pas connue et qui, avant de mourir, a dit «Je ne partirai pas avant qu'il ne parte» (Ndlr : Ben Ali). Je suis redevable à cette personne qui m'a donné la force de faire ce film». Le producteur, Habib Attia a, lui, déclaré : «Je suis heureux que les sélectionneurs et organisateurs du Festival de Cannes aient été sensibles à ce film que je dédie à mon père, Ahmed Bahaeddine Attia (producteur)». Les protagonistes du film portaient des tee-shirt rouges sur lesquels on pouvait lire : «No more fear» (Plus jamais peur). Tous étaient enfin soulagés après ce fantastique accueil, les applaudissements et les félicitations d'une assistance très émue. Il est vrai que Plus jamais peur, convainc et émeut par le propos et la forme en patchwork narrant les moments forts de la révolution tunisienne.